New York, Reynal & Hitchcock, [février] 1942.
1 vol. (140 x 210 mm) de 255 p. et 1 f. Cartonnage et jaquette illustrée de l’éditeur, étui.
Édition originale – elle paraît avant l’édition française.
Envoi signé : « Pour Madame Clayburg, à qui je veux prouver que j’écris très bien l’anglais. Et en respectueux hommage. Antoine de Saint Exupéry ».
L’exemplaire a ensuite été offert par la dédicataire : “To Adair (My favorite pilot) – A souvenir of another great flyer and human being. Alma [Clayburgh [le h souligné !] Grew.”
En janvier 1941, Antoine de Saint-Exupéry décide de quitter définitivement la France occupée et de s’établir à New York. Il travaille aux dernières lignes de Flight to Arras, entame Citadelle et un « conte pour enfants » qu’il a finalement décidé d’illustrer lui-même, peu convaincu par les dessins trop élaborés de son ami Bernard Lamotte – celui qui avait réalisé ceux de Wind, Sand and Stars [Terres des hommes] ni par ceux qu’il est en train de lui fournir pour ce Flight to Arras, dans lequel il veut saluer le courage et la force des jeunes pilotes : Gavoille évidemment, mais aussi Sagon, Pénicot, Dutertre, Hochedé, le commandant Alias et le lieutenant Israël. Par ce texte, il tente d’expliquer aux Américains la situation de la France, sa capitulation, afin d’inciter les États-Unis à entrer en guerre.
Le texte paraît en pré-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, puis en volume le mois suivant : c’est un best-seller, et la voix de Saint-Exupéry semble être entendue. John Barbeen déclare : « Les critiques ne font pas que louer le talent de l’écrivain. Ils font pénétrer dans la presse l’idée d’une France profonde, différente de « l’état-major en perpétuelle retraite » […] Ils font sentir l’absurdité de voler, poursuivi par la chasse allemande, quand on n’a pu, en neuf mois, obtenir des avions résistant au froid des hautes couches de l’atmosphère », écrit-il dans The Chicago Herald le 29 mars 1942. L’œuvre sera en tête des best sellers pendant six mois : « ce livre est un grand et beau livre, peut-être le vrai livre de la guerre de 1939 » écrit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Nouveaux Temps le 8 janvier 1943.
Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry s’installeront à la fin de l’année 1942 dans l’appartement de Greta Garbo à Beeckman Place, à New York, où ils recevront les élites de la société new-yorkaise. C’est probablement lors d’une de ces soirées que l’exemplaire est offert à Alma Clayburgh, une célèbre chanteuse d’opéra, francophile et mécène. L’exemplaire fut ensuite légué à sa fille, Alma Eveline Clayburgh-Grew : cette dernière avait épousé en juin 1938 James Hooper Grew, qui enseignait alors le français à la fameuse Philips Academy d’Andover, au nord de Boston. Le couple, assidûment francophone, fréquentait également le cercle littéraire des écrivains exilés sur la côte Est.
Alma Clayburg-Grew, sans doute bien des années plus tard, en souvenir de Saint-Exupéry, offrit enfin l’exemplaire à un certain Adair, son « pilote favori ». En insistant dans sa signature sur la lettre oubliée au nom de sa mère par l’auteur du Petit Prince, lequel avait prouvé qu’il pouvait certes bien écrire l’anglais, mais être moins attentif à la graphie du patronyme de ses invités !
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