Le Marteau sans maître
René Char

Le Marteau sans maître

Paris, Éditions Surréalistes, (20 juillet) 1934.
1 vol. (140 x 190 mm) de 142 p. et [1] f. Broché.

 

Édition originale.

Envoi signé : « à Georges Bataille “Le rêveur embaumé sans sa camisole de force” R. Char ».

Bandeau éditeur et prière d’insérer conservés – rédigé par Tristan Tzara.

Jusqu’alors, Seuls demeurent (publié en 1945) était le titre le plus ancien de René Char présent dans la bibliothèque de Georges Bataille, d’après l’inventaire établi en 2022 par les librairies du Sandre et Henri Vignes (La Bibliothèque de Georges Bataille). Cet exemplaire du Marteau sans maître viendrait donc modifier le corpus et établir une rencontre plus précoce, de près de dix ans, fut-elle à distance et par livre interposé. Mais l’on sait avec une quasi certitude que les deux hommes ne se voient pas pendant la guerre et ne se rencontrent – apparemment pour la première fois – qu’en avril 1945 : « j’ai finalement à me réjouir d’avoir aujourd’hui rencontré René Char » (Bataille, cité dans Dans l’atelier du poète, p. 378). Ils s’échangent à cette occasion leurs livres : Seuls demeurent et L’Expérience intérieure, avec ces envois : « À Georges Bataille, intime de l’homme abrupt dans sa prison, René Char » et « à René Char, dont tout me rapproche, affectueusement, Georges Bataille ».

Le Marteau sans maître ici présenté a-t-il été offert postérieurement à sa parution (1934) à Bataille par René Char – peut-être en même temps que le Seuls demeurent ? La teneur des deux envois, « intime de l’homme abrupt dans sa prison » et « rêveur embaumé sans sa camisole de force » le laissent penser. Le choix du Marteau sans maître, comme oeuvre choisie par Char pour lui témoigner sa première période, n’est pas anodin, et des plus parlants, pour un texte qui, après Arsenal et Artine, lui tient particulièrement à coeur. « Toutes les pensées qu’il y a dans Le Marteau sans maître, je n’en parlais jamais à personne, pas même à mon intime Éluard. C’est une révolte que j’ai vécue seul sans communiquer », confiera-t-il à Paul Veyne, à un moment où il se détache du mouvement surréaliste dont il ne fut qu’un passager locataire.

« Dès le début de l’année 1933, le titre choisi est celui du Marteau sans maître puisqu’il est évoqué dans une lettre de Paul Éluard à René Char pour confirmer qu’il confie à son propre éditeur, Gaston Gallimard, la lecture du manuscrit […]. La réponse de Gaston Gallimard en mars 1933 est moins enthousiaste et, devant ce refus, Char va se tourner vers un éditeur déjà fortement engagé dans les publications de textes surréalistes : José Corti. Celui-ci accepte de publier aux Éditions surréalistes Le Marteau sans maître comme une édition collective en partie originale comprenant : Arsenal, Artine, L’action de la justice est éteinte et pour la première fois Poèmes militants […]. Pour la rédaction du prière d’insérer, Paul Éluard accepte tout de suite de l’écrire. Mais Char s’adresse aussi à Breton avant d’accepter en définitive le texte de Tzara : “Je suis enchanté, avec toute la gravité, l’émerveillement que ce mot renferme, de vos lignes à l’infini. Je vous demande la permission, d’accord avec Éluard, de les fixer en fait unique. Je ne vois d’aussi claire ceinture pour m’entourer nulle part, il ne faut pas mêler les diamants. Ainsi donc vous seul. Et j’en suis ravi et pour mon livre et pour le lecteur” » (Marie-Claude Char, « préface au Marteau sans maître », éd. Poésie / Gallimard, 2002).

Exemplaire de choix.

Complet du bandeau éditeur et du prière d’insérer rédigé par Tristan Tzara.

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