La Chute

Albert Camus

La Chute

Paris, Gallimard, (mai) 1956.
1 vol. (115 x 185 mm) de 169 p., [1] et 2 f. Buffle anthracite, titre à l’oeser beige sur le premier plat, dos lisse, auteur et titre sur le plat, doublures et gardes de chèvre velours beige, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, chemise et étui bordés (reliure signée de Renaud Vernier ; titrage de Claude Ribal et dorure sur tranches de Jean-Luc Bongrain, 2023). 

 

Édition originale. 

Un des 35 exemplaires sur vélin de Hollande (n° 26) – après dix exemplaires d’auteur sur alfa. 

En 1956, outre ses activités journalistiques, Albert Camus écrit pour le théâtre et multiplie les nouvelles, qu’il rédige entre 1954 et 1956. Il les destine à L’Exil et le Royaume, qui paraîtra l’année suivante. Car l’une d’elle le détourne du but premier : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de L’Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (…). Un seul thème pourtant, celui de l’exil, depuis le monologue intérieur jusqu’au récit réaliste. Les six récits ont d’ailleurs été écrits à la suite, bien qu’ils aient été repris et travaillés séparément (…). L’exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. » 

La Chute – dont on ignore le titre primitif – est dès le début de l’année 1956 écarté du recueil à venir, car trop long, et Camus en développe le texte jusqu’à en faire le roman que l’on sait. 

Sous un titre proposé par Roger Martin du Gard, La Chute est mis en vente le 16 mai et connaît un immense succès de librairie. Ceux qui prédisaient ironiquement « la chute de Camus » font silence. La plupart ont vu dans ce texte une sorte d’autobiographie, ainsi que ses contemporains tentent de lui faire admettre. Camus leur répondra invariablement par la négative : « Mon seul point commun avec Jean-Baptiste Clamence – auquel on s’obstine à vouloir m’identifier – serait son manque d’imagination » déclare-t-il dans Le Monde. 

Très bel exemplaire enrichi en tête d’un important brouillon de travail, primitif, avec plusieurs variantes et corrections (16 lignes, à l’encre bleue). Le texte est celui du cinquième paragraphe du début du roman : le « héros », Jean-Baptiste Clamence, s’y présente, et décrit son environnement, celui d’Amsterdam, où il aborde un compatriote dans un bar douteux de la ville, le Mexico-City, et lui propose de lui servir d’interprète auprès du barman. 

« Resterez-vous un temps à Amsterdam ? Belle ville, n’est-ce pas ? Fascinante ? Voilà un adjectif que je n’ai pas entendu depuis longtemps. Depuis que j’ai quitté Paris, justement, il y a des années de cela. Mais le coeur a sa mémoire et je n’ai rien oublié de notre belle capitale. Paris est un superbe décor habité par quatre millions de silhouettes […]. Les Hollandais eux sont beaucoup moins modernes. Ils ont le temps, regardent au jour le jour. Que font-ils ? Hé bien ces messieurs vivent du travail de ces dames-là. Ce sont d’ailleurs, mâles et femelles, de fort bourgeoises créatures, venues ici, comme [d’habitude, par mythomanie ou par bêtise]. » 

C’est le dernier roman achevé par Camus, découpé en six parties, pour un récit dont les événements ont lieu sur cinq jours successifs. Un an plus tard, il recevra le prix Nobel de littérature. 

Nous accompagnons l’ensemble d’une lettre dactylographiée et signée par Suzanne Agnely, la secrétaire d’Albert Camus, rédigée en son nom et adressée à André Devaux : 

Paris, 21 février 1958. 

1 p. en 1 feuillet (135 x 210 mm), sur papier à en-tête imprimé de la NRF. 

« M. Albert Camus vient de quitter Paris pour un voyage d’environ trois mois. Avant son départ, il m’a priée de vous écrire en son nom pour vous remercier de votre lettre et de votre intérêt, et pour vous faire parvenir une page manuscrite de La Chute. […] ».

Hypokhâgneux au lycée Henri-IV, à Paris, André Devaux est, durant la Seconde Guerre mondiale, l’élève de Ferdinand Alquié. Il se spécialise alors en philosophie et continue ses études à la Sorbonne, où il suit l’enseignement de René Le Senne. Agrégé de l’université, il commence à professer en lycée à Laon et Rouen, ainsi qu’à l’Ecole normale d’instituteurs de Besançon. Il est ensuite nommé maître de conférences à la Sorbonne où il est longtemps directeur adjoint du département de philosophie. Philosophe et spécialiste de l’oeuvre de Pierre Teilhard de Chardin et de René Le Senne, il produisit des textes fondamentaux sur Saint-Exupéry et Charles Péguy et était le spécialiste de l’oeuvre de Simone Weil. 

Il donnera plusieurs textes consacrés à Albert Camus (Albert Camus devant le christianisme et les chrétiens, 1968, Albert Camus et l’hellénisme, 1970) et ses textes sur Weil proposent de nombreuses citations de l’oeuvre de Camus. Il citera, dans le texte paru dans Science et Esprit, plusieurs passages de La Chute, roman dans lequel, selon lui, « Camus honore le crucifié, mais ne parvient pas à voir le Rédempteur ». 

Exemplaire parfaitement établi par Renaud Vernier. 

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