Le Roman de Renard
Maurice Genevoix

Le Roman de Renard

Paris, Editions Vialetay, (24 mars) 1958, pour le texte, (9 février) 1959, pour les gravures.
2 vol. (290 x 380 mm) de 253 p. (pagination continue). En feuilles, sous chemise et étui éditeur.

 

Édition originale illustrée des bois de Paul Jouve, gravés par Jacques Beltrand d’après les dessins de l’artiste.

Un des 25 exemplaires réservés aux collaborateurs, celui-ci marqué « exemplaire d’artiste » sur papier du Moulin Richard de Bas, signé par Genevoix, Jouve et Beltrand et enrichi de deux suites.

De ces exemplaires réservés aux collaborateurs, nous connaissons celui de Paul Jouve, relié par Georges Cretté, pour le collectionneur Francis Kettaneh, qui l’a acquis auprès de l’artiste en 1962. Ce précieux exemplaire, enrichi des dessins originaux, est passé en vente en 2009 chez Christie’s (27 novembre 2009, n° 141) et n’est plus réapparu depuis.

Notre exemplaire est donc probablement destiné à Jacques Beltrand, conservé par Maurice Genevoix, qui l’a détenu depuis lors dans sa bibliothèque de la maison des Vernelles, dans le Loiret.

Il est enrichi de la suite en noir, de la suite en couleurs et de la suite de décomposition des planches doubles ; il est signé par Genevoix, Jouve et Beltrand.

L’édition du Roman de Renard illustrée par Paul Jouve et adaptée par Maurice Genevoix constitue une oeuvre à la croisée de la tradition littéraire médiévale, de l’art animalier moderne et du grand livre illustré bibliophilique français du XXe siècle. Genevoix, écrivain de la nature et des êtres vivants, a toujours porté un regard empathique et poétique sur le monde animal, comme en témoignent Raboliot, La Dernière harde ou L’Hirondelle qui fit le printemps. Le choix de revisiter Le Roman de Renart – chef-d’oeuvre de la satire médiévale – s’inscrit dans cette continuité : Renart, rusé, libre et irrévérencieux, incarne une figure de résistance à l’ordre imposé, que Genevoix admire.

Le texte est adapté en français moderne, comme un prélude à La Forêt perdue qui sera publiée dix ans plus tard et qui aura également pour scène le Moyen Âge : ce roman initiatique constitue un ouvrage-clé de son oeuvre, où la mort apparaît comme un thème de plus en plus présent. Il s’en est expliqué peu de temps avant sa mort, évoquant l’expérience de la mort durant la Première Guerre mondiale : « J’ai eu l’instinct de la chasse, très fort, très vif […], mais je sais depuis […] que l’ombre de la mort dans l’oeil d’une perdrix tuée, c’est exactement la même chose ».

Le choix de Paul Jouve comme illustrateur n’est pas un hasard mais une évidence esthétique et morale : le peintre est alors le plus grand artiste animalier de son temps, connu pour ses représentations vibrantes de fauves, singes, chevaux. Il livre ici une riche illustration de 53 compositions en couleurs gravées sur bois par Jacques, Camille et Georges Beltrand, et de 33 grandes initiales gravées sur bois, fruit d’un travail de plus de dix ans, entrepris dès 1941 et alors qu’il n’a aucun éditeur pour le suivre dans ce monumental projet. Ce sont le bibliophile Jules Exbrayat et l’éditeur Jacques Vialetay qui seront à l’origine de cette édition et de sa commercialisation, et qui feront appel à Maurice Genevoix pour l’établissement du texte.

Jules Exbrayat, président de la Société des Bibliophiles franco-suisses, n’aura malheureusement pas le bonheur de voir l’édition réalisée : il décède en 1958, quelques semaines avant l’impression du livre, qui lui sera dédié.

Ce sera l’un des derniers ouvrages de Paul Jouve et l’un de ses chefs-d’oeuvre.

De la bibliothèque de Maurice Genevoix, aux « Vernelles » (ex-libris).

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