[Paris, 1924].
6 p. recto (140 x 225 mm) à l’encre noire.
Extraordinaire et inédite « autobiographie publicitaire », rédigée par l’auteur, à la suite de la parution de ses deux premiers romans.
Jointe : l’édition originale de l’Équipage (Paris, NRF, 1923 – exemplaire sur pur fil).
Cette notice, écrite à la troisième personne, présente de nombreuses ratures et corrections. Kessel y trace en quelques pages son enfance et sa jeunesse, insistant sur son caractère nomade : « J. Kessel est né le 10 février 1898 en République Argentine. […] J. Kessel n’a jamais vécu plus de trois années de suite dans la même ville. Il semble que le hasard favorable à ses goûts le pousse toujours à travers les grandes routes du monde. »
Né en Argentine et fils d’un médecin d’origine lituanienne parti exercer en Amérique du Sud, Kessel est ensuite emmené de l’autre côté de la planète, en Russie, avant de revenir en France. Licencié ès-lettres à dix-sept ans, il entre au service de politique étrangère du Journal des débats. Engagé volontaire en 1916 dans l’artillerie, il sert ensuite dans l’aviation : de cet épisode, sera issu L’Équipage, premier roman à faire entrer l’aéronautique dans la littérature. Une passion constante pour Kessel, incarnée par son amitié avec les grands pionniers, notamment Saint-Exupéry, dont il fera la connaissance en 1929, et Mermoz, dont il donnera une très belle biographie en 1938.
Kessel, qui a aimé la guerre et « la saine et rude famille des hommes seuls », témoigne de la période exaltante qu’il vécut en 1917-1918. Récits de missions, portraits de pilotes, thèmes de la camaraderie virile, de la vie dangereuse, du jeu et de l’alcool sortent tout droit de sa mémoire, dictés par l’expérience. Imbriqués dans une trame sentimentale simple, tragique et psychologiquement juste, ils font de L’Équipage un best-seller et de son auteur presque inconnu un conteur populaire unanimement salué par la critique.
La notice qu’il rédige ici va dans ce sens : « Dans L’Équipage, c’est la vie d’escadrille qu’a retracé J. Kessel. Il a su en peindre la camaraderie merveilleuse… […] une intrigue naît de ce milieu et se développe, une intrigue dont la hardiesse et la nouveauté […] suivent celles de La Steppe rouge, qui réunit des nouvelles sur le bolchevisme ». Kessel dévoile alors sa conception de l’art littéraire : « Il n’a en littérature qu’une théorie : c’est qu’il ne faut pas en avoir. Il a le goût des livres vigoureusement charpentés, animés de péripéties violentes, où l’intérêt ne languisse pas un instant ». Une exigence tenue puisque La Steppe rouge est « une suite d’histoires terribles, où le lecteur palpite sans arrêt ».
29422