Les ouvrages indiqués en rouge ainsi ne sont plus disponibles.
Le classement est chronologique.
Le classement est chronologique.
1 | J-K HUYSMANS
L'Oblat
L'Oblat
Paris, Stock, (25 février) 1903
vol. (120 x 185 mm) de 2, [3] f., 448 p., [1] f. + [5] f. catalogue et 1 f. Broché, sous chemise et étui (Devauchelle).
vol. (120 x 185 mm) de 2, [3] f., 448 p., [1] f. + [5] f. catalogue et 1 f. Broché, sous chemise et étui (Devauchelle).
Édition originale.
Un des 15 exemplaires sur Japon impérial (n° 14) - après 10 exemplaires sur chine.
Un des 15 exemplaires sur Japon impérial (n° 14) - après 10 exemplaires sur chine.
Après Là-bas, d’En route et de La Cathédrale, Huysmans n'en a pas terminé de sa grande fresque romanesque de la conversion : on retrouvera Durtal une dernière fois, dans un portrait à peine déguisé de l'auteur, dans L'Oblat, reflétant l'expérience vécue de Huysmans dans la communauté de Ligugé où il devient, en 1901, ce « laïque vivant dans un couvent auquel il a donné ses biens ». Ce dernier volume constitue, avec La Cathédrale, la partie la plus intérieure de l'oeuvre de Huysmans.
Très bel exemplaire broché, tel que paru.
Neuf, non coupé.
Très bel exemplaire broché, tel que paru.
Neuf, non coupé.
28776
2 | Francis JAMMES
Pomme d'anis
Pomme d'anis
Paris, Émile-Paul frères, 1923
1 vol. (165 x 220 mm) de 85 pp., [3] et 1 ff. +7 planches. Broché.
1 vol. (165 x 220 mm) de 85 pp., [3] et 1 ff. +7 planches. Broché.
Édition originale.
Illustrée de 8 gravures de Valentine Hugo [Jean Hugo].
Un des 15 premiers exemplaires sur vieux japon (n° 3), avec une suite des illustrations tirées sur vergé.
Illustrée de 8 gravures de Valentine Hugo [Jean Hugo].
Un des 15 premiers exemplaires sur vieux japon (n° 3), avec une suite des illustrations tirées sur vergé.
Pomme d'Anis est né d'une rencontre faite à la gare de Mont-de-Marsan, en 1904, lorsque Jammes observe dans son wagon avec une jeune fille légèrement infirme - elle boitait - qui, se penchant à la fenêtre, voit arriver un jeune homme atteint de la même infirmité. « Pauvre garçon, aussi malheureux que moi », entend-il de la bouche de la jeune fille. Jammes s'empare alors de cette scène pour cette nouvelle dont il envoya les épreuves à Colette, avec qui une amitié solide s'était nouée depuis l'année précédente : " sa compréhension profonde de la campagne et de tous ceux qui la peuplent - hommes, bêtes et plantes -, sa pitié pour les humbles, son goût des vieilles demeures, des jardins parfumés (...) rien de Francis Jammes qui n'éveillât en Colette une ardente résonance " (in Colette & Francis Jammes, une amitiés inattendue). Cette dernière lui envoyant, pour qu'il les jugeât, ses premiers Dialogues de bêtes dont Jammes, in fine, donnera la préface. Les gravures sont de Jean Hugo : celles faites par Valentine, son épouse, furent perdues chez l'éditeur au moment du tirage et c'est alors son mari, l'arrière petit-fils de Victor Hugo, épousé en 1919, qui en composa 8 nouvelles afin de les remplacer. En dehors des lettres expliquant l’affaire, on connaît un exemplaire avec cette dédicace à quatre mains : « Avec ma fidèle amitié, cette imposture, Valentine Hugo, Jean Hugo ».
Monod, I , 6353 ; Talvart, X, 70 ; Carteret, V, 111.
25418
25418
3 | Louis ARAGON
Le Libertinage
Le Libertinage
Paris, Gallimard, (31 mars) 1924
1 vol. (120 x 190 mm) de 254 p. et [2] f. Broché.
1 vol. (120 x 190 mm) de 254 p. et [2] f. Broché.
