La Dentellière

Pascal Lainé

La Dentellière

Paris, Gallimard, (18 novembre) 1974. 
1 vol. (120 x 185 mm) de 176 p., [6] et 2 f. Broché, chemise et étui. 

Prix Goncourt 1974. 

Envoi signé : « Pour Monsieur Large, est ce que ce Goncourt-ci est bien le plus court ? Bien amicalement ». 

Bandeau Goncourt conservé. 

Est-ce le plus court des Goncourt ? À cette date, Pascal Lainé a raison : les romans primés de moins de 200 pages sont rares, et seul Passage de l’homme, couronné en 1943, est concerné, avec 180 pages. Après Lainé, Atiq Rahimi, en 2008, verra son Syngué sabour couronné avec 154 pages, mais la palme de la brièveté revient à Marguerite Duras et ses 142 pages de L’Amant ! 

Lainé, auteur d’une trentaine de livres depuis, dira souvent tout le tort – moral – que le Goncourt lui apporta : « J’en veux à ce livre, en effet, et je m’applique à détruire l’idée qu’on s’en fait. Ce prétendu chef-d’oeuvre n’était pour moi qu’un exercice de style. Je vais vous dire la vérité, puisque vous y tenez. J’avais 30 ans, j’étais prof de philo dans un lycée technique du Nord, quand le journal Elle m’a commandé une nouvelle pour l’été. Sur un scénario de roman-photo, j’avais donc conçu une histoire à l’eau de rose . Cela m’amusait beaucoup, cela m’amuse toujours d’écrire people. J’aime la littérature populaire. Je me suis pris au jeu, et de la nouvelle j’ai tiré un roman. Naïvement, je pensais que les conventions auxquelles j’avais obéi et même une certaine forme de niaiserie que j’avais voulu représenter seraient tellement visibles que nul n’ignorerait mes intentions, qui étaient celles d’un formaliste. On m’avait demandé un morceau de musique légère, je l’avais composé, et on m’y réduisait. Les lecteurs ont été ému bien au-delà de mes prévisions et ils ont cru que le sujet me touchait, que Pomme, par exemple, existait dans la vie réelle. C’était faux, évidemment. Flaubert n’est pas Madame Bovary, et La Dentellière, ça n’est pas moi […] J’ai signé, sans le savoir, une énorme escroquerie aux sentiments. C’était d’autant plus dur à vivre que de mon éducation archibourgeoise je tenais qu’il faut faire parler de soi et se montrer le moins possible. Avec la folie du Goncourt, j’étais servi. 330 000 exemplaires en édition courante, 50 000 en clubs, et, toutes éditions confondues, 1,5 million en langue française. Aujourd’hui, il s’en vend toujours 20 000 exemplaires en poche chaque année. Je ne compte pas les traductions, les 600 000 exemplaires en russe, par exemple… Vous comprenez pourquoi La Dentellière m’a dépassé et m’a dévoré. Si encore à l’époque j’avais eu une dizaine de livres derrière lesquels me cacher, mais non, je n’avais écrit avant cette déflagration que deux petits romans. Ce Goncourt, je l’avais eu trop facilement. Cela ajoutait à ma culpabilité. J’avais envie de crier aux gens : attendez un peu, je vais faire beaucoup mieux que La Dentellière. Mais quand, à mon humble avis, j’ai fait mieux, il n’y avait plus personne pour m’entendre, pour me lire. En somme, j’ai eu des récompenses pour ce que je ne méritais pas et je n’en ai pas eu pour ce que je méritais. Voilà mon embarras. » 

29307

Vendu
Ce site utilise des cookies pour réaliser des statistiques anonymes de visites.
Ce site utilise des cookies pour réaliser des statistiques anonymes de visites.
Le site est en développement et des améliorations sont en cours. Nous nous excusons pour la navigation qui peut ne pas être optimale
Le site est en développement et des améliorations sont en cours. Nous nous excusons pour la navigation qui peut ne pas être optimale
This site is registered on wpml.org as a development site.