Discours de Suède

Albert Camus

Discours de Suède

Paris, Gallimard, (6 février) 1958.

1 vol. (120 x 190 mm) de 69 p. et [3] f. Broché, non coupé.

Édition originale.

Exemplaire poinçonné du service de presse. 

Envoi signé : « Je vous embrasse, mon cher Brice [Parain] ! A. ».

Bel exemplaire offert à Brice Parain, dans une dédicace qui témoigne de la proximité entre les deux hommes : Parain abritera Camus en 1944, à Verdelot, lorsque Camus, membre du réseau de Résistance Combat, craindra pour sa sécurité et préférera quitter provisoirement la capitale. 

Ces discours furent rédigés avec quelques conseils de Martin du Gard, pour qui Camus avait accepté de préfacer ses oeuvres complètes dans La Pléiade l’année précédente. Martin du Gard recommande à son cadet d’y aller avec modestie : « Abdiquez toute volonté, toute préférence, pendant ces quelques jours […], » lui donnant des conseils pratiques : comment se vêtir, se tenir, préparer de petits papiers pour «improviser» dans les toasts (« Les Suédois ont la manie de se lever, à toute occasion, un verre en main ») et, en point d’orgue, de rédiger un discours bref et important : « Un type comme vous, qui a cette occasion de s’adresser à un public international, se doit, à mon avis, de faire une déclaration importante, substantielle, significative, et qui fasse date » Ce sera le discours de Suède, ou « l’art de vivre par temps de catastrophe ». Camus suivra les conseils de son aîné : ” Un sage oriental demandait toujours dans ses prières que la divinité voulût bien lui épargner de vivre une époque intéressante. Comme nous ne sommes pas sages, la divinité ne nous a pas épargnés, et nous vivons une époque intéressante. En tous cas, elle n’admet pas que nous puissions nous désintéresser d’elle (…) Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.” 

Camus s’intéressera de près à la question du langage, centrale chez Brice Parain : il donnera notamment « Sur une philosophie de l’expression », qui sera publié dans la revue clandestine de Pierre Seghers Poésie 44 (n° 17, décembre 1943 et janvier 1944), texte dans lequel se trouve la fameuse citation « Mal nommer un objet c’est ajouter au malheur de ce monde, car le mensonge est justement la grande misère humaine, c’est pourquoi la grande tâche humaine correspondante sera de ne pas servir le mensonge (…). Il s’agit de savoir si notre langage est mensonge ou vérité : c’est la question que pose Parain…. Il s’agit de savoir si notre langage n’est pas mensonge au moment même où nous croyons dire vrai ».

Ecrasé par ce prix alors qu’il sait son “oeuvre en chantier”, Jean Daniel tire la leçon “Ah ! Ce Nobel ! Bien sûr il lui a donné la possibilité d’acheter la proprieté de Lourmarin, de mieux assurer la sécurité des siens et d’avoir la conscience plus légère lors d’une croisière en Grèce. Mais lorsqu’il s’est abattu sur lui, tout le monde a pensé, nous avons tous pensé, que c’était bien trop tôt  […] Et puis, trois ans après, la mort est venue signifier que cela avait failli être presque trop tard, bref que la la consécration était intégrée dans ce parcours d’exception” (in Dictionnaire Camus, article Nobel, pp. 613 et sq.). 

Le texte sera imprimé sur le presses de l’Imprimerie Moderne à Montrouge, le 6 février 1958. Il est dédié à Louis Germain, à qui Camus avait écrit dès novembre : “Ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes forces. » 

L’exemplaire est enrichi d’un photographie (tirage moderne) de Camus, félicité par le roi de Suède Gustav VI Adolph, au dîner du gala du 10 décembre 1957 à Stockholm.

28437

Vendu
Ce site utilise des cookies pour réaliser des statistiques anonymes de visites.
Ce site utilise des cookies pour réaliser des statistiques anonymes de visites.
Le site est en développement et des améliorations sont en cours. Nous nous excusons pour la navigation qui peut ne pas être optimale
Le site est en développement et des améliorations sont en cours. Nous nous excusons pour la navigation qui peut ne pas être optimale
This site is registered on wpml.org as a development site.