Monaco, Éditions littéraires de Monaco, (1er juillet) 1944
1 vol. (160 x 200 mm) de 123 p., [1] et 1 f. Broché.
Première édition illustrée, en partie originale.
Trois hors texte de Jean Fautrier.
Envoi signé : “à Paul Bonet, très fidèlement, Paul Éluard“.
Exemplaire de belle provenance : la rencontre de Paul Eluard avec Paul Bonet date des années 30 ; le relieur est installé depuis 1924, quatre ans après avoir découvert la reliure. Il a trente-cinq ans et ses premières reliures seront exposées l’année suivante au Musée Galliera et à l’exposition des Arts du livre français, où son talent passera inaperçu. Néanmoins, comme il l’indique dans ses Carnets, ces expositions lui « valurent la commande de quelques demi-reliures (…). Ce fut mon début réel et je ne connaissais aucun bibliophile ». Invité à Bruxelles chez le libraire Simonson, il y rencontre René Gaffé, qui lui confie à relier pour la première fois des auteurs surréalistes : d’abord la collection complète de La Révolution surréaliste, puis quatre titres d’Aragon : Anicet, Le Traité du style, Le Libertinage et Le Paysan de Paris. Suivront le Manifeste du surréalisme puis Ralentir travaux, qui aboutiront à la rencontre de Bonet avec André Breton et Paul Éluard.
Éluard sera le premier à lui confier quelques travaux – d’abord son propre exemplaire de Nadja en février 1931 -, tandis que Breton lui commande en octobre un ensemble de reliures et demi-reliures, que Bonet signale dans ses Carnets : « diverses autres reliures sur des oeuvres de Breton et Éluard », pour les deux poètes et pour le bibliophile René Gaffé.
Par la suite, Paul Bonet n’aura de cesse de croiser Paul Eluard, tant par amitié que par affinité en bibliophilie. Paul Eluard est, avec Guillaume Apollinaire – que Bonet n’a pas connu – le poète qu’il aura le plus relié : 75 entrées, sans compter les demi-reliures réalisées. Seul Apollinaire aura été (beaucoup) mieux traité avec 149 recensements, du fait de commanditaires plus nombreux.
Dignes de vivre est un recueil intéressant à plus d’un titre : il présente d’une part les illustrations de Fautrier, que Paul Eluard rencontre en début d’année 1944, par l’entremise de Jean Paulhan. Le peintre propose ses dessins au poète, lequel « se montre émerveillé ». Le recueil reprend d’autre part la deuxième édition de Poésie et Vérité 1942, avec en tête “Liberté”, que Paul Eluard augmente de quelques autres pièces poèmes. Ce recueil est ainsi un réajustement et une amplification du plus célèbre de ses recueils de poésie en Résistance, une ‘édition nouvelle, revue et augmentée’.
Un des exemplaires sur Corvol l’orgueilleux, non numéroté.
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