Le Camp des saints
Jean Raspail

Le Camp des saints

Paris, Robert Laffont, (13 décembre) 1972. 
1 vol. (140 x 200 mm) de 408, [2] et 1 f. Maroquin noir, dos lisse, titre doré, toutes tranches dorées [Bongrain], étui bordé (Clara Gevaert, dor. Claude Ribal, 2024).

 

Édition originale. 
Un des 20 premiers exemplaires sur pur fil du Marais – celui-ci un des [5] rares exemplaires d’auteur hors commerce.

Envoi signé : « Pour Huguette Rémont en amical hommage, Jean Raspail, Paris, le 26 Janv. 73 ». 

Le camp des lucides et des clairvoyants contre celui des idéalistes inconscients de la « submersion migratoire » ? « Ce livre est né étrangement, explique l’auteur dans un entretien au Point du 29 septembre 2015. J’étais dans le Midi, un jour de 1972, chez une tante de ma femme, près de Saint-Raphaël, à Vallauris. J’avais un bureau avec une vue sur la mer et je me suis dit : ‘Et s’ils arrivent ?’ Ce ‘ils’ n’était d’abord pas défini. Puis j’imaginais que le tiers-monde se précipiterait dans ce pays béni qu’est la France. C’est un livre surprenant. Il a été long à écrire, mais il est venu tout seul. J’arrêtais le soir, je reprenais le lendemain matin sans savoir où j’allais. Il y a une inspiration dans ce livre qui est étrangère à moi-même. Je ne dis pas qu’elle est divine, mais étrange. » Livre honni pour les uns, de prophète pour les autres, ce roman-bréviaire entre en résonance avec l’époque : « Au départ, Le Camp des saints n’a pas marché. Pendant au moins cinq ou six ans, il a stagné. Il s’est peu vendu. Après trois ans, le chiffre des ventes a augmenté. Le succès est venu par le bouche à oreille et grâce à la promotion qu’en ont faite des écrivains de droite. Jusqu’au jour où, en 2001, un bateau de réfugiés kurdes s’est échoué à Boulouris, près de Saint-Raphaël, à quelques mètres du bureau où j’ai écrit le roman ! Cette affaire a fait un foin terrible dans la région. Du coup, on a reparlé de mon livre et il a touché un large public. Je suis un peu honteux, car lorsqu’il y a une vague importante de migrants, on le réimprime. Il est consubstantiel de ce qui se passe », publié à une époque où le problème de l’immigration n’existait pas encore et surtout avant l’entrée en vigueur de lois qui en interdiraient probablement aujourd’hui la sortie. 

A cet effet, Raspail souhaita, en 2011, en faire une réédition augmentée d’une préface intitulée “Big Other”. Des précautions nécessaires. ” Il est vrai que son contenu n’est pas anodin puisque tout tourne autour de la question “Et s’ils arrivaient ?” – non pas les extraterrestres, mais les déshérités du Sud, un million d’émigrants à bout de souffle, débarqués sur les plages du Midi de la France, face à des autochtones qui se demandent s’ils doivent les renvoyer chez eux, les enfermer dans des camps ou tirer dans le tas, solution qu’adoptera le dernier carré des irréductibles tandis que la population se sera réfugiée dans le Nord (…) Longue de 27 pages, la préface est nettement moins allégorique que le roman : c’est le texte de combat d’un homme qui ne renie rien s’agissant de la “submersion” de la France par ses étrangers ; malicieux et perfide, il cite les lettres que lui avaient adressées des personnalités que l’on n’aurait pas situées du côté du trône et de l’autel, contrairement à lui (Malraux, Mitterrand, Jospin, Badinter, Pinault, etc., encore que certaines ne sont que courtois accusés de réception) ; malin, il se réserve l’apologie du triple angélus et laisse au général de Gaulle le soin de défendre les Français “peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne” (1959) ; provocateur, il indique à ses détracteurs les pages susceptibles d’être poursuivies en justice (87 motifs) en vertu des lois Pleven, Gayssot, Lellouche et Perben, s’il paraissait aujourd’hui pour la première fois : “Impubliable à moins d’être gravement amputé.” Leonello Brandolini, PDG des éditions Robert Laffont, demanda néanmoins à faire précéder la préface d’une note de deux pages signée de lui : “Jean Raspail connaît mon opinion, qui n’est pas la même que la sienne”, y lit-on. Surtout, pas d’ennui, peut-on lire en filigrane. “Il eût été malhonnête de ma part de ne pas le rééditer alors qu’il n’a jamais cessé d’être réimprimé”, ajouta-t-il. Pas simple de tout assumer, contradictions comprises. Le mois de cette réédition, 30 000 exemplaires se sont vendus. Les politologues seraient bien inspirés d’observer aussi la liste des meilleures ventes de livres. A défaut de lueurs, on y trouve parfois des reflets.” (Pierre Assouline, Le Monde, 24 mars 2011).

Les exemplaires en grands papiers sont dans le même premier tirage du 13 décembre 1972 que les exemplaires de première presse. 

Ce tirage sur pur fil des papeteries du Marais – seul grand papier – est d’une grande rareté : nous n’en connaissons que les numéros 2, 6, 14, 15, 18 et ce seul exemplaire d’auteur. Sur ces six exemplaires, un seul autre (le n° 14) comporte une dédicace, de circonstance, faite en 2013. 

Un envoi strictement d’époque semble tout à fait exceptionnel et sans nul doute seul les hors commerce peuvent en contenir. Celui-ci est offert quelques semaines après la parution du volume, le 26 janvier 1973, à une proche collaboratrice de Robert Laffont – l’éditeur qui avait défendu Raspail bec et ongles avant, pendant et après la parution du volume -, Huguette Rémont. Cette dernière était, dans la maison d’édition Laffont, la rédactrice des contrats des écrivains. 

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