Édition originale.
Un des rares exemplaires sur papier de couleur, celui-ci sur papier vert, marqué "exemplaire d'auteur".
Un des rares exemplaires sur papier de couleur, celui-ci sur papier vert, marqué "exemplaire d'auteur".
Aragon, « tenant du désordre », refusait les injonctions. Sa virulente préface, apologie provocatrice et brillante de l'amour et de l'anarchie, en atteste : « Je compris qu'on travestissait peu à peu ma pensée [...] on choisissait en moi le moins insolite, et j'allais plaire à ceux-là mêmes qui n'auraient pu parler cinq minutes avec moi sans colère [...]. Je n'ai jamais cherché autre chose que le scandale et je l'ai cherché pour lui-même. » Les « petites histoires, contes, nouvelles et scènes dialoguées » rassemblées dans Le Libertinage sont écrits entre l'éparpillement du mouvement dadaïste et la constitution du groupe surréaliste, dont le Manifeste sera publié en octobre par André Breton. Si l’ouvrage est dédié à Pierre Drieu la Rochelle, il est "écrit pour André Breton" (composé serait plus juste, puisqu'une grande partie des douze textes avait paru en revue) ; l’un des textes, « Mademoiselle à sa tour monte », lui étant expressément dédié et tout spécialement traduit pour cette édition - le texte n'avait paru qu'en anglais, en 1922, à New York. Il s'agit d'un conte en forme d'hommage au peintre Matisse qui constitue un manifeste de la modernité. On ne connaît qu’une poignée d’exemplaires et il semble s’agir du premier papier de couleurs imprimé chez Gallimard, dans un tirage sans doute des plus restreints : cinq exemplaires seulement sont connus : trois sans envoi et ceux offerts à Drieu et Breton.
Couverture restaurée.
28427
Couverture restaurée.
28427
4 | Maurice GENEVOIX
Raboliot
Paris, Grasset, (29 septembre) 1925
1 vol. (110 x 170 mm) de 349 p. et [1] f. Demi-chagrin havane, dos à faux nerfs ornés de filets dorés, titre doré, première de couverture seule conservée (reliure ancienne, années soixante).
Raboliot
Paris, Grasset, (29 septembre) 1925
1 vol. (110 x 170 mm) de 349 p. et [1] f. Demi-chagrin havane, dos à faux nerfs ornés de filets dorés, titre doré, première de couverture seule conservée (reliure ancienne, années soixante).
Édition originale.
Un des 56 exemplaires sur hollande (n° 17).
Un des 56 exemplaires sur hollande (n° 17).
On a dit qu'avec Raboliot, Genevoix inaugure le genre du roman écologique. Ce n'est pas faux ; les écrits de Giono relatifs à la ''Trilogie de Pan'' paraîtront à partir de 1928, on l’on serait en peine d’en trouver d’autres plus précoces, en tout cas en France. Pour écrire Raboliot, Genevoix s'est immergé au coeur de la Sologne, « dans une maison de garde isolée sur les bords d'un étang secret », confiera-t-il dans Jeux de glace où il prend certainement conscience qu'un monde, bouleversé par l'exode rural et la modernité, est en train de disparaître sous ses yeux. Dans une langue âpre et magnifique, à travers une histoire de chasses, de trahisons, de luttes sourdes et aussi d'amours contrariées, il chante le terroir et la liberté à travers son héros, Pierre Fouques dit Raboliot : un bûcheron, passionné de chasse et braconnier, qui refuse toute forme d’autorité. Ce personnage complexe, presque sauvage, finalement légendaire, fascinera le public et la critique. Le roman sera fort justement récompensé du prix Goncourt et fut, dès sa publication, un immense succès. Le tirage en grand papier est limité à 7 exemplaires sur chine, 13 sur japon, 20 réimposés pour « Les XX », ces 56 sur hollande puis 150 sur pur fil.
27995
27995
5 | Louis ARAGON
Traité du style
Paris, Gallimard, (28 avril) 1928
1 vol. (120 x 190 mm) de 236 p., [1] et 1 f. Broché.
