Paris, Grasset, coll. « Pour mon plaisir », (23 février) 1932.
1 vol. (170 x 215 mm) de 311 p., [3] et 1 f. Maroquin noir orné d’un grand décor mosaïqué en forme de disque avec imposant jeux de filets dorés et à froid réhaussé aux angles et au centre de maroquin crème, dos à nerfs orné à l’identique, titre doré, contreplats à encadrement avec jeu de filets dorés et à froid, doubles gardes de moire grise et papier à décor, tranches dorées sur témoin, couverture et dos conservés, chemise et étui (reliure signée de Pierre Legrain & Jacques Anthoine-Legrain).
Édition originale.
Un des 25 exemplaires réimposés sur Montval, celui-ci parmi les 5 hors commerce (n° V).
Ils ne sont précédés que par neuf exemplaires sur japon.
« Écrire, c’est se livrer » confiait François Mauriac. Son oeuvre, une confession ? D’après ses écrits, la réponse semble affirmative : « J’avais la passion (…) des conversations des grandes personnes, rien ne m’intéressait autant que de me faire oublier dans un coin et d’écouter ce que l’on disait ; et j’ai gardé un souvenir très vif de tout le petit monde (…) dans lequel j’ai vécu, et dont une grande partie de mon oeuvre romanesque est sortie. » Dans Le Noeud de vipères, la confession est celle de Louis : le vieil homme rédige une lettre à sa femme – et à ses enfants -, chargée de rancune. Il abhorre cette « engeance de vipères », une meute soudée contre lui, aux basques de sa fortune. Son unique plaisir est donc de déjouer les complots de la famille et de manoeuvrer pour les déshériter : « Et moi, témoin de cette lutte que j’étais seul à savoir inutile et vaine, je me sentis comme un dieu, prêt à briser ces frêles insectes dans ma main puissante, à écraser du talon ces vipères emmêlées, et je riais. »
Mauriac sera reçu à l’Académie française l’année suivante et recevra le prix Nobel de littérature vingt ans plus tard, en 1952.
Rare tirage d’un des grands romans du XXe siècle, ici dans une merveilleuse reliure dessinée par Pierre Legrain et réalisée par Jacques Anthoine-Legrain son beau-fils, qui utilisa ce décor – sans doute une maquette non réalisée par Legrain, décédé brutalement d’une crise cardiaque en 1929 – pour ce Noeud de vipères, tout à fait à propos. Jacques Anthoine-Legrain (1907-1970) débuta comme relieur en 1929 et prit la succession de son beau-père dont il continua la tradition des décors linéaires et des mosaïques colorées. Dès la fin des années 1930, ses reliures s’étaient imposées tant pour leur style que pour leur réussite technique.
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