Paris, Hachette, (2 janvier) 1978
1 vol. (150 x 220 mm) de 147 p., 2 et [4] f. Broché, non coupé.
Édition originale.
Un des 20 premiers exemplaires sur vergé d’Arches (n° 5), seul papier.
En 1970, le peintre américain Joe Brainard publie chez Angel Hair Books, à New York, I Remember : un mince volume de 35 pages, recueil de courts textes commençant tous par les mots «I Remember», imprimés à 700 exemplaires. Selon David Bellos, Harry Mathews parle peu après de ce livre à Perec, sans le lui communiquer (D. Bellos, Georges Perec. Une vie dans les mots, Seuil, p. 482). Ils ne seront traduits en français qu’en 1997, chez Actes Sud.
Brainard publiera à la suite deux autres volumes, More I Remember (en 1972) et More I Remember More (en 1973). C’est cette année-là que, le 21 janvier, Perec note le premier de ses « Je me souviens » (Bellos, op. cit., p. 542).
Brainard et son éditeur new yorkais Full Court Press regroupent les trois recueils publiés, en y ajoutant de nouveaux textes. Au total, environ 1480 «I Remember», qui ont pour la plupart entre une et quatre lignes, y prennent place, sous le titre générique I Remember, imprimée à 112 exemplaires numérotés.
C’est l’année suivante que les premiers « Je me souviens » de Georges Perec sont publiés dans Les Cahiers du chemin (n° 26, 15 janvier 1976, p. 83-108) : un petit herbier de souvenirs dans lequel Georges Perec épingle 163 spécimens de sa mémoire et qu’il fait précéder de ces lignes : « Le titre, la forme et, dans une certaine mesure, l’esprit de ces textes, s’inspirent des I remember de Joe Brainard ».
Perec augmentera les siens à 480 pour la publication en volume en 1978 chez Hachette, dans la collection P.O.L. créée par Paul Otchakovsky-Laurens, lequel fondera, en 1983, la maison d’éditions P.O.L. : le logo des éditions est un hommage à Georges Perec qui, au chapitre 94 de La Vie mode d’emploi, évoque « sept pastilles de marbre, quatre noires et trois blanches, de manière à figurer la position que l’on appelle au go le Ko, ou Éternité ».
Le manuscrit de Je me souviens, conservé au fonds Perec de la Bibliothèque nationale de France (site de l’Arsenal) est constitué d’une centaine de feuillets, comportant principalement les textes 1 à 348, augmentés de fragments intitulés « Espèces d’espaces », « Notes de chevet et de fragments sans titre », datés en 1973 et 1977. Un travail de fond, réfléchi, qu’il sait semé d’erreurs : « Je sais que Je me souviens est bourré d’erreurs, donc que mes souvenirs sont faux ! » (in Je suis né, « Le travail de la mémoire », p. 91), mais qu’importe.
Quelques mois après la parution de Je me souviens est publié La Vie mode d’emploi, qui remportera le prix Médicis et couronnera l’oeuvre de Perec. À tirage de tête presque équivalent (20 exemplaires pour l’un et 21 pour l’autre) l’on croise nette- ment moins Je me souviens que La Vie mode d’emploi : nous avons répertorié 12 des 21 exemplaires de La Vie mode d’emploi, contre seulement 3 pour Je me souviens ! (exemplaires n° 2, broché, et n° 13, relié par Jean de Gonet).