[Paris, E. Dentu, imp. G. Morand, 1894].
1 vol. (145 x 200 mm) de 369 p. ch., [1] et 1 f. Demi-basane rouge, dos lisse orné d’un fleuron, titre doré, double filet doré sur les plats (reliure de l’époque).
Épreuves corrigées, complètes.
En 1892, de retour du Danemark, Léon Bloy reprend sa collaboration avec le Gil Blas pour une série de trente-huit articles : autant de tableaux, anecdotes et récits militaires inspirés par son expérience de la guerre de 1870 ainsi qu’une série de contes ‘cruels’. Les premiers formeront Sueur de Sang, publiés en 1893 ; les seconds seront regroupées sous le titre Histoires désobligeantes, l’année suivante. Elles ciblent pour la plupart les bourgeois, « ces hommes qui ont l’air d’être pluriels » et « font semblant d’être vivants », le monde moderne et ses turpitudes, décryptant avec verve et talent un réel trop souvent sordide, ou tout du moins risible. Plus légèrement, il décrit par exemple l’usage du téléphone, un « irresponsable véhicule des sottises ou des turpitudes contemporaines », faisant de Bloy – supposé réactionnaire – un précurseur : ce qu’il disait du téléphone, nous le disons maintenant des réseaux sociaux. Selon Bloy, il s’agit là d’un « attentat plus grave […] puisqu’il avilit la parole même » (in « Le Téléphone de Calypso », nouvelle XVIII).
Ces précieuses épreuves – avec de nombreuses corrections et additions autographes – ont été composées par l’imprimerie Morand, à Orléans, du 24 juillet au 24 août 1894, et sont soigneusement revues par Bloy, qui a notamment ajouté une dédicace en tête de chaque histoire.
Au dernier feuillet, longue note de Bloy à son imprimeur :
« Je prie M. Morand de ne pas s’impatienter de mon apparente indécision. Mais l’arrangement de mes derniers chapitres présentait certaines difficultés. Je ne savais où placer exactement le conte intitulé « Marchenoir » dont il fallait calculer l’effet avec le plus grand soin. Je suis fixé désormais après force hésitations. Ce chapitre sera, non pas le dernier, mais l’avant-dernier du livre et le nom de « Marchenoir » sera remplacé au titre seulement par celui de « Caïn » – « La Dernière trouvaille de Caïn ». Je désire ne donner le bon à tirer pour les feuilles à partir de la page 168 que sur la mise en pages définitive, suivant l’indication qui précède. Je prends cette occasion de rappeler à M. Morand que j’ai demandé une épreuve de la page au verso du faux-titre de mon ouvrage. »
Ancienne collection Daniel Sickles (XV, n° 6185).