[Copenhague, Menton, 1948-1949].
1 vol. (270 x 330 mm) renfermant 4 documents montés sur papier vélin paille. Box souple gris souris avec deux pièces de titres de veau rouge et marron rivetés sur les plats, doublures en vachette et gardes de velours rouges, chemise titrée en long, étui (reliure signée de Nobuko Kiyomiya, 2008).
Belle réunion de documents originaux sur la période danoise de Céline relatifs au départ des Destouches de l’atelier de ses premiers hôtes danois, le couple Jensen :
* Une lettre autographe signée (210 x 297 mm), recto-verso, sur le vergé jaune qu’employait Céline pendant l’exil, à l’encre bleue, écriture très lisible, datée Copenhague le 26 mai 1948 et signée « L.F. Destouches » : « Chers amis, Nous avons décidé de payer encore votre loyer jusqu’au 30 septembre soit ainsi 4 mois d’avance. Vous n’avez donc point à vous hâter de revenir […]. Cependant votre appartement est libre. Nous le quittons aujourd’hui » – lettre qui pose d’ailleurs un minuscule problème de chronologie, puisqu’il est communément admis que les Destouches s’installent à Korsör le 19 mai 1948 (voir Éric Mazet, « Repères chronologiques Avril-Mai 1948 », in Lettres à Antonio Zuloaga, p. 101). On sait par le témoignage d’Else Jensen que l’appartement fut rendu dans un parfait état de propreté et que Céline ne ménagea pas sa reconnaissance aux Jensen pour leur hospitalité.
* Deux récépissés de demande de carte d’identité des époux Jensen, chacun comportant une photographie soit d’Else soit de Henning Jensen.
* Une lettre d’Henning Jensen, destinée au consul général du Danemark, rédigée par et pour le compte d’Ercole Pirazzoli (le deuxième mari de la mère de Lucette Destouches, divorcée de Joseph Almansor). Le texte est une biographie hagiographique de « M. Pirazzoli commandeur de la couronne d’Italie, chevalier de la Légion d’Honneur, ancien industriel, secrétaire pendant plusieurs années de la délégation générale en France de la Croix-Rouge italienne, membre du conseil d’administration, pendant 22 ans, de la chambre de commerce italienne de Paris est une personnalité des plus honorables et des plus hautes qualités morales. Il n’a jamais fait de politique et tous ceux qui le connaissent aiment témoigner de sa grande bonté, de sa loyauté, de son honorabilité », qui a pour but de permettre l’obtention d’un visa pour permettre aux parents de Lucette de venir la visiter, elle et Céline, au Danemark. « Si nous avons pu obtenir, ma femme et moi, l’autorisation de séjourner en France, nous le devons à Monsieur et Madame Pirazzoli. »
* une photographie originale en noir et blanc prise à Menton représentant les époux Jensen, les époux Pirazzoli et une amie non identifiée.
Else Jensen et Henning Jensen étaient un couple d’artistes peintres et les premiers à les avoir, sur place, aidés. À l’époque de l’incarcération de Céline, Henning Jensen était également gardien de prison à la Vestre Faengsel, où il sympathisa avec Céline.
Ce dernier avait vu débarquer la police danoise le 17 décembre 1945, sur une demande d’extradition de la France. Lucette, libérée au bout de quelques jours, doit trouver un logement de toute urgence. « Une possibilité de logement s’est présentée alors grâce à ce gardien de prison […] qui rêvait d’aller dans le Midi avec sa femme. Nous avons conclu un accord. Ma mère [Gabrielle Pirazzoli, dite Gaby] a mis à sa disposition une chambre à Menton en lui laissant un peu d’argent et lui m’a laissé pendant ce temps son logement, un atelier de peintre, une soupente au 8 Kronprincessegade » (Vitoux, La Vie de Céline, p. 614). Lucette y emménage en septembre. Céline, lui, ne sera libéré que le 24 juin 1947. Ils allaient y séjourner près de onze mois, jusqu’au 19 mai 1948, date à laquelle ils acceptent l’offre de leur avocat Mikkelsen qui se propose de les loger dans son domaine de Korsör.
Très bel ensemble, rassemblé dans une création de Nobuko Kiyomya.
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