Paris, Gallimard, (5 avril) 1979.
1 vol. (140 x 205 mm) de 260 p. et [3] f. Broché, jaquette éditeur, chemise et étui (Elbel).
Édition originale.
Exemplaire poinçonné du service de presse.
Envoi signé : « Paris, le 6 avril 1979. À Max-Pol Fouchet, avec admiration sincère, Milan Kundera ».
Kundera, en musicien accompli, donne vie à une série de variations sur le même thème, celui de l’oubli. « La lutte de l’homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli », livre-t-il ici, nous sans oublier que c’est « dans les dossiers des archives de la police que se trouve notre seule immortalité », grince-t-il encore. Depuis quelques années, le très surveillé Kundera a quitté Prague. Discrètement, il est d’abord venu enseigner à l’université de Rennes, comme professeur associé. Avant de s’installer définitivement en France, dénonçant plus nettement que personne le massacre d’une culture, ce « Biafra de l’esprit » que redoutait Aragon lorsqu’on essaie de priver un peuple de sa mémoire. « Un livre-bilan, celui de la maturité. Voilà Kundera en pleine possession de ses moyens, à l’heure de la lucidité. Il s’empoigne avec l’humaine condition. C’est profond, c’est corrosif, souvent drôle, encore plus triste, et plus proche de Chaplin que de Voltaire. Rien à voir avec la grinçante ironie à la française. Rien à voir, non plus, avec le manichéisme. Ce qu’il cherche, ce qu’il donne à voir, c’est, de tout, la face cachée […]. Ce n’est pas un hasard si ce livre faussement facile est une réussite d’écrivain autant que de penseur. Le miracle Kundera, c’est l’ajustement exact, la fusion complète de la réflexion et de l’art qui la fait passer. Et à supposer que cette réussite soit unique dans la vie d’un créateur, Kundera alors vient d’atteindre à son propre sommet » (François Wagener, Le Monde, 27 avril 1979).