Paris & Genève, J. J. Paschoud, 1809.
3 vol. (120 x 195 mm) de 424, 395 et 392 p. Demi-veau brun, dos ornés de fleurons à froid et roulettes dorées, pièces de titre et de tomaison, tranches jaunes mouchetées (reliure légèrement postérieure).
Édition originale de la traduction française.
Au début des années 1790, le philosophe anglais William Godwin expose un « principe de population ». Réagissant principalement à la thèse alors développée par Godwin, Malthus fait alors paraître la première édition de son Essai sur le principe de population, un pamphlet qui paraît – anonymement – en 1798. Il y substitue en 1803 ce qui se veut un traité plus scientifique, dans lequel il se réfère aussi à quatre autres sources importantes : Of the Populousness of Ancient Nations de David Hume, A Dissertation on the Numbers of Mankind de Robert Wallace, Observations on Reversionary Payments de Richard Price et An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations d’Adam Smith.
Deux ans après cette parution, l’Essai fait l’objet d’une traduction partielle par le Suisse Pierre Prévost, qui fut professeur de physique et de philosophie à l’Université de Genève. Certains chapitres sont intégralement traduits, tandis que d’autres ne le sont que partiellement. Prévost accompagne sa traduction de notes et commentaires personnels ; encouragé par Malthus, il fait paraître en 1809 à Paris et à Genève cette nouvelle édition, la première complète, donnée d’après la dernière établie par Malthus en 1807 (la quatrième édition anglaise). « [Malthus] m’a même autorisé en conséquence à y faire les changements que j’estimer[a]is nécessaires. Je n’ai pas abusé de cette permission. Je me suis prescrit au contraire de faire connaître l’ouvrage de M. Malthus, tel qu’il l’a lui-même publié. L’appendice est la seule partie où j’ai fait des retranchements et quelques modifications, sans les indiquer en détail ; parce que les objections que l’auteur y discute m’ont paru quelquefois trop faibles ou trop particulières, pour mériter d’être exposées et réfutées dans une traduction, avec autant d’étendue qu’elles le sont dans l’original. Mais j’ai supprimé certains morceaux et même des chapitres entiers, qui s’écartent un peu du sujet principal ou qui sont trop immédiatement relatifs à l’Angleterre. »
« L’Essai du révérend Malthus causa, en 1798, un véritable choc idéologique dans une Angleterre en crise, traumatisée par la Révolution française. Ce texte contient la première formulation – inchangée dans les cinq éditions suivantes – du principe de population. Avancée fondamentale, ce principe affirme que les vitesses de croissance de la population et des subsistances sont très différents, la première augmentant plus rapidement que la seconde .» (INED, préface à l’édition critique de 2017). Son analyse des crises de surproduction l’oppose à Jean-Baptiste Say et en fait un précurseur de Keynes – par l’accent qu’il met sur l’insuffisance de la demande – , ce dernier soulignant qu’il est « le premier des économistes de Cambridge ».
Rare première traduction française de cette référence majeure dans l’histoire des idées.
Bon exemplaire.
De la bibliothèque Antoine Larue, avec ex-libris.
Antoine Larue, directeur dans plusieurs entreprises de l’industries chimique dans la deuxième partie du XXe siècle, était aussi un fin bibliophile. Sa bibliothèque sera dispersée en 1985 puis 1993, à l’Hôtel Drouot, par Claude Guérin.
Printing and the Mind of Man, n° 251 (pour l’édition originale anglaise de 1798) ; Kress, B, 5591.