Le Théâtre. Les Tragédies et Comédies.
Pierre & Thomas Corneille

Le Théâtre. Les Tragédies et Comédies.

[Amsterdam], Suivant la Copie imprimée à Paris, [Abraham Wolfgang], 1664 et 1665-1668.
10 vol. (75 x 134 mm) de 1 portrait, 9 frontispices et 61 figures. Maroquin rouge, dos à nerfs ornés de caissons dorés, titre, tomaisons et dates dorés, médaillon ovale au centre des plats cerclé de petits fers et entrelacs dorés, encadré d’un double jeu de filet doré, doublures de maroquin bleu, roulette et filets dorés encadrant une large dentelle dorée, fleurons d’angle, double garde peignée, tranches dorées sur marbrure (reliure signée de Pierre-Marcellin Lortic).

 

Le théâtre complet de Pierre et Thomas Corneille : de L’Illusion comique à Rodogune, en passant par Le Cid, Cinna ou Polyeucte.

Exemplaire de choix, aux bonnes dates, sans exceptions (de 1662 à 1678) aux pedigrees impeccables : Pierre-Marcellin Lortic, Henri Bordes et Jules Lemaître. Cette édition est précisément décrite par Picot dans sa Bibliographie Cornélienne, sous le n° 381. Elle est célèbre et contient d’admirables gravures, illustrant la totalité du théâtre des deux frères.
Aux cinq premiers volumes de Pierre, l’éditeur poursuit, jusqu’en 1678, avec les Tragédies et Comédies de son frère, Thomas.

Un des plus beaux exemplaires connus de cette « charmante édition exécutée à Amsterdam par Abraham Wolfgang, et justement recherchée, sinon pour le texte lui-même, du moins pour la beauté de l’impression et du papier et pour l’élégance des figures. Cette édition a l’avantage de donner, non pas un choix, mais la suite complète des pièces de Corneille. Elle est devenue depuis quelques années, dit M. Brunet, un objet d’une très grande importance auprès des bibliomanes français, et il est fort difficile d’en trouver des exemplaires complets. » (Picot, 381). Assertion confirmée par Willems : « Cette collection est difficile à réunir. Les exemplaires qui ne laissent rien à désirer pour les dates des pièces et la grandeur des marges se paient fort cher. »

C’est le cas de cet exemplaire, en exceptionnelle condition et d’une grande hauteur de marges (134 mm). Toutes les pièces, figures, titres généraux, figures et frontispices sont bien présents, ainsi qu’une grande partie des feuillets blancs qui séparent parfois les pièces. Il est bien complet de l’avis de l’imprimeur au lecteur et du portrait au tome 1, souvent manquants.

Les cinq volumes du Théâtre de Pierre Corneille portent tous la marque d’Abraham Wolfgang, signée « Quarendo » et dite au ‘Renard guettant sa proie’.

I. Partie : frontispice gravé représentant le buste de Corneille couronné par deux Renommées, avec ce titre: Le Théâtre de P. Corneille ; portrait de Corneille, sans nom de graveur ; 5 ff. pour un avis de l’Imprimeur au Lecteur (avis signé A. W.) et la table des pièces de Pierre et de Thomas Corneille ; -1 f. blanc, 74 pp. pour le Discours du Poëme dramatique et les Examens, et suivent les huit pièces (de Mélite à l’Illusion comique). Chaque pièce, précédée d’une figure et d’un titre, a une pagination distincte.

II. Partie : frontispice gravé représentant deux Amours, dont l’un déploie un voile sur lequel on lit: Le Théâtre de P. Corneille, et l’autre grave des armes sur une pierre ; titre,92 pp. contenant le Discours de la Tragédie et les Examens, et suivent les sept pièces (du Cid à la Suite du Menteur). Chaque pièce, précédée d’une figure et d’un titre, a une pagination distincte.

III. Partie : frontispice gravé, représentant la Vérité debout sur une boule entourée de rois orientaux ; cette figure tient une écharpe sur laquelle on lit : Le Théâtre de P. Corneille ; 1 f. pour le titre ; 68 pp. pour le Discours des trois Unitez et les trois Examens ; 1 f. blanc, et suivent les sept (de Rodogune à OEdipe). Chaque pièce, précédée d’une figure et d’un titre, a une pagination distincte.

