Jules et Jim – Les Deux Anglaises et le Continent

Henri-Pierre Roché

Jules et Jim – Les Deux Anglaises et le Continent

Paris, Gallimard, (mars) 1953 et (avril) 1956.
2 vol. (125 x 190 mm) de 252 p. et 1 f. ; 306 p. et 1 f. Reliures souple en veau naturel blanc estampé d’une plaque originale à l’eau forte figurant chacune un décor, gardes de chèvre velours, titres à la chinoise à la feuille d’or blanc, tranches dorées sur témoins à l’or blanc, chemises et étui (reliures signées de Louise Bescond – titrages Claude Ribal, 2020).


Édition originale.

Un des 55 et 25 premiers exemplaires sur pur fil (n° 50 et n° 10).

Ces deux romans essentiels d’Henri-Pierre Roché sont intimement liés à François Truffaut, puisqu’il les adaptera tous les deux. La lecture, en 1953, de Jules et Jim, « le premier roman d’un vieillard de soixante-quatorze ans, a déterminé ma vocation de cinéaste. […] J’ai eu le coup de foudre pour ce livre ». Dix ans plus tard, il fera tourner Oskar Werner, Henri Serre et Jeanne Moreau pour incarner les personnages de Jules, Jim et Catherine. J’ai essayé de transposer fidèlement ce beau livre que l’éditeur Gallimard présentait ainsi : “Un pur amour à trois”. » Avant d’être élevé au Panthéon du Cinéma français, le film échappe de peu à l’interdiction totale, pour sa prétendue immoralité. Il sort en France avec une interdiction aux moins de 18 ans. 

Avant de découvrir Les Deux Anglaises et le Continent, adapté en 1971, qu’il considéra comme son chef-d’œuvre cinématographique.

À cette date, Roché était mort. Non sans avoir laissé ses mémoires, qu’il tiendra jusqu’à l’avant-veille de sa mort, en avril 1959 : il y livre de nombreuses clés, en parlant en toute franchise de sexe, d’art et de littérature. Il revient évidemment sur l’importance de son diptyque formé par Les Deux Anglaises et Jules et Jim, qui lui donne l’envie de publier un jour son Journal, prévoyant de l’intituler Victor :
« Tandis que [ce dernier] reflète ma vie de trente à quarante ans, Deux Anglaises la refléterait de vingt à trente ans. Mais peut-être serait-il plus courageux et plus attachant de bâtir un ensemble sur ma vie sentimentale et ‘virile’, avec mon journal intime ? ». Ce dernier sera publié en 1991.

Jules et Jim est la célèbre histoire d’un amour à trois : Jules, un poète juif allemand séjournant à Paris avant la première guerre mondiale, rencontre Jim, poète français qui devient son inséparable ami. Ils font de concert quelques conquêtes féminines, jusqu’à ce que Jules épouse Kathe, allemande elle aussi, en visite culturelle en France également…l’amour de Jules pour Kathe ne fonctionnant vraiment que s’il est complété par celui de Jim… Monument fondateur du polyamour, il est largement autobiographique : Jules et Jim se sont rencontrés à Paris, alors qu’ils étudiaient ensemble. 

Henri-Pierre Roché va raconter l’histoire de leur amitié et de leurs amours entre la France et l’Allemagne à 10 000 lieues des soubresauts de la Grande Guerre. Jim, c’est lui, ou presque ; et Jules et Kathe sont directement inspirés par l’écrivain autrichien Franz Hessel et par Helen Grund (Berlinoise, fille d’un banquier prussien protestant) : ils sont les parents de Stéphane Hessel.

Mais l’histoire remonte aussi à un peu plus loin : Henri-Pierre Roché fut un bourreau des cœurs, peintre, écrivain et marchand d’art qui rencontre en 1916 Marcel Duchamp. A Paris, Roché se faisait le mécène des femmes artistes qu’il séduit, fréquente le Montmartre du Bateau-Lavoir avant d’être missionné aux Etats-Unis par le Haut-commissariat de la République française chargé d’encourager l’entrée en guerre des USA. C’est là qu’a lieu la rencontre avec Marcel Duchamp, alors la coqueluche des élites à New York. Duchamp vient de rencontrer Beatrice Wood, le 27 septembre 1916, pour laquelle il éprouve, tout de suite, un fort penchant … ce qui ne l’empêche pas de la présenter à Roché qui devient le premier amant -l’initiateur- de la jeune femme, tout en restant officiellement avec Marcel Duchamp. 

Cet étrange trio franco-américain, Roché s’en souviendra vraisemblablement aussi au moment de rédiger son roman, comme beaucoup d’autres histoires de sa prime jeunesse où, pendant ses études à Paris, entre 1898 et 1900, “Hachepé”, comme l’appelle Duchamp,  mène « une double vie au cours de laquelle il enterre sa vie de garçon avec une rouerie systématique en abusant d’annonces matrimoniales (…) et diverses manipulations sentimentales qui resteront une constante de sa vie (…) L’expérience est assez déstabilisante pour qu’en mars sa mère l’envoie quelques semaines en cure hydrothérapeutique à l’institut Sonnenberg de Carspach en Alsace ».

Magnifiques exemplaires en reliures à décor de Louise Bescond.

Elles ont toutes deux figuré à l’exposition “Louise Bescond | Reluires 2017 – 2019” organisée en décembre 2021 par la Librairie Métamorphoses.

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