Paris, Gallimard, coll. « Soleil », 1958.
1 vol. (140 x 200 mm) de 316 p. et [1] f. Cartonnage toile de l’éditeur.
Envoi signé : « Cher Maurice Genevoix qui sentez si bien la nature et pratiquez si bien la camaraderie, acceptez ce livre, témoignage d’une toute naturelle et vive amitié. J. Kessel ».
Exemplaire offert par un académicien à un autre : Kessel y est élu en 1962, non loin du fauteuil de Genevoix, qui y siège depuis 1946 avant d’en devenir le secrétaire perpétuel en 1958. « Tu humanisais merveilleusement la fonction », regrettera Kessel lorsque Maurice Genevoix, avide de liberté pour écrire, en démissionne en 1973. Kessel séjournera plusieurs fois aux Vernelles, la maison de Genevoix près d’Orléans, et préfacera l’édition illustrée de La Boîte à pêche parue chez Rombaldi en 1969, illustrée par Claude Aberlenc : plus qu’une préface, un véritable texte d’hommage.
Depuis Le Tour du malheur (publié en 1950), Kessel n’a pas publié un seul roman, au point que le public d’après-guerre ne retient de lui que les articles du célèbre reporter lus dans France-Soir. En cherchant la matière d’un nouveau récit dans l’expérience de ces voyages, il entreprend alors l’écriture de ce qui deviendra l’un de ses succès les plus populaires : Le Lion.
La découverte du Kenya qu’il visite en 1953 en compagnie de sa femme Michelle, sera le point d’ancrage de ce récit dont il avait rencontré les vrais protagonistes dans la réserve d’Amboseli, au nord du Kilimandjaro : une lionne du nom de Iola et une petite fille prénommée Fiona. De cette expérience, il n’avait tiré aucun texte, ni dans La Piste fauve paru trois ans plus tôt, ni même un article dans la presse. À la remise du manuscrit, Gaston Gallimard sut d’emblée qu’il tenait un succès. La sortie en librairie (avril) précéda de quelques jours les événements d’Alger et il reçut quelques jours après la parution une lettre signée par celui qu’il admirait par-dessus tout : « Le Lion est magnifique. C’est peut-être le plus beau de vos livres. Cela marche, court, s’élève, éclate et retentit. Votre talent est très grand et vous en distribuez les fruits largement, tout de go, sans artifice de la pensée ou du style. Merci. […] Bien amicalement vôtre. C. de Gaulle ». (Lettre du 5 mai 1958). Gallimard avait prévu un succès : ce fut un triomphe avec plus de 100 000 exemplaires vendus dans les premiers mois et dépassant dix ans plus tard les deux millions d’exemplaires vendus.
L’ouvrage, tout naturellement, sera réédité dans la « Collection soleil », quelques semaines après sa parution dans la collection blanche. Les volumes de cette nouvelle collection sont reliés en toile, dans une maquette de Massin, dont la couleur varie selon les auteurs choisis. Ce sera, pour Kessel, du vert. La collection a été créée l’année précédente, en 1957, afin de concurrencer le « Club du meilleur livre » (société filiale de Gallimard et Hachette) : Claude Gallimard était hostile à l’idée qu’Hachette bénéficie de l’exploitation de son fonds en librairie sous forme de livres reliés et souhaitait donc développer sa propre collection.
Le tirage est limité à quelques milliers d’exemplaires, avec cet argument publicitaire au lancement : « Le soleil, dit Fontenelle, est l’orgueil des planètes. Les livres de la collection ‘Soleil’, tous au format in-8° soleil, seront l’orgueil de votre bibliothèque. »
31048