1 sculpture (114 cm) en bois laqué polychrome, blanc et rouge.
La fameuse fusée d’Objectif lune et d’On a marché sur la lune.
Création originale, fabriquée et peinte par Michel Aroutcheff. Elle est bien complète de la pastille « Aroutcheff » collée sous la base et en parfaite condition de neuf, avec sa pointe.
Rare exemplaire signé au feutre noir indélébile par le créateur sur un aileron.
En avril 1950 sont fondés les Studios Hergé qui permettent à ce dernier de s’entourer d’assistants : l’un des premiers employés fut Bob De Moor, qui l’assiste d’abord en free-lance dès mars 1950, avant d’être engagé à plein temps en 1954 comme premier assistant : il se consacrera en premier lieu au diptyque Objectif luneet On a marché sur la lune, où il se chargera tout particulièrement des somptueux décors de la base de lancement, de ceux de la surface lunaire et des véhicules. Sa première réalisation sera l’illustration pleine page découvrant la fusée lunaire sur son pas de tir : il lui a fallu pas moins d’un mois pour venir à bout de ce véritable piège à perspective et lignes de fuite.
Hergé, féru de sciences, a mâtiné son œuvre d’hyperréalisme, rendu possible par sa formidable capacité de documentation pour ancrer chaque album au mieux dans la réalité. C’est pourquoi il s’inspire et demande conseil, pour son histoire, à deux spécialistes du voyage spatial, Bernard Heuvelmans et Alexandre Ananoff : en mars 1950, sept ans avant le lancement du premier Spoutnik, les éditions Fayard publient de ce dernier L’Astronautique qui va devenir un « classique » reconnu par la communauté scientifique ; et c’est Albert Weinberg, le créateur de Dan Cooper, qui recommande l’ouvrage d’Anenoff à Hergé. Le livre l’enthousiasme et Ananoff accepte de guider les premiers pas sur la lune du père de Tintin, qui puise dans l’ouvrage une quantité de renseignements précieux qu’il reproduira presque tels que, comme les couchettes ergonomiques sur lesquelles les héros dessinés s’allongeront pour supporter la pression lors du décollage ou la large cabine de pilotage circulaire bardée d’instruments, pour laquelle il aimerait, lui écrit-il, « que mes personnages empruntassent un astronef ‘aussi vrai que possible’… J’ai lu votre livre… avec le plus vif intérêt… et j’y ai découvert en pages 264 et 265, un dessin… il montre une quantité d’appareils dont j’ignore, je l’avoue, la raison d’être. C’est pourquoi je me suis permis de prendre un calque du dessin et de vous l’envoyer, afin que vous ayez la gentillesse d’indiquer, en regard de chaque numéro, le nom et la fonction de ces instruments de bord… » (lettre à Ananoff du 18 avril 1950).
Pour le remercier et lui rendre hommage, Hergé dessinera son livre bien en évidence sur le coin de la table lors de la séquence où le professeur Tournesol teste, à coups de marteau, la solidité de son nouveau casque en plexiglas : cette illustration sera la Une du journal Tintin du 11 mai 1950.
Hergé se sert de prototypes pour dessiner le matériel de la fusée et ne se détourne pas des connaissances sur l’aspect de l’espace et de la lune ; il fait réaliser par Arthur Vannoeyen une maquette en matériaux composites pour servir de référence : Bob de Moor dispose ainsi d’un modèle pour que la fusée, et notamment sa structure interne, apparaisse de façon cohérente dans chaque case. « Je voulais que Bob de Moor au moment de la dessiner, sache exactement à quel endroit du véhicule spatial les personnages se trouvaient. Il était essentiel que chaque détail fût à sa place, que tout fût parfaitement au point » expliquait-il. Galvanisé par l’ampleur du projet, il se mêle de tout : il visite le Centre de recherches atomiques des Acec à Charleroi et engage une correspondance avec son responsable, Max Hoyaux, fort d’un principe dont il ne se départira pas : le refus du fantastique ou de la science-fiction. « J’aurais pu représenter des animaux monstrueux, des êtres incroyables, des bonshommes à deux têtes et me casser la figure… J’ai donc pris mille précautions : pas de Sélénites, pas de monstres, pas de surprises fabuleuses ! », explique-t-il à Numa Sadoul dans les fameux Entretiens avec Hergé (Casterman).
Son aventure lunaire a su préfigurer la mission Apollo 11, près de quinze ans avant que Neil Armstrong pose le pied sur l’astre lunaire. Ce que retiendront avant tout les générations de lecteurs qui ont lu ces deux albums, c’est bien sûr la fusée à damier rouge et blanc, véritable héroïne d’On a marché sur la Lune et symbole non seulement de l’œuvre d’Hergé, mais encore de la bande dessinée en général !
Michel Aroutcheff s’empare de l’iconique fusée en 1986, pour des répliques en bois laquées. La première série connaîtra cinq tailles : 11,5 cm, 23 cm, 37 cm, 67 cm et enfin 114 cm, la version la plus grande. Une nouvelle version, conçue dans les années 1990, connaîtra une ultime grande taille avec la confection d’une fusée de 160 cm, réalisée à une trentaine d’exemplaires. « Il y a les plans dans l’album et je m’en suis inspiré pour créer une réplique que j’ai déclinée en différentes tailles », raconte-t-il. Avant cela, Michel Aroutcheff avait eu l’élégance de demander une autorisation à la veuve d’Hergé. « J’ai été le premier à obtenir une licence » ! Depuis, les relations avec la société Moulinsart, qui gère l’ensemble des droits relatifs à l’œuvre du dessinateur, se sont bien envenimées avec deux procès, gagnés par l’artiste. « La justice a reconnu que c’était une création et non pas une copie ou une contrefaçon, explique-t-il. En gros, je suis propriétaire du volume, des proportions de cette fusée et eux du dessin. On ne peut donc pas fabriquer une réplique sans mon autorisation » – et sans la leur dorénavant.
Etat de neuf absolu, sans aucune égratignure.
Condition exceptionnelle, qui plus est signée par Aroutcheff.
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