Paris, Félix Juven, 1906
1 vol. (120 x 185 mm) de 282 p. et [1] f. Broché, sous couverture illustrée.
Édition originale de la traduction française, par la comtesse de Galard.
Lettre-préface de Paul Bourget.
En 1896, de riches gisements aurifères furent découverts dans la région du Yukon, un territoire du Grand Nord canadien, occasionnant la ruée vers l’or du Klondike, du nom du fleuve qui le traverse. Cet emballement eut assez de retentissement pour inspirer et situer à cet endroit les oeuvres de Jules Verne (Le Volcan d’or), de Charles Chaplin (sa fameuse Ruée vers l’or) et de Jack London, avec ce roman, L’Appel de la forêt ; il y raconte l’histoire du chien Buck qui, arraché à une vie confortable et paisible en Californie, est projeté dans la rudesse et la cruauté du quotidien des chiens de traîneau en pleine ruée vers l’or.
Un univers auquel London a participé, dès 1897 : à vingt et un ans, celui qui a déjà beaucoup bourlingué (ouvrier à quatorze ans, matelot à dix-sept, militant syndicaliste à vingt), celui que l’on surnomme « Le Prince des Pilleurs d’huîtres » ou « Jack le marin » part à la conquête de l’Alaska. Mais, atteint du scorbut, il est rapatrié à San Francisco l’année suivante, ne rapportant de son périple qu’une maigre pincée de poudre d’or. La vraie richesse de cette expérience, c’est par l’écriture qu’il la trouvera, quand il commence ses premiers récits en s’inspirant de cette courte expérience. Il obtient une première reconnaissance avec Le Fils du loup, mais le véritable succès arrive avec L’Appel de la forêt en 1903.
Conte initiatique et quête de liberté, L’Appel de la forêt est surtout l’histoire d’un retour aux origines, inspiré par la théorie de l’évolution qui a marqué la fin du XIXe siècle : un roman de « désapprentissage », une redécouverte de l’instinct sauvage que le chien Buck, domestiqué, va retrouver.
Jack London est alors un parfait inconnu en France, mais l’oeuvre retient l’attention de l’éditeur Félix Juven, qui s’est spécialisé depuis peu dans la littérature d’aventures pour la jeunesse : London, « Kipling du froid » comme on l’avait surnommé, pourra être autant admiré pour ses exploits et ses voyages que pour ses livres. La traduction est confiée à Raymonde de Galard : membre de la très aristocratique Société des bibliophiles français depuis 1903, elle traduit ainsi cinq titres de London entre 1905 et 1906 ; Paul Bourget, de l’Académie française, rédige la pré- face, ce qui ne peut que concourir à l’introduction réussie d’un écrivain encore inconnu. Raymonde de Galard y apparaît comme « Mme la Comtesse de Galard », la mention de son titre de noblesse contribuant sans doute à l’époque à donner du crédit à son travail. Par ailleurs, sur cette même page de titre, on relève la formule suivante destinée à distinguer l’oeuvre elle-même : « honoré d’une médaille d’argent de la société protectrice des animaux », une mention qui aura sans doute concouru à entretenir un malentendu tenace sur le contenu du livre.
La parution s’étale d’abord en livraisons, dans le journal Le Temps (du 3 au 16 décembre 1905), puis dans Le Journal des voyages (du 1er juillet au 9 septembre 1906, avec des illustrations de Joseph Beuzon). La couverture de l’édition Juven qui les suit reprend en grande partie celle de l’édition originale américaine de 1903.
Remarquable exemplaire du premier titre de London traduit et paru en français.
Croc-blanc, publié lui aussi en 1906 en langue anglaise, ne sera traduit que quinze ans plus tard, en 1923.