Paris, Albin Michel, 1917.
1 vol. (125 x 190 mm) de 224 p. Maroquin rouge, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée sur témoins, roulette d’encadrement aux contreplats, couvertures et dos conservés (reliure de l’époque).
Édition originale.
Un des 10 premiers exemplaires sur hollande (n° 3), tirage de tête avec 10 exemplaires sur japon.
Cinq récits de guerre, publiés pendant ou juste après le conflit, furent couronnés du Prix Goncourt : L’appel du sol, d’Adrien Bertrand en 1914 (délivré en 1916), Gaspard de René Benjamin, en 1915, Le Feu d’Henri Barbusse en 1916, La Flamme au poing, en 1917, et enfin Civilisation de Georges Duhamel en 1918 : des récits épiques qui flattaient le nationalisme des gens de l’arrière et rapportaient l’héroïsme des combattants. Tous eurent un succès de librairie conséquent, même si la vérité des événements vécus sur le champ de bataille n’était pas toujours respectée pour certains d’entre eux – mais là n’était par le propos : avec près de 1 400 000 soldats français décomptés morts (dont environ 1 327 000 « Morts pour la France ») et un total de 8,7 millions d’hommes incorporés, entre 1914 et 1918, c’est presque l’ensemble d’une génération qui a été concerné, puisque 90 % des classes allant de 1914 à 1917 ont été appelées. Le monde de l’édition ne pouvait échapper à s’en faire l’écho.
Les Croix de bois, publié en 1919, ne prolongera pas la série des romans de guerre primés et ce sera Proust, avec À l’ombre des jeunes filles en fleurs, qui sera couronné. Peut-être pour tourner la page.
La Flamme au poing, le dernier titre récompensé alors que le conflit faisait rage, se voit attribuer le prix au terme des quatre tours de scrutin, contre Jean Giraudoux et ses Lectures pour une ombre – un journal de guerre tenu par le sergent Giraudoux d’août à septembre 1914 sur les routes de l’Est de la France. Malherbe, quant à lui, écrit son roman à partir de notes écrites, détruites volontairement car, s’en expliqua-t-il, « c’est assez pour moi d’avoir voyagé dans cet abîme » et de rapports d’actions d’amis combattants.
Henry Malherbe sera le premier président de l’Association des écrivains combattants, fondée en juillet 1919. Elle publiera la fameuse Anthologie des écrivains mort à la guerre, en cinq volumes, qui retrace les états de services littéraires et militaires des 562 écrivains morts pour la France, au champ d’honneur ou sous les drapeaux pendant le premier conflit mondial. C’est Henry Malherbe qui en rédigera la préface et plusieurs notices ; leurs 562 noms seront inscrits sur des tables de marbre au Panthéon, en 1927. Les plus célèbres sont évidemment Alain-Fournier, Charles Péguy, Louis Pergaud, Victor Ségalen ou Guillaume Apollinaire, mais tous méritent qu’on leur prête l’attention qui leur est due.
Le prix Henri-Malherbe, créé en 1953 à l’initiative de l’Association des écrivains combattants, est remis chaque année à l’occasion de l’assemblée générale de l’association et récompense un essai historique.
De la bibliothèque de Gérard Pouguet, « collection Goncourt », avec ex-libris.