Paris, Corrêa, (10 juin) 1937
1 vol. (115 x 180 mm) de 389 p., [2] et 3 f. Maroquin bleu canard à bande, dos à nerfs orné, filets dorés sur les plats, tête dorée, couverture et dos conservés (reliure de l’époque).
Édition originale.
Un des 5 premiers exemplaires sur Japon (n° 3).
Poète, militant politique, avocat, journaliste, Charles Plisnier (1896-1952) fut le premier écrivain belge à obtenir le plus prestigieux prix français. Bien plus encore : le premier étranger tout court à être distingué par l’Académie.
À ce titre, il semble déjà avoir mieux franchi les décennies que plusieurs de ses confrères de fortune littéraire.
Faux passeports est un recueil de nouvelles, qui fut couronné contre Le Testament Donadieu de Georges Simenon. Deux belges en finale ? C’est une grande nouveauté. En fait, Plisnier avait déjà été cité l’année précédente, mais, en raison de sa nationalité, on lui avait refusé le prix alors que son roman Mariages avait était salué par la critique comme l’œuvre d’un « nouveau Balzac ». C’était donc écrit : le prix 1937 serait décerné à un francophone, mais pas à un français. Le sous-titre de Faux Passeports, Les Mémoires d’un agitateur, prennent en cela plus de sens qu’on n’avait voulu le voir puisque ce couronnement bouleverse les frontières géographiques du Goncourt.
Depuis, 11 autres écrivains étrangers auront eu ce privilège : deux autres belges (Francis Walder , 1958 ; François Weyergans , 2005) ; deux marocains (Tahar Ben Jelloun , 1987 ; Leïla Slimani, 2016) ; un suisse (Jacques Chessex , 1973) ; un canadien (Antonine Maillet , 1979) ; un libanais (Amin Maalouf , 1993) ; un russe (Andreï Makine, 1993) ; un américain (Jonathan Littell, 2006) ; un afghan (Atiq Rahimi, 2008) et un sénégalais (Mohamed Mbougar Sarr ; 2021).
Grâce à ce succès, Plisnier devint membre de l’Académie de langue et de littérature françaises, l’équivalent belge de notre Académie française. Une fois lauréat, Plisnier abandonna le barreau pour se consacrer à Meurtres, une saga de 5 volumes. Cette série fut adaptée en 1949 au cinéma avec un casting insolite réunissant Jeanne Moreau et Fernandel.
S’il était écrivain à part entière, Plisnier était aussi un homme engagé. Investi dès 1945 dans le fédéralisme wallon, il présida l’Union fédéraliste des minorités et régions européennes et s’avéra un défenseur précoce de l’Europe. Plisnier fut l’un des rares lauréats Goncourt à être proposé pour un prix Nobel de littérature (en 1952, décerné cette année-là à François Mauriac).
De la bibliothèque Gustave J. Nellens (ex-libris).
Dos éclairci.
✒️ Batailles pour le Goncourt, 231 ; Assouline, Du côté de chez Drouant, cent dix ans de vie littéraire chez les Goncourt.
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