Kill

Romain Gary

Kill

[Paris, novembre-décembre 1970].
1 script (215 x 275 mm) de 150 f., chiffrés 1 à 148. En feuilles.


Script d’auteur et version finale avant l’impression du scénario définitif.

Le scénario et les découpages techniques sont entièrement écrits par Romain Gary. Ce jeu est le sien, comme en témoigne la trentaine de corrections autographes qui jalonnent le document. Il provient par ailleurs du fonds Gary cédé au Musée des lettres et manuscrits de feu Aristophil. On retrouve sa trace lors de la vente Artcurial (Paris, 2020, lot 446) qui a dispersé l’ensemble des livres et manuscrits de cet ensemble.

On ignore le nombre d’exemplaires qui a été fait de ce screenplay, rédigé tout en anglais – la faute à une production internationale, sous la gouverne d’Alexander Salkind, un producteur franco-mexicain d’origine russe qui connaîtra gloire et fortune six ans plus tard en produisant les trois volets de Superman. Pour l’heure, ce sont James Mason, Stephen Boyd, Curd Jürgens, Jean Seberg et Henri Garcin qui sont convoqués et à qui l’on va demander des supers-pouvoirs pour faire du film une réussite. La (mince) trame ? Une jeune femme, Emily (Jean Seberg), jeune épouse d’un haut fonctionnaire d’Interpol, est perdue à des kilomètres de toute civilisation, qui doit son salut à l’intervention de Killian (Stephen Boyd), un homme prêt à tout pour réduire à néant un gang de trafiquants de drogue. Une véritable guerre dans laquelle il implique Emily, propulsée malgré elle dans un monde de violence et de corruption qui lui fera comprendre que son mari n’est pas vraiment le policier incorruptible qu’il semblait être…

Le film fut tourné au cours de l’hiver 1971, dans deux villes d’Espagne, Madrid et Alicante. Romain Gary est aux commandes, avec Jean Seberg en vedette. La première eut lieu à Marseille le 19 janvier 1972. Il sortira en salle également sous les titres de Police Magnum  et aux États-Unis Kill kill kill. Disons-le clairement, le film n’est pas un chef-d’œuvre, très loin de Les oiseaux vont mourir au Pérou.

La critique n’est pas tendre avec Gary : « Le problème de la drogue est un problème grave et Romain Gary un homme sérieux. Que ce romancier de talent, ancien diplomate, journaliste et cinéaste à ses heures (Les oiseaux vont mourir au Pérou), ait entrepris de dénoncer à l’écran les responsables du plus ignoble des trafics nous paraissait de bon augure […]. Mais [tant] de scènes érotico-exotiques, de poursuites motorisées, de mi­traillages en série ravalent Kill au niveau des sous-produits du genre. Méli-mélo de poncifs, d’une confusion extrême, où se noie le réquisitoire annoncé et attendu » (Le Monde). Romain Gary, dans une interview donnée au même moment, tente de convaincre : « j’ai besoin de faire partager le dégoût que m’inspire la drogue et ses trafiquants. La première chose à faire est de donner aux gens le dégoût le plus total […]. Donner une notion d’infamie. Pour moi, ce sont des nazis. Il faut que le public rie de leurs cadavres […]. Sur le plan international, il n’y a pas de lutte d’action. Les gouvernements ne font pas ce qu’il faut pour produire des pressions légitimes sur les pays producteurs, par peur de perdre de clients sur d’autres pans économiques ». L’intention est louable, mais le résultat, d’un point de vue cinématographique, loin d’être convaincant. Le film fait un flop.

« Romain mon amour, […] Quand tu as réalisé le film, avec si peu d’aide de qui que ce soit autour de toi, c’était en partie dans le but de sauver ma vie. Au sens propre du terme. Personne – et surtout moi – ne pensait que je serais même capable de travailler à nouveau, que je serais à même de trouver les ressources psychiques et la force physique. Et tu savais que c’était une question de survie pour moi de trouver la discipline et la force de travailler à nouveau. » Jean Seberg écrit cette lettre après la sortie du film, après que Gary eut en effet tenté de lui donner une raison de se lever et de vivre. Le film n’arrangera rien, bien au contraire, et le couple divorcera l’année suivante.

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