La Condition humaine
André Malraux

La Condition humaine

Paris, Gallimard, (5 mai) 1933.

1 vol. (115 x 185 mm) de 402 p., [1] et 1f. Maroquin framboise à encadrement, plats papier bois, dos lisse orné, titre doré, date en pied, tranches dorées, couverture et dos conservés (Roger Devauchelle).

Édition originale.

Un des 309 exemplaires sur pur fil (celui-ci n° I des hors commerce) – seul tirage en grand papier après 40 exemplaires réimposés in-quarto Tellière : 1 sur Chine et 39 sur vergé pur fil.

Envoi signé : « À Monsieur L.D. Hirsch avec la sympathie d’André Malraux », enrichi d’un ‘dyable’ – petit dessin fantastiques dont l’auteur agrémentaient lettres et dédicaces, ici légendé : « Dyable de la critique aux aguets ».

C’est le deuxième livre de Malraux à la N.r.f., après Royaume farfelu, et son premier roman. Attendu, guetté, surveillé, et propulsé par Gaston Gallimard, qui souhaite, un an après Les Loups couronné du Goncourt face à Céline, enfoncer le clou avec le titre d’un auteur “maison” déjà réputé. Le “Dyable de la critique aux aguets” sera donc efficace, et porte-chance : le prix Goncourt lui sera attribué le 7 décembre 1933. Dans sa déclaration officielle l’écrivain, âgé de trente-deux ans, indique : « Il est d’usage, après tout prix littéraire, d’expliquer par quoi et comment le livre qu’on a écrit doit plaire à tous. Je désire qu’il n’y ait aucune équivoque sur le mien. J’ai essayé d’exprimer la seule chose qui me tienne à coeur et de montrer quelques images de la grandeur humaine. » Le prix est décerné, au quatrième tour de scrutin, à André Malraux par cinq voix contre trois voix à M. Charles Braibant pour Le Roi dort, une voix à René Béhaine, pour La Solitude et le silence, et une voix à Paul Nizan, pour Antoine Bloyé.

La trame historique du roman n’est sans doute qu’un prétexte à son sujet profond, révélé par son titre même. Ce n’est finalement qu’une longue méditation sur l’Homme, comme l’écrira Jean Guéhenno, mis en scène par le romancier : « On se plaint que l’auteur ait dû aller chercher jusqu’en Chine les moyens de définir notre condition. C’est cela même au contraire qui, à mon sens, fait de ce livre un livre exemplaire. » Il explique alors combien son exotisme fait que « tous nos désordres, toutes nos grandeurs nous y apparaissent transportées au-delà du monde, éloignées de nous comme pour un spectacle. » (in Europe, déc. 1933).

En 1842, Shanghai fut l’un des cinq ports déclarés ouverts aux bateaux étrangers. Bientôt, la Chine acceptait la création de concessions étrangères à l’intérieur de la ville. Dans ces quartiers qui ne relevaient plus de son autorité, on comptait à l’époque de ce livre, environ quarante mille personnes. Malraux s’inspire ici des événements tragiques du printemps 1927 où les cellules communistes de Shanghai furent disséminées sur les ordres du général Tchang Kaï-chek, chef du Kouo-min-tang, le parti démocrate. Lorsque commence le roman, les militants du Parti communiste chinois sont au bord de déclencher une insurrection. A leur tête, « Kyo », figure emblématique du héros tel que le voulait l’auteur. « J’ai cherché, dira-t-il, des images de la grandeur humaine, je les ai trouvées dans les rangs des communistes chinois, écrasés, assassinés, jetés vivants dans les chaudières… ».

Les dédicaces contemporaines de l’édition sur des exemplaires en grands papiers sont rares. Celle-ci est particulièrement significative : Louis-Daniel Hirsch était le directeur commercial des éditions Gallimard, à partir de 1925. Membre du comité de lecture, il était proche de certains auteurs, particulièrement Malraux et Giono.

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