Portrait photographique par le studio Harcourt

Albert Camus

Portrait photographique par le studio Harcourt

[Studio Harcourt, circa 1948]. Tirage argentique original, signé du studio Harcourt (175 x 225 mm).

 

Épreuve originale du studio « Harcourt ».

 

C’est le seul portrait de Camus effectué par Harcourt et la seule épreuve connue qui comporte la griffe autographe, au feutre blanc, du studio.

 

Il fut réalisé dans les années 1948-1949, sans doute à la demande de Jean Hébertot. Une seule épreuve de ce type était délivrée au « modèle » après sa pose, accompagnée d’autres épreuves griffées, mais où « Harcourt » était imprimé sur une petite étiquette apposée ton sur ton sur l’image, à partir desquelles étaient réalisées les contretypes utilisés ensuite pour les usages privés ou commerciaux.

 

La seule utilisation connue de ce portrait immédiatement à l ‘époque est celle faite pour le livret de la pièce Les Justes. Elle figure dans le programme imprimé pour les représentations qui auront lieu au Théâtre Hébertot, à partir du 15 décembre 1949. Dans ce livret, Maria Casarès a droit au même traitement, et on peut imaginer que cette série a été faite sur la demande d’Hebertot, afin de tirer des portraits « parisiens et luxueux » de l’auteur de la pièce et de ses acteurs et actrices : outre Casarès, Perdoux, Brainville, Lahaye et Serge Reggiani ont eu droit au même traitement par Harcourt. Seuls Paul OEtly et Michel Bouquet ont un portrait d’un autre studio. Notons que le portrait Harcourt de Camus utilisé est celui livré avec la griffe imprimée, à gauche de l’image. Il est alors âgé de 35 ans.

 

Le théâtre Hébertot avait, depuis 1956, pris l’habitude de reproduire les portraits des acteurs et metteurs en scène des pièces dans les petits livrets-programme qu’il délivrait aux représentations. La grande partie des photographies ont été réalisées par le studio Harcourt.

 

Nous avons connaissance de plusieurs autres tirages d’époque, avec la griffe Harcourt en coin gauche, dans l’image. Ce portrait a également été utilisé à partir de la même année pour les archives du « Secrétariat d’Etat à la Présidence du Conseil et à l’Information », organe d’état chargé de promouvoir les activités culturelles et les auteurs français. Un contretype moderne de notre image, avec la griffe signée, figure au fonds du CDHA (Centre de Documentation Historique sur l’Algérie, situé à Aix-en-Provence).

 

Cette photographie a par la suite été reprise dans l’iconographie d’Albert Camus, sans toujours être convenablement créditée, car parfois recadrée sans la griffe Harcourt. Elle figure notamment dans l’ouvrage Solitaire et solidaire, (p. 44, en photo d’agence Corbis).

 

Notre épreuve originale est la seule connue avec la signature Harcourt au coin droit de l’image, au feutre blanc ; la signature correspond bien à la griffe autographe des portraits réalisés à la fin dans les années 1947-1950.

 

Le studio Harcourt est créé en 1934 par les frères Lacroix, patrons de presse, Robert Ricci, fils de la couturière Nina Ricci, et Cosette Harcourt.

L’objectif est alors de répondre au besoin d’images des deux frères pour leurs publications et leurs revues. Cosette Harcourt, riche de son expérience dans le studio des frères Manuel – spécialisé dans le portrait et la photographie industrielle – devient rapidement la cheville ouvrière du projet. Elle met en place une stratégie bien définie qui permet de séduire la clientèle et de fonder la renommée du studio en utilisant les éclairages du cinéma, développant ainsi une esthétique nouvelle.

 

Chacun des tirages issus du studio se voit apposer la griffe Harcourt, qui évolue au fil des années. Installé à partir de 1938 dans un luxueux hôtel particulier au 49, avenue d’Iéna à Paris, le studio Harcourt devient le lieu de passage des personnalités et trouve son apogée à la Libération. Une brochure, publiée en 1947, décrit le parcours d’un client qui, « après avoir choisi la pose qui le met en valeur, passe entre les mains d’une maquilleuse qui, soulignant ou accentuant un regard […] rend possible un rendu plus fidèle du visage que les anciens procédés de retouche ». Il rejoint alors le studio où officie l’un des huit photographes employés par l’entreprise. Après la séance, les négatifs sont développés sur place et confiés à la retouche. Un tirage original, signé Harcourt, est remis au client dans l’un des salons. Outre cette épreuve, il reçoit d’autres tirages, siglés soit dans l’image, soit via une étiquette contrecollée.

 

Écrivains, artistes de variété, comédiens, hommes politiques, danseurs ou peintres s’y font photographier, puis le Tout-Paris, jusqu’à ses animaux de compagnie. Le studio réalisera ainsi plus de quatre cent mille commandes entre 1934 et 1979.

 

À la fin des années 80, le studio connaît des difficultés financières et envisage de céder à une institution publique les négatifs anciens. En juillet 1989, le ministre de la Culture Jack Lang décide de procéder à l’achat des collections du studio Harcourt : quatre millions de négatifs et de planches contact de 1932 à 1979, dont le ministère de la Culture devient dépositaire, conservateur et gestionnaire du fonds, sont ainsi confiés au service des Archives photographiques du fort de Saint-Cyr.

 

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