S.l.n.d. [Paris, Jouaust] 1856
1 vol. (93 x 155 mm) de 40 p. Maroquin rouge foncé, riche décor de filets et fleurons dorés au pointillé, dos à nerfs, titre doré et décor doré, double filet doré sur les coupes, dentelle intérieure, non rogné (reliure signée de Capé, dans le style de Le Gascon).
1 vol. (93 x 155 mm) de 40 p. Maroquin rouge foncé, riche décor de filets et fleurons dorés au pointillé, dos à nerfs, titre doré et décor doré, double filet doré sur les coupes, dentelle intérieure, non rogné (reliure signée de Capé, dans le style de Le Gascon).
Rare tiré à part des Variétés historiques et littéraires, précédé d’un avant-propos d’Edouard Fournier, qui revient sur l’historique de la parution du volume. Tirage unique à 105 exemplaires. Un des 3 exemplaires sur peau de vélin.
Délicate reliure aux filets dorés et petits fers héritage du XVIIe siècle, dans le style des ateliers de Ruette, Le Gascon ou Badier.
Célèbre satire, tout à la fois pamphlet et contre licencieux, écrit sous la forme d'un dialogue entre Scarron et Furetière. Il est principalement dirigé contre Charles Maurice Le Tellier, archevêque de Reims et frère du ministre de la guerre, M. de Louvois - qui a droit à quelques petites charges, et contre Madame de Maintenon et, à seigneur tout honneur, contre le roi Louis XIV lui-même.
Le texte est l'oeuvre d'un certain Chavigny. Entré, contre son gré dans la Congrégation de Saint-Maur, il prononça ses voeux à dix-neuf ans en 1671. Il poursuivit ses études au monastère de Saint-Denis, puis à Saint-Germain des Prés. Premier larcin : il s'enfuit avec six cents pistoles, et quitte la France pour les Pays-Bas, s'installant à Amsterdam, en 1682. Il publie rapidement, sous le nom de La Fond, des pamphlets dans Les Lardons, une feuille volante publiée chaque semaine en supplément à la Gazette d'Amsterdam, qui lui valent ses premiers ennuis : il est cité en septembre 1683 pour un « Mercure au gibet et le banqueroutier », puis convoqué devant le bailli pour dettes ; en octobre, on lui assigne un curateur de faillite et une interdiction de publication.
Il n'arrête pas pour autant de publier ses Lardons, s'attirant les foudres du comte d'Avaux, ambassadeur de France, qui, sur ordre de Louvois, réussira à les faire disparaître : nous n'en connaissons aucun numéro, si ce n'est un contenu approximatif par les citations qu'en fait le Mercure galant au premier semestre 1684. Il est à nouveau cité en justice le 29 août 1684, toujours à la demande du comte d'Avaux, cette fois pour un conte licencieux, célèbre bréviaire du libertinage, Vénus dans le cloître, paru chez Pierre Marteau, en 1683. Il ne se présente pas davantage devant le bailli. Il rédige à cette époque son Cochon mitré, qu'il fait circuler sous forme de manuscrit, avant d'en publier une édition, immédiatement saisie et détruite. Aucun exemplaire n'est aujourd'hui recensé dans les collections publiques. Renouard (Vente, III, 252) et Pixerécourt (Vente, 1838, n° 1587, ex. Nodier) semblent en avoir possédés néanmoins chacun un exemplaire. C'en est trop pour Louvois, qui s'adresse à d'Avaux pour qu'il intervienne auprès des autorités des Pays-Bas. Le 21 décembre, Chavigny est arrêté et, niant être l'auteur du Cochon mitré, libéré faute de preuve. D'Avaux soudoie alors deux complices de Chavigny, Michel Crosnier et Chapuzot La Chaise, qui l'attirent jusqu'à Bruxelles, où il est enlevé puis remis aux autorités royales le 4 mars, puis transféré à la Bastille. Ses supérieurs bénédictins, sur demande de Louvois, l'enferment dans la prison du Mont Saint-Michel où il restera treize ans, dans une étroite cage de bois, sans feu ni lumière. Il en sera extrait en 1698, infirme et fou, pour mourir peu après.
Précieux exemplaire, ayant appartenu au libraire Léon Techener (vente, II, 1887, n° 130), qui fut certainement le commanditaire de la reliure. Il fut acheté à sa vente par William Loring Andrews, bibliophile américain (ex-libris et note autographe, « Techener sale ») ; l'un des fondateurs du Grolier Club et de la Société des Iconophiles. Premier conservateur de la bibliothèque du Metropolitan Museum of Arts, il décède en 1920, et l'exemplaire est alors acquis par Cortlandt F. Bishop, pionnier de l'aviation et collectionneur de manuscrits et livres anciens, qui possédait l'une des plus importantes bibliothèques de l'entre-deux-guerres, qui comprenait une collection remarquable de reliures françaises à décor. Cinq ventes successives se tiendront après sa mort, entre avril 1938 et mai 1940. Il acheta, en 1923, la première maison de vente aux enchères américaines, l'American Art Association. Il est piquant de noter que l'ex-libris de Cortland Bishop soit ainsi fait : une mitre épiscopale sur deux crosses entrecroisées, avec « ex-libris / cortland / f. bishop » [Bishop signifiant évêque] respectivement distribué dans un phylactère placé au-dessus de la mitre et sur les deux fanons pendants.
L'exemplaire est conservé dans un admirable écrin-lutrin conçu et réalisé par Renaud Vernier.
Edouard Fournier, Le Cochon mitré, in Variétés historiques et littéraires pp. 209-244 ; Vicaire, ; Barbier, Gay-Lemonnier, I, 601 ; Barbier, I, 619 ; Eugène Hatin, Les Gazettes de Hollande, Paris, Pincebourdre, 1865, p. 107 et suiv.), Sgard, Dictionnaire des journalistes I, 1899, pp. 222-223 ; Bourgeois & André, Les Sources de l’histoire de France IV, n° 3000 ; Du Roure, Analectabiblion II, p. 412. ; P. Gout, Le Mont Saint-Michel, histoire de l’abbaye et de la ville, A. Colin, 1910, t. I, p. 364 et suiv. ; L.P. Manuel, La Bastille dévoilée, Paris, 1789-1790, t. III, p. 76, note 78.
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