Danza macabra europea

Alberto Martini

Danza macabra europea

Trévise, Longo Domenico, s.d. [1914-1915]. 
1 vol. (490 x 340 mm) de 90 planches. Bradel demi-percaline violette à coins, dos lisse, pièce de titre (reliure de l’époque). 

 

Album unique, composé des lithographies originales de 42 dessins sur papier de chine collé, en double état, soit 84 effrayantes compositions (42 en couleurs avec leur suite, en tirage noir). Toutes les planches sont signées. 

Chacune de ces lithographies, au format carte postale (140 x 90 mm), est montée dans un encadrement de filet noir, surmontée d’une couronne impériale sur une feuille de papier vélin pur chiffon filigranée « A.BINDA C. MILAN », avec la mention imprimée : « Tirage unique pour le Prince Laforge de Vitanval » ; chaque planche est signée à la plume par l’éditeur, Longo Domenico, et par l’artiste, Alberto Martini. 

Ces caricatures satyriques hallucinatoires sont de l’artiste et illustrateur italien Alberto Martini (1876-1954), qui produit en 1915 une série de cartes postales de propagande alliée inspirées de la « danse macabre » médiévale. 

Les artistes, dans tous les pays qui ont participé au conflit, se sont attachés à glorifier leur patrie et à moquer et déshumaniser les troupes ennemies, en les représentant comme des bouchers, des violeurs et avec des traits difformes et grotesques. C’est dans ce contexte que Martini conçoit et réalise la série de cartes postales Danza Macabra Europea avec l’éditeur Longo de Trévise. Publié entre octobre 1914 et les premiers mois de 1916, le projet de l’oeuvre prévoyait initialement 36 lithographies à la plume qui, vu leur succès, furent divisées en 3 séries de 12 cartes postales, puis une quatrième série qui n’en comporte que 6. Les séries sont vendues sous enveloppe avec un dépliant explicatif à l’intérieur et des légendes en italien et en français au recto. 

Le succès des lithographies incita l’éditeur à imprimer par la suite deux nouvelles séries, en août 1915, mais uniquement avec les légendes en italien. 

Alberto Martini, peintre et graveur lithographe, est considéré comme un précurseur du surréalisme. Il côtoiera les membres du mouvement, et vivra à Paris à Paris à partir de 1928. On lui doit des portraits d’André Breton, de Francis Picabia de Max Ernst, ou encore de Miró. 

En excellent caricaturiste, Martini vilipende ici l’inhumanité de la guerre, par des charges surréalistes contre l’empire austro-hongrois. 

Le succès fut tel que le tirage alla jusqu’à 450 000 exemplaires. 

Exemplaire unique, composé spécialement pour « Le Prince Laforge de Vitantval ». 

Il contient les quatre séries, complètes, qui furent imprimées entre octobre 1914 et février 1915 : les dessins de Martini y sont reproduits en lithographies et contrecollés sur une planche de papier vélin, comportant une justification imprimée et, pour chaque planche, la signature de l’artiste. 

Un album unique, composé pour un personnage des plus extravagants : Dom Léon Prince Laforge de Vitanval. 

De son vrai nom Léon Laforge, né à Honfleur en 1873, le gentilhomme, fils du directeur de la raffinerie de sucre de la ville, fréquentait les cercles aisés de la région. Beau parleur, il quitte la Normandie pour Paris, où il s’invente une vie de prince. 

Érudit, féru de sciences (inventeur de l’aérofrein pour avion militaire et d’une baïonnette à fusil); il signa plusieurs livres d’histoire (dont un Mac-Mahon, chevalier sans peur et sans reproche chez Mame en 1890), de littérature (il signe ses poèmes « Babilas de La Briche à Retors »), avant de se parer de titres, de distinctions et d’honneurs ; il crée l’ordre des « Avocats de Saint Pierre », les « Palmes académiques du Saint Siège » et après avoir, parait-il, obtenu la bénédiction du Pape Léon XIII, crée l’Ordre princier des « Chevaliers de Saint Léon ». Véritable caméléon, il endosse tous les costumes possibles, arrêté plusieurs fois pour port illégal de l’uniforme. En 1901, quelques aristocrates floués, flairant l’imposture et sans humour, le firent arrêter : il sera puis condamné à six mois de prison pour port illégal de décorations et escroqueries (il monnayait fort cher les colifichets, diplômes et autres rubans honorifiques). 

Libéré, il parcourut l’Europe du Nord, l’Italie, l’Espagne, reprit ses titres, séduit une multitude de comtesses, conçut de subtiles friponneries d’ingénieries militaires avec de fausses brochures imprimées à l’appui, afin d’obtenir des fonds, publics ou privés. 

L’éditeur italien Domenico Longo, l’éditeur des cartes de Martini, tomba sous le charme du Prince, et accepta de lui publier un livret sur une de ses « inventions », l’avion de grand combat Vitanval. En affaires avec l’excentrique, il lui composa avec grand luxe cet album unique, faisant surmonter chaque lithographie de la « couronne impériale de Vitanval ». 

Après la guerre, le prince se fait roi de Transcaucasie sous le nom de Louis Ier : il en informe les grandes puissances en demandant l’admission de son royaume à la Société des nations : le tribunal de Nice l’expédie une nouvelle fois à l’ombre pour usurpation d’identité. On ignore si ses jours se terminèrent à l’asile ou en prison… 

Extraordinaire et unique réunion des 42 premières séries, complètes, en double état (couleur et noir), toutes légendées et signées par l’artiste. 

On trouve en tête de chaque partie une notice commentée et descriptive, légendant et numérotant chaque carte, sur un feuillet interfolié avant chaque série. 

Une page de titre a été spécialement réalisé pour cet album. 

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