1 sculpture (114 cm) en bois laqué polychrome, réalisée et peinte à la main par Michel Aroutcheff.
Tirage limité à 738 exemplaire.
Première version de 1988. Bien complète de la pastille “aroutcheff” collé sous la base.
En avril 1950 sont fondés les Studios Hergé qui permettent à Hergé de s’entourer d’assistants : l’un des premiers employés fut Bob De Moor, qui assiste Hergé d’abord en free-lance dès mars 1950, avant d’être engagé à plein temps en 1954 comme premier assistant.
Son premier travail sera pour le diptyque Objectif Lune et On a marché sur la Lune, où il se chargera tout particulièrement des somptueux décors de la base de lancement, des ceux de la surface lunaire et des véhicules. Sa première réalisation sera l’illustration pleine page découvrant la fusée lunaire sur son pas de tir : il ne lui a pas fallu moins d’un mois pour venir à bout de ce véritable piège à perspective et lignes de fuite !
Hergé, qui était féru de sciences, a empreint son oeuvre d’hyperréalisme, rendu possible par sa formidable capacité de documentation afin, pour chaque album, de l’ancrer au maximum dans la réalité. C’est pourquoi Hergé s’inspire et demande conseil, pour son histoire, à deux spécialistes du voyage spatial, Bernard Heuvelmans et Alexandre Ananoff : en mars 1950, 7 ans avant le lancement du premier Spoutnik, les éditions Fayard publient « L’astronautique » qui va devenir un « classique » reconnu par la communauté scientifique ; c’est Albert Weinberg , le créateur de Dan Cooper, qui recommande l’ouvrage d’Anenoff à Hergé.
Le dessinateur découvre l’ouvrage alors qu’il va commencer « On a marché sur la lune ». Le livre l’enthousiasme et il prend alors contact avec Ananoff, qui acceptera de guider les premiers pas sur la lune du père de Tintin, qui puise dans l’ouvrage une quantité de renseignements précieux qu’il reproduira presque tels que, comme les couchette ergonomiques sur laquelle les héros dessinés s’allongeront pour supporter la pression lors du décollage où la large cabine de pilotage circulaire bardée d’instruments, pour laquelle il aimerait, lui écrit-il : « … que mes personnages empruntassent un astronef « aussi vrai que possible »…J’ai lu votre livre… avec le plus vif intérêt… et j’y ai découvert en pages 264 et 265, un dessin…il montre une quantité d’appareils dont j’ignore, je l’avoue, la raison d’être. C’est pourquoi je me suis permis de prendre un calque du dessin et de vous l’envoyer, afin que vous ayez la gentillesse d’indiquer, en regard de chaque numéro, le nom et la fonction de ces instruments de bord…” (lettre à Ananoff du 18 avril 1950).
Pour le remercier et lui rendre hommage, Hergé dessinera son livre bien en évidence sur le coin de la table lors de la séquence ou Tournesol teste, à coups de marteau, la solidité son nouveau casque en plexiglas : cette illustration sera la une du journal Tintin du 11 mai 1950.
Hergé se sert de prototypes pour dessiner le matériel de la fusée et ne se détourne pas des connaissances sur l’aspect de l’espace et de Lune ; il fait réaliser par Arthur Vannoeyen une maquette en matériaux composites pour servir de référence : Bob de Moor dispose ainsi d’un modèle pour que la fusée, et notamment sa structure interne, apparaisse de façon cohérente dans chaque case.
« …Je voulais que Bob de Moor au moment de la dessiner, sache exactement à quel endroit du véhicule spatial les personnages se trouvaient. Il était essentiel que chaque détail fût à sa place, que tout fût parfaitement au point…« expliquait Hergé.
La préparation de cet épisode est sans doute la plus complexe jamais mise en oeuvre par Hergé. Concrètement, Objectif Lune et On a marché sur la Lune, respectivement 16e et 17e aventure de Tintin, commencent dans les pages du magazine Tintin en mars 1950. Galvanisé par l’ampleur du projet, l’auteur se mêle de tout. Il visite le Centre de recherches atomiques des Acec à Charleroi et engage une correspondance avec son responsable, Max Hoyaux, précise encore Benoît Peeters. Le père de Tintin édicte aussi un principe dont il ne déviera pas: il refuse de dériver vers le fantastique ou la science-fiction. J’aurais pu représenter des animaux monstrueux, des êtres incroyables, des bonshommes à deux têtes et me casser la figure… J’ai donc pris mille précautions: pas de Sélénites, pas de monstres, pas de surprises fabuleuses!, explique-t-il à Numa Sadoul dans les fameux Entretiens avec Hergé (Casterman).
En envoyant Tintin dans l’espace, Hergé a prouvé son esprit visionnaire. Son aventure lunaire a su préfigurer la mission Apollo 11, près de quinze ans avant que Neil Armstrong ne pose le pied sur l’astre lunaire. Ce que retiendront avant tout les générations de lecteurs qui ont lu ces deux albums, c’est bien sûr la fusée à damier rouge et blanc, qui deviendra mythique. Il semble même que ce soit la véritable héroïne d’On a marché sur la Lune. Elle s’inspire bien évidemment de la fusée V2 allemande conçue par Wernher von Braun. Sorti entre 1950 et 1954, ce diptyque reste intemporel et la fusée lunaire au damier rouge et blanc est devenue un véritable symbole non seulement de l’oeuvre d’Hergé, mais aussi de la bande dessinée en général.
Michel Aroutcheff s’empare de l’iconique fusée en 1986, pour des répliques en bois laquées. La première série connaîtra cinq taille : 11,5 cm, 23 cm, 37 cm, 67 cm et enfin 114 cm, la version la plus grande. Une nouvelle version, conçue dans les années 1990, connaîtra une ultime grande taille avec la confection d’une fusée de 160 cm, réalisée à une trentaine d’exemplaires.
« Il y a les plans dans l’album et je m’en suis inspiré pour créer une réplique que j’ai déclinée en différentes tailles », raconte-t-il. Avant cela, Michel Aroutcheff avait tout de même eu l’élégance de demander une autorisation à la veuve d’Hergé. « J’ai été le premier à obtenir une licence” ! Depuis, les relations avec la société Moulinsart, qui gère l’ensemble des droits relatifs à l’oeuvre d’Hergé, se sont bien envenimées avec deux procès, gagnés par l’artiste. « La justice a reconnu que c’était une création et non pas une copie ou une contrefaçon, explique-t-il. En gros, je suis propriétaire du volume, des proportions de cette fusée et eux du dessin. On ne peut donc pas fabriquer une réplique sans mon autorisation” – et sans la leur dorénavant.
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