D’un nouveau complot contre les industriels

Paris, Sautelet & Cie, 1825.
1 vol. (140 x 220 mm) de 24 p. Broché, sous couverture muette, chemise et étui à l’imitation.

Rare édition originale.

Deux siècles après sa parution, voici un texte bien prophétique : « Supposons qu’un mauvais génie envoie aux États Unis d’Amérique un président ambitieux comme Napoléon ou Cromwell, cet homme profitera du crédit qu’il trouvera établi en arrivant à la présidence et… il corrompra l’opinion ».

Dans ce pamphlet où il dénonce les effets du saint-simonisme, Stendhal prend la défense de l’individu contre les méfaits d’une société où sévissent l’argent et l’industrialisation : « la profession des industriels est fort estimable ; mais nous ne voyons pas en quoi elle mérite d’être plus honorée que toute autre profession utile à la société. […] Les industriels prêtent de l’argent aux gouvernants, et les forcent souvent à faire un budget raisonnable et à ne pas gaspiller les impôts. Là, probablement, finit l’utilité dont les industriels sont à la chose publique ; car peu leur importe qu’avec l’argent prêté par eux on aille au secours des Turcs ou au secours des Grecs. […] La raison est une déité sévère ; dès qu’on prétend la servir en prêchant une erreur, la toute puissante raison cesse ses effets bienfaisants, et la civilisation s’arrête. C’est donc hâter le bonheur de la France que de faire apercevoir nos grands industriels du ridicule qu’ils se donnent en fesant [sic] proclamer tous les samedis qu’ils sont supérieurs à toutes les classes de la société […]. Pendant que Bolivar affranchissait l’Amérique, pendant que le capitaine Parry s’approchait du Pôle, mon voisin a gagné dix millions à fabriquer du calicot, tant mieux pour lui et ses enfants. Mais depuis peu il fait faire un journal qui me dit tous les samedis, qu’il faut que je l’admire comme un bienfaiteur de l’humanité ».

Habile restauration en marge supérieure du f. 17-18, sans atteinte au texte.

Cordier, 69 ; Clouzot, p. 256 : « Rare. »