Paris, Gallimard, (10 avril) 1997.
1 vol. (145 x 215 mm) de 146 p., [3] et 3 f. Broché, non coupé.
Édition originale.
Un des 80 premiers exemplaires sur vélin pur chiffon (n° 16).
Fin 1988, Patrick Modiano lit dans le Paris-Soir du 31 décembre 1941 l’avis de recherche d’une jeune fille, Dora Bruder, « 1,55 m, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris… ». Ces lignes hantent l’auteur de La Place de l’Étoile qui engage alors une enquête minutieuse et obsessionnelle sur cette jeune fille de seize ans, qu’il arrache à l’oubli et à l’anonymat.
Aujourd’hui, déclare Modiano, « Dora Bruder devient un symbole. Elle représente désormais dans la mémoire de la ville les milliers d’enfants et d’adolescents qui sont partis de France pour être assassinés à Auschwitz, celles et ceux dont Serge Klarsfeld, dans son livre mémorial [Le Mémorial des enfants juifs déportés de France, FFDJF, 1994] a rassemblé inlassablement les photos pour qu’on puisse connaître leurs visages […]. Comme beaucoup d’autres avant moi, je crois aux coïncidences et quelquefois à un don de voyance chez les romanciers – le mot ‘don’ n’étant pas le terme exact, car il suggère une sorte de supériorité. Non, cela fait simplement partie du métier : les efforts d’imagination, nécessaires à ce métier, le besoin de fixer son esprit sur des points de détail – et cela de manière obsessionnelle pour ne pas perdre le fil et se laisser aller à la paresse, toute cette tension, cette gymnastique cérébrale peut sans doute provoquer à la longue de brèves intuitions “concernant des événements passés ou futurs”, comme l’écrit le dictionnaire Larousse à la rubrique “Voyance” ».
Tel que paru.