Paris, Charpentier, 1888.
1 vol. (120 x 180 mm) de [2] f., 310 p. et 10 p. de catalogue. Bradel veau gris, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, premier plat orné d’un décor estampé à froid, couvertures et dos conservés, chemise à rabats, étui bordé (reliure signée de Buer – Drevet).
Édition originale.
Un des 250 exemplaires sur hollande (n° 177) – après 25 sur japon.
Exemplaire enrichi de 29 compositions en couleurs par Henry Varade : 14 dessins à la plume en noir et or en fin de chapitre et 15 miniatures aquarellées en tête de chapitre.
Montée en tête, dessin en sanguine, signé, qui a servi à la plaque estampée du décor de la reliure.
La reliure a été établie vers 1920 dans l’atelier du 58 rue Sala (qui fut par la suite l’atelier bien connu de Patrice Goy et Carine Vilaine | Atelier Moura).
Elle est ornée d’un singulier décor de Joannès Drevet, peintre et graveur lyonnais, issu d’une lignée de graveurs renommés, composé en estampant directement le cuir. L’on a répertorié seulement quatre autres reliures signées de son association avec E. Buer – toutes avec des décors estampés -, en majorité pour des exemplaires uniques enrichis d’aquarelles dont Henry Varade fut, dans les années 1920, l’un des meilleurs représentants.
Varade donna également plusieurs éditions illustrées de renom, dont celle pour l’Ile au trésor de R. L. Stevenson.
Quant au texte de Zola, c’est le seizième titre du cycle des Rougon-Macquart : « je voudrais faire un livre qu’on n’attende pas de moi », méditait son auteur. L’époque était aux envolées mystiques et à la piété sulpicienne. Le naturalisme de Zola se trouva donc supplanté par ce que l’histoire littéraire appellera la « réaction idéaliste ».
En composant son roman dans cette veine, l’auteur devait en surprendre plus d’un. Quand le livre fut mis en vente, le 15 octobre 1888, s’éleva parmi la critique la voix acerbe de Jules Lemaître qui résume assez bien ce qu’il avait d’imprévu (n’est-ce-pas là ce que l’auteur voulait ?) et de manqué : « Ceci est un conte bleu, tout ce qu’il y a de bleu. (…) Seulement il fallait l’écrire comme un conte bleu. Oserai-je dire que ce n’est pas précisément ce qu’a fait M. Emile Zola (…) Lisez Le Rêve, et vous verrez que ce conte ingénu sue l’impureté (parfaitement ! Et que cette histoire irréelle est écrite dans le même style opaque et puissamment matériel et avec les mêmes procédés de composition et de développement que la Terre ou l’Assommoir. L’effet est ahurissant ». Et pour finir l’éreintement, « l’auteur a bien tenu à marquer que ce conte bleu est un épisode de l’histoire des Rougon-Macquart. Il s’est cru obligé de rattacher sa petite vierge à cette horrible famille par quelque lien de parenté (…) ».
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