Le Livre de ma mère
Albert Cohen

Le Livre de ma mère

Paris, Gallimard, [mars] 1954.
1 vol. (125 x 188 mm) de 221 pp. et 1 f., veau mastic avec décor central en arc de cercle sur les plats, titre à l’oeser vert au dos lisse, couverture et dos conservés, emboitage.  (Reliure signée de N. Kiyomiya, 2011).
Édition originale
Un des 40 premiers exemplaires sur vélin pur fil (n°12). 

Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ” 

« Glas des endeuillés, chant des morts que nous avons aimés » : c’est par ses mots, au prix d’une légère variante, qu’Albert Cohen titre la première version du texte, intitulée «Chant de mort». Elle est publiée en quatre parties, de juin 1943 à mai 1944 dans la revue La France Libre, alors qu’il se trouve à Londres, où dès le mois de juin 1940, il avait trouvé refuge avec sa femme et sa fille pour échapper à l’avancée nazie.

Louise Judith Cohen, née Ferro, s’était éteinte à Marseille le 10 janvier 1943, à l’âge de soixante-dix-sept ans, des suites d’une maladie cardiaque. Sans avoir pu revoir son fils.

En 1954, lors de la parution du Livre de ma mère, à peine remanié par rapport à la version originelle, la critique littéraire salue une oeuvre puissante et sincère, déjà qualifiée de chef d’oeuvre, douze ans avant Belle du Seigneur :  « Le livre de ma mère est un chant funèbre éblouissant de vie, récital ininterrompu que composa le plus intelligent, le plus cruellement sensible des fils à la louange désespérée d’une très simple et pauvre femme » ; Marcel Pagnol, l’ami d’enfance d’Albert Cohen, fut ainsi l’un des premiers à souligner l’universalité du message délivré : « cet hommage à une mère particulière atteint continuellement au général» (in «Combat», 27 mai 1954, p. 6).

Ce livre est un délice, aux accents parfois proustiens, qui lui feront évoquer avec un même délice, trente ans plus tard, les « angéliques médicaments » de son enfance : « jamais plus, le baume tranquille dont j’aimais le nom, chère huile verte qu’avec une boule de coton elle étendait sur mon dos… Jamais plus, alcool camphré, sirop de tolu, eau des Carmes, élixir de Garus, alcoolat vulnéraire, sirop de polygala, charmants guérisseurs de mon enfance » (in Carnets 1978, Gallimard 1979, p. 43).

C’est sans doute, avec Belle du Seigneur, le livre le plus important d’Albert Cohen. Peut-être même le plus important.

Magnifique exemplaire, en parfaite condition, délicatement et subtilement établi par Nobuko Kiyomiya.
Le tirage de tête n’existe qu’à ces seuls 40 exemplaires.

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