IV. Partie : 6 ff. prél. comprenant le frontispice gravé, le titre et l’Avertissement de Sertorius ; suivent les quatre pièces: Sertorius (1664), La Toison d’or (1662), Sophonisbe (1663), et Othon (1665). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

[V. Partie], qui réunit les pièces publiées par Wolfgang, de 1666 à 1676 : Agesilas (1666), Attila (1667), Tite et Bérénice (1671), Pulchérie (1673) et Surena (1676). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

Ces cinq volumes sont complétés par les cinq de son frère, Thomas Corneille :

I. Partie: 2 ff. pour le frontispice gravé et le titre ; suivent Les Engagements du hazard (1662) ; Le Feint Astrologue (1663) ; Bertran de Cigarral (1663) ; L’Amour à la mode (1663) ; Le Berger extravagant (1663) ; Le Charme de la Voix (1662). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

II. Partie: 2 ff. pour le frontispice gravé et le titre ; suivent Le Geolier de soy mesme (1662) ; Les Illustres Ennemis (1662) ; Bérénice (1662) ; Timocrate (1662) ; La Mort de l’empereur Commode (1662) ; Darius (1662). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

III. Partie: 2 ff. pour le frontispice gravé et le titre: Stilicon (1662), 1 fig., 4 ff. et 75 pp. ; le Galand doublé (1662), 1 fig., 1 f. et 82 pp. ; Camma (1662), 1 fig., 4 ff., 74 pp. et 1 f. blanc ; Maximian (1662), 1 fig., 4 ff., 74 pp. et 1 f. blanc. Ces quatre pièces sont les seules qui soient mentionnées au verso du titre de la 3e partie, mais Wolfgang continua son édition à mesure que Th. Corneille fit paraître de nouvelles pièces. Il convient donc d’ajouter à ce volume Pyrrhus, roy d’Epire (1666), et Persée et Demetrius (1666). Ces deux pièces sont ici bien présentes et les titres ont été ajoutés anciennement à l’encre dans la liste. Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

IV. Partie, 1676: 2 ff. pour le frontispice gravé et le titre ; suivent Antiochus (1666) ; Laodice (1668) ; Le Baron d’Albikrac (1670) ; La Comtesse d’Orgueil (1671) ; Théodat (1673) ; La Mort d’Annibal (1673). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

V. Partie, 1678: 2 ff. pour le titre et la table ; suivent Ariane (1674) ; Circé (1676) ; La Mort d’Achille (1676) ; Don Cesar d’Avalos (1676) ; L’Inconnu (1678) ; Le Comte d’Essex (1678). Il n’y a pas de frontispice gravé comme titre général, mais chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

Élu au fauteuil 14 à l’Académie française, en 1647, Pierre Corneille en était le doyen lorsqu’il mourut en octobre 1684. Tous les membres de l’Académie française s’en émurent et proposèrent à son frère, affligé,de pourvoir au siège vacant. Il y sera élu à l’unanimité le 2 janvier 1685, à ce même fauteuil 14 ; Thomas ne pouvant décemment faire l’éloge de son frère qu’il remplace, ce fut Racine qui fit l’éloge de Pierre Corneille en même temps qu’il recevait Thomas. C’est le seul exemple dans l’histoire de l’Académie française d’un tel double discours par le même académicien.

Voltaire dit du frère cadet, qu’exception faite de Racine « il était le seul de son temps qui fût digne d’être le premier au-dessous de son frère. C’était un homme qui aurait une grande réputation s’il n’avait point eu de frère ». Bon grammairien, Thomas Corneille travailla au Dictionnaire, fit un Dictionnaire des termes des arts et des sciences en deux volumes, un Dictionnaire universel géographique et historique en trois volumes. À l’Académie, il recevra Fontenelle, le 5 mai 1691.

