Articles de guerre (1942-1943)
Rio de Janeiro, Atlantica Editora, coll. « Les Cahiers de la Victoire », 1944.
1 vol. (160 x 235 mm) de 162 p. et [1] f. Demi-chagrin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, fleurons dorés, première de couverture conservée (reliure de l’époque).
Édition originale.
Un des 120 premiers exemplaires sur « papier spécial » (n° 20), signé par l’auteur.
Envoi signé : « pour Jean Desy, ambassadeur du Canada. Cher ami, qu’il me soit au moins permis de dire, dans une modeste dédicace sans prétention, que je souhaite pour mon pays vous voir bientôt représenter en France votre grande nation, à la fois si jeune et si traditionnelle, si hardie dans ses buts, si prudente et si patiente pour les atteindre, si prodigue de son travail et de son sang, mais si justement soucieuse de n’être pas dupe de sa générosité, votre nation toujours fidèle au Ciel, mais fidèle aussi à la chère terre des vivants… Ah ! oui, votre place et celle de Madame Désy est bien dans notre Paris retrouvé ! G. Bernanos »
Lorsqu’il commence à rédiger ce qui constituera une somme de quelque trois cents articles, Bernanos est au Brésil. C’est dans des journaux brésiliens ou pour la BBC qu’il dénonce les responsabilités de la France de Vichy dans la défaite française, vilipende la collaboration et soutient la Résistance et de Gaulle. Quelques mois avant l’appel du 18 juin, dans Les Enfants humiliés, il prophétisait : « Mon pays est soigneusement tenu dans l’ignorance de ce qu’il défend, de ce qu’il risque de perdre, de ce qu’il est presque sûr de perdre si quelque miracle ne suscite pas au dernier moment un homme qui parle enfin à son cœur, à ses entrailles. » Jusqu’à dénoncer, et annoncer, une société dont le but « est la simple consommation de ce qui est […] à mesure qu’approche le jour attendu, infaillible, de la libération absolue de l’homme, non pas de l’Homo sapiens du philosophe antique, mais de l’homme total, qui ne se connaît ni Dieu ni maître, étant à soi seul sa propre fin ».
C’est en 1942 que Bernanos rencontre Jean Désy, ainsi que son épouse, Corinne : il les reçoit à la fin de l’année 1943 dans sa maison au flanc d’une colline dénommée « Cruz das almas » (« Croix-des-âmes »), dans le Minas Gerais, à Barbacena, et leur remet à cette occasion un premier livre, un exemplaire de Monsieur Ouine, qu’il leur offre dédicacé. Suivront les volumes du Chemin de la Croix-des-Âmes, jusqu’à ce tome III, publié après la Libération de Paris, qu’il agrémente d’un envoi prémonitoire puisque Jean Désy sera bel et bien en poste à Paris à partir de 1954. Il était, depuis janvier 1939 ambassadeur du Canada d’abord en Belgique, puis aux Pays-Bas et devient en 1941 le premier ambassadeur canadien au Brésil, où il demeure six ans. Il sera ensuite nommé en France, poste prestigieux qu’il a occupé jusqu’à sa retraite en 1957.
Les textes publiés au Brésil de Bernanos l’ont été par Charles Ofaire [en réalité Höfer], un exilé suisse un peu étrange, mi-aventurier, mi-homme de lettres, alors patron de la puissante Atlantica Editora, rencontré par Bernanos lors d’une de ses conférences à Rio. Après Monsieur Ouine, il éditera Les volumes du Chemin de la Croix-des-âmes.
25886