Traité du style
Paris, Gallimard, (28 avril) 1928
1 vol. (120 x 190 mm) de 236 p., [1] et 1 f. Broché.
Édition originale.
Un des 25 premiers exemplaires hors commerce sur papier vert (n° 22), réservés à l'auteur.
Un des 25 premiers exemplaires hors commerce sur papier vert (n° 22), réservés à l'auteur.
Le Traité du style est dans la continuité directe des textes polémiques chers au surréalistes : son déclenchement vient d’un article de Marcel Arland dans la Nrf, qui assimilait le surréalisme à un « truc » littéraire. Aragon réplique. Rien de nouveau certes tant les réponses aux opposants au mouvement furent courantes, mais la démesure et l'excès prennent ici une proportion jusque là inédite, et cela sous la couverture blanche des éditions de la Nrf, elle-même largement brocardée. Plusieurs écrivains s’en émeuvent et la fronde couve, mais Gaston Gallimard défendra pourtant son auteur, contre Paul Valéry et André Gide, textuellement traités d'« emmerdeurs ». Rare tirage sur papier vert, deux ans après Le Libertinage. Ce tirage est maintenant annoncé comme limité à 25 exemplaires, hors commerce, « pour l’auteur ». Breton et Eluard, dans ces mêmes années, auront également droit à ces tirages spécifiques et colorés (sur papier vert, jonquille ou saumon). Notons également que Gallimard, pour ces papiers verts, décline le raffinement jusqu’aux couvertures : l’habituel double liseré d’encadrement sur le premier plan, habituellement rouge, est ici imprimé en vert. 28817
6 | Marcel PAGNOL
Fanny
Paris, Fasquelle, (mai) 1932
Fanny
Paris, Fasquelle, (mai) 1932
1 vol. (150 x 205 mm) de 213 p. et [1] f. Broché, à toutes marges.
Édition originale.
Un des 50 premiers exemplaires sur japon impérial (n° 23).
Un des 50 premiers exemplaires sur japon impérial (n° 23).
« Tu devrais écrire une pièce marseillaise qui se passerait sur le Vieux Port » : c'est à cette suggestion de Pierre Blanchard, ami de Pagnol et interprète de Jazz, que l'on doit la création de Marius, premier volet d’une trilogie. Marcel Pagnol, alors exilé à Paris, peinait à l'écriture de Topaze, encore intitulé à l'époque La Belle et la Bête. Il abandonna provisoirement cette pièce pour recréer chaque jour, dans son appartement parisien, le terroir provençal. Fanny constitue la deuxième partie de la trilogie, après Marius (1929). Ces deux premières parties ont été écrites par la scène, tandis que César (1936) sera directement écrit pour le cinéma, avant d'être adapté dix ans plus tard pour le théâtre. « Dans Fanny, il compose avec le personnage de Panisse, un portrait ambiguë des vertus et des petitesses d'une charité bien ordonnée. Pagnol retrouve alors une veine de moraliste laïque qui fit le succès de Topaze en 1928. Sans illusion, sans amertume ni mépris pour l'universalité des faiblesses humaines, il propose en alternative à la difficulté de vivre, un pessimisme à l'accent chantant » (Pierre Notte, secrétaire général de la Comédie-Française, lors de la reprise de la pièce au Vieux-Colombier, en 2008). Bel exemplaire broché, à toutes marges.
28215
28215
7 | Sacha GUITRY
Le Mot de Cambronne
Le Mot de Cambronne
Paris, Plon, 1938
1 vol. (190 x 250 mm) de [4] f., III-42 p. et [1] f. Broché, couverture illustrée.
1 vol. (190 x 250 mm) de [4] f., III-42 p. et [1] f. Broché, couverture illustrée.
Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur japon (n° 10). Photographie jointe : Guitry avec Marguerite Moreno sur scène. Tirage original d’époque, signature du studio Waléry, à l’encre. Loin de l'idée facile que l'on s'en fait, Le Mot de Cambronne emprunte une voie quelque peu différente, suggérée par Edmond Rostand en 1912 : « Saviez-vous que notre Cambronne avait épousé... une Anglaise ?... N'y aurait-il pas là un étonnant sujet de comédie ? » Guitry y songe pendant près de vingt-cinq ans, avant de passer à l'acte - la pièce n'en comporte qu'un - et faire intervenir Napoléon lui-même, qui prévient son ex-général « d'éviter les écarts de langage ». La scène se passe donc chez le général Cambronne, en 1821, marié à une Lady anglaise. Cette dernière, malgré son insistance, n'a jamais connu le mot célèbre prononcé par lui à la bataille de Waterloo, et dont elle entend toujours parler. Qui, alors, le prononcera ? Sur un sujet des plus minces et facilement scabreux, cette courte comédie (mais peut-on faire beaucoup plus long sur ces cinq lettres ?) reste en fait comme un des chefs-d'oeuvre de Guitry. Dès sa représentation, le 2 octobre 1936 au théâtre de la Madeleine, c'est un succès. ; pour sa centième pièce, « Guitry brille de l'éternel jeunesse de l’irrespect (…) qui représente à peu près tout ce qu'on peut écrire de plus joliment varié, de plus délicieusement risqué, de plus gaulois et de plus bouffon » (Pierre Saize), tandis que Gérard Bauer reconnaissait qu'il « n'y avait que deux Français pour mettre dans ce mot-là tant d'énergie héroïque et d'imprévisible grâce ». Fort de ce succès, Guitry réalisera immédiatement une version « filmée » aux studios de Billancourt : « C'était une émission de télévision avant la lettre, l'équivalent d'Au Théâtre ce soir si l'on veut. Nous avons tourné le film dans un décor unique, alors que Guitry jouait la pièce au théâtre. Les accessoires venaient du théâtre et y sont retournés aussitôt le travail terminé. Le tournage a duré en tout et pour tout une journée, de midi à sept heures, la pièce devant être jouée à nouveau le soir même ! » (in entretien avec Philippe Agostini [directeur de la photographie et opérateur sur ce film], Cinématographe, n°86 février 1983). Sa sortie en salle eut lieu le 26 mars 1937 au cinéma Normandie - Paris. Lorcey, 229-230. 23517
8 | [Sacha GUITRY]
Beau portrait avec dédicace autographe signée.
Beau portrait avec dédicace autographe signée.
Célèbre photographie, aux lunettes et à la chevalière : « À F.-A. Chassériau son ami lointain et fidèle qui se souvient d'heures exquises passées avec lui Sacha Guitry »
Frédéric-Arthur Chassériau (1865-1955) était le petit-fils du peintre. Ecrivain et mécène, figure culturelle de Biarritz, il était l'ami de Pierre Loti et de Francis Jammes. Sacha Guitry a dessiné son portrait. Ce portrait photographique, dont on ignore l’auteur, a été utilisé comme frontispice au catalogue de l'exposition Sacha Guitry et ses amis (Paris, Musée du Luxembourg, 1985, p. 4). 23561
9 | Paul CLAUDEL
Partage de midi
Partage de midi
Paris, Mercure de France, (7 février) 1948
1 vol. (150 x 210 mm) de 162 pp., 2 ff. et 1 f. blanc.
Première édition dans le commerce, en partie originale (pas de grands papiers).
Elle fait suite à l'édition donnée plus de quarante ans plus tôt, en 1906, imprimée à 150 exemplaires aux éditions de la Bibliothèque de l'Occident et diffusée aux proches de Claudel. Alors ambassadeur, il ne souhaitait pas faire jouer son oeuvre pièce et la diffuser davantage. Le texte, conforme et non remanié, est enrichi d'une préface inédite, datée de janvier 1948, essentielle pour bien comprendre les enjeux de cette publication tardive. C'est Rosalie Vetch, le grand amour de jeunesse de Claudel, qui avait inspiré le personnage d'Ysé (et de Prouhèze quelques années plus tard dans Le Soulier de satin) ; elle est enterrée à Vézelay, où sa tombe porte ce vers du poète : « Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'éternité » (extrait des Cent phrases pour éventails). La pièce sera montée 42 ans plus tard, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault ; la première eut lieu le 16 décembre 1948, au Théâtre Marigny. Edwige Feuillère tenait le rôle d'Ysé, Jean-Louis Barrault celui de Mesa, Pierre Brasseur jouait Amalric et Jacques Dacqmine était de Ciz. La mise en scène de Barrault, tout autant que la pièce, fut un grand succès, dans des costumes de Bérard. Elle sera reprise en 1954 (toujours à Marigny), puis en 1957 (au Théâtre des Nations), 1961 et 1966 (au Théâtre de l'Odéon), toujours avec Barrault et Feuillère.