Exceptionnelle réunion des oeuvres des deux frères, en parfaite condition. L’exemplaire a été établi avec un soin délicat et attentionné par Pierre-Marcellin Lortic, puis vendu à Henri Bordes.

Né à Saint-Gaudens le 4 avril 1822, le Gascon Pierre-Marcellin Lortic, dit “le frondeur”, arrive à Paris à la fin des années 1830 et intègre comme ouvrier l’atelier de Pierre-Paul Gruel : le jeune homme se distingue par un fort caractère et des conceptions personnelles qu’il affirme haut et fort et, alors qu’il n’a que 22 ans, s’installe en 1844 au 199 rue Saint-Honoré, adresse qui sera la sienne jusqu’à son déménagement au 1 rue de la Monnaie, vers 1860.

” Les reliures de Pierre-Marcellin Lortic se distinguent par le poli de leur maroquin, leur fermeté, leur légèreté, la finesse de leurs cartons et leurs nerfs très pincés et la subtilité de leur dorure, même si « Le Frondeur » n’est pas doreur et qu’il confie ses travaux aux plus grands spécialistes de l’époque, notamment Wampflug et Maillard (…) Au delà de son perfectionnisme et de la maîtrise incontestable dont il fera preuve, il va révolutionner cet art industriel qu’est la reliure, que ce soit au niveau de la relation avec le bibliophile, de l’approche commerciale, développant une conception très personnelle de son art et n’apprécie que modérément la critique et le conseil des bibliophiles. De là naîtra peut-être sa principale innovation commerciale : ne plus attendre le client, acquérir lui-même des ouvrages, les relier à son goût et les proposer directement à la vente dans un atelier qui devient également, par le fait, une librairie. Le concept est révolutionnaire, à une époque où la reliure de luxe procède de la commande d’un particulier qui apporte ensuite son ouvrage chez le relieur, avec ses indications. Il vaudra à Lortic les critiques des libraires et des amateurs, mais démontre que le relieur avait une très bonne connaissance du livre et des goûts de l’époque, si ce n’est bibliographique ” (Hugues Ouvrard, in Portrait de Pierre-Marcellin Lortic, en ligne).

Son goût sûr le pousse d’ailleurs vers des ouvrages d’exception ou des raretés bibliographiques qu’il établit avec grand soin et dont il ne se dessaisit que pour les vendre aux grands bibliophiles de son époque qui sont ses clients : Ambroise Firmin-Didot, – qui possédait 504 reliures signées par lui ! -, l’architecte Joseph Lesoufaché, le duc d’Aumale, l’architecte Hippolyte Destailleurs, l’armateur bordelais Henri Bordes, le duc de Parme, le duc d’Aumale, le duc de Rivoli, Edmond de Goncourt, Auguste Poulet-Malassis, Charles Asselineau, Théodore de Banville et bien sûr Charles Baudelaire, qui confia à Lortic la reliure de huit exemplaires de l’édition originale des Fleurs du mal.

Depuis 1876, Lortic collait dans le coin gauche du premier contreplat de ses reliures une étiquette représentant huit livres empilés indiquant les multiples autres prix qu’il obtient à Londres (en 1851, il n’a alors que 29 ans), Paris (1855 et 1878), Vienne (1873) et Philadelphie (1876). Il devient, en 1878, le premier relieur français fait chevalier de la Légion d’honneur et modifie alors son ex-libris en y ajoutant cette décoration. Ce Corneille porte cette marque, ce qui permet de dater la reliure de ces années là. Il met fin à ses activités professionnelles en 1884 ; ses fils reprendront la suite.

Notre exemplaire contient cet ex-libris à chaque volume, en plus de son fer, situé au centre du premier contreplat, qui est sa signature.

Des bibliothèques Pierre-Marcellin Lortic (ex-libris, troisième version de 1878), Henri Bordes (ex-libris et vente, 1911) ; Jules Lemaitre (ex-libris et vente, 1917).

Picot, Bibliographie cornélienne, 381 (cite un exemplaire en maroquin rouge doublé de maroquin bleu, de la collection Benzon, mais c’est probablement un autre exemplaire) ; Willems, p. 466.

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