Paris, Gallimard, (23 mars) 1972.
1 vol. (145 x 210 mm) de 372 p. et [3] f. Broché, non coupé.
Édition originale.
Un des 25 premiers exemplaires sur vélin de Hollande (n° 3).
Sur fond de quête identitaire, Gary fait état de blessures intimes, interrogeant en filigrane l’identité de cet espace communautaire balbutiant pour lequel il annonce la fin de la culture, « soluble dans l’économie de marché » : l’Europe, « enfin, dans la mesure où elle veut dire quelque chose, c’est avant tout l’apartheid : la culture d’un côté, la réalité sociale de l’autre […]. Elle n’a jamais su devenir ce qui aurait pu la faire naître : une concrétisation vécue de son imaginaire. » Gary va encore plus loin. Dans sa « Note pour l’édition américaine d’Europa », il fustigera la « belle culture européenne », capable de déception et de trahison : « lorsque les escadrons de la mort nazis se préparaient à mitrailler leurs victimes, les mères qui tenaient leurs bébés dans les bras étaient dispensées, pour cette raison, de creuser leur propre tombe : une telle délicatesse devait certainement relever de la Kultur. De même, quand l’armée française, au cours de la guerre d’Algérie, s’était mise à appliquer le gégène aux organes génitaux des rebelles qu’elle avait capturés, le général alors en charge avait soumis ses propres testicules à ce traitement avant de le faire appliquer aux autres – ce qui, à n’en point douter, participait également de la culture. »
À sa parution, le texte fut massacré par la critique. D’aucuns laisseront même entendre que cela détermina Gary à choisir d’écrire sous le pseudonyme d’Ajar. Quoiqu’il en soit, il en fut atteint, considérant ce livre comme l’un de ses plus importants.
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