Première édition dans le commerce, en partie originale (pas de grands papiers).
Elle fait suite à l'édition donnée plus de quarante ans plus tôt, en 1906, imprimée à 150 exemplaires aux éditions de la Bibliothèque de l'Occident et diffusée aux proches de Claudel. Alors ambassadeur, il ne souhaitait pas faire jouer son oeuvre pièce et la diffuser davantage. Le texte, conforme et non remanié, est enrichi d'une préface inédite, datée de janvier 1948, essentielle pour bien comprendre les enjeux de cette publication tardive. C'est Rosalie Vetch, le grand amour de jeunesse de Claudel, qui avait inspiré le personnage d'Ysé (et de Prouhèze quelques années plus tard dans Le Soulier de satin) ; elle est enterrée à Vézelay, où sa tombe porte ce vers du poète : « Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'éternité » (extrait des Cent phrases pour éventails). La pièce sera montée 42 ans plus tard, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault ; la première eut lieu le 16 décembre 1948, au Théâtre Marigny. Edwige Feuillère tenait le rôle d'Ysé, Jean-Louis Barrault celui de Mesa, Pierre Brasseur jouait Amalric et Jacques Dacqmine était de Ciz. La mise en scène de Barrault, tout autant que la pièce, fut un grand succès, dans des costumes de Bérard. Elle sera reprise en 1954 (toujours à Marigny), puis en 1957 (au Théâtre des Nations), 1961 et 1966 (au Théâtre de l'Odéon), toujours avec Barrault et Feuillère.
Bel exemplaire, enrichi d'une lettre de Paul Claudel à Jean-Louis Barrault, sur son papier en-tête du 11 boulevard Lannes.
L’auteur demande à son metteur scène de bien vouloir signer au verso, à la suite de sa signature, puis de demander aux trois autres acteurs d’en faire de même, afin de « procurer une satisfaction innocente au signataire de la lettre (…) puis de me renvoyer le tout », à l’attention du photographe Maurice Selb, à qui sera offert l’exemplaire en question. L’enveloppe qui accompagnera la lettre, effectivement signée par Edwige Feuillère, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur et Jacques Dacqumine, est adressée par Claudel et est conservée en tête. À la suite, une photographie, datée de la date de la première du 16 décembre, est montée sur onglet : elle représente les quatre interprètes de la pièce. On joint : Partage de midi. Paris, Gallimard, (12 mai) 1949. 1 vol. (120 x 190 mm). Broché. Nouvelle version pour la scène, revue et corrigée par Claudel après les représentations données au théâtre Marigny. Un des 35 premiers exemplaires sur vélin pur fil (n° XV). Claudel, dès les représentations de Marigny entamées, commence en effet une nouvelle version de sa pièce, ainsi qu’il l’explique à Barrault dans la même lettre : « Je viens de terminer la copie de ma nouvelle version du P.[artage]. 99 pages grand format ! Le tout est à la tape. Je vous enverrai un ex. Quand il me reviendra ». Il lui confie également venir subrepticement voir « sa » pièce : « Je vais de temps à temps au Th. Marigny et par l’étroite fissure d’une porte de loge, j’essaye de voir ce qui se passe sur scène… ».
29019
L’auteur demande à son metteur scène de bien vouloir signer au verso, à la suite de sa signature, puis de demander aux trois autres acteurs d’en faire de même, afin de « procurer une satisfaction innocente au signataire de la lettre (…) puis de me renvoyer le tout », à l’attention du photographe Maurice Selb, à qui sera offert l’exemplaire en question. L’enveloppe qui accompagnera la lettre, effectivement signée par Edwige Feuillère, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur et Jacques Dacqumine, est adressée par Claudel et est conservée en tête. À la suite, une photographie, datée de la date de la première du 16 décembre, est montée sur onglet : elle représente les quatre interprètes de la pièce. On joint : Partage de midi. Paris, Gallimard, (12 mai) 1949. 1 vol. (120 x 190 mm). Broché. Nouvelle version pour la scène, revue et corrigée par Claudel après les représentations données au théâtre Marigny. Un des 35 premiers exemplaires sur vélin pur fil (n° XV). Claudel, dès les représentations de Marigny entamées, commence en effet une nouvelle version de sa pièce, ainsi qu’il l’explique à Barrault dans la même lettre : « Je viens de terminer la copie de ma nouvelle version du P.[artage]. 99 pages grand format ! Le tout est à la tape. Je vous enverrai un ex. Quand il me reviendra ». Il lui confie également venir subrepticement voir « sa » pièce : « Je vais de temps à temps au Th. Marigny et par l’étroite fissure d’une porte de loge, j’essaye de voir ce qui se passe sur scène… ».
29019
10 | Tennessee WILLIAMS
Un tramway nommé désir
Adapté par Jean Cocteau
Paris, Bordas, (30 novembre) 1949
1 vol. (135 x 185 mm) de 218 p., [2] et 1 f. Demi-chagrin rouge, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couvertures et dos conservés. Monté en tête : « À propos d'Un tramway nommé désir ». Manuscrit autographe signé « André Maurois », (2 f. 195 x 255 mm).
Un tramway nommé désir
Adapté par Jean Cocteau
Paris, Bordas, (30 novembre) 1949
1 vol. (135 x 185 mm) de 218 p., [2] et 1 f. Demi-chagrin rouge, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couvertures et dos conservés. Monté en tête : « À propos d'Un tramway nommé désir ». Manuscrit autographe signé « André Maurois », (2 f. 195 x 255 mm).
Édition originale de la traduction française.
Traduction de Paule de Beaumont. Lithographies hors texte et couverture tirées par Mourlot, d'après des dessins de Jean Cocteau.
Traduction de Paule de Beaumont. Lithographies hors texte et couverture tirées par Mourlot, d'après des dessins de Jean Cocteau.
Exemplaire André Maurois.
Double envoi de la traductrice et d'Arletty : « J'ose pas... J'ose Arletty » ; « à deux grands amis, Simone et André, [Maurois] Paule [de Beaumont] ».
Double envoi de la traductrice et d'Arletty : « J'ose pas... J'ose Arletty » ; « à deux grands amis, Simone et André, [Maurois] Paule [de Beaumont] ».
Un tramway nommé Désir fut joué pour la première fois en décembre 1947, au théâtre Ethel Barrymore. Tennesse Williams remportera le Prix Pulitzer grâce cette oeuvre, qui franchit immédiatement les frontières pour être mis en scène au Théâtre de l'OEuvre, adapté par Jean Cocteau, avec Arletty et Daniel Ivernel comme acteurs principaux. La première est donnée le 17 octobre 1949 et deviendra ensuite la première oeuvre américaine à entrer au répertoire de la Comédie-Française. L'accueil critique pour cette première est néanmoins glacial : Jean-Jacques Gautier, dans Le Figaro, qualifie la pièce « d'atroce [et d'un] brutalisme élémentaire... une histoire bourrée de déshabillages, de bizarreries morbides, de bagarres, d'alcool à en être imbibé, de partie de cartes, de nègres, de braillements… ». La seule voie discordante est celle d’André Maurois, qui « loin de la meute, dans l'Aurore, osa émettre un compliment : la meilleure pièce qui nous soit venue d’Amérique » (Pierre Laville, in Préface à l'édition Laffont, 2011). Fort heureusement, le public suivra l’avis de Maurois et fait un triomphe à la pièce. Tennessee Williams, 37 ans à l’époque, décide de traverser l’Atlantique et de gagner Paris, où il est assailli par les journalistes : il les recevra... dans sa baignoire de l'hôtel Lutetia ! Effet médiatique garanti. Précieux et idéal exemplaire d'André Maurois, lequel aura fait relier en tête le manuscrit autographe de son article de L’Aurore. Le film, réalisé par Elia Kazan, sortira deux ans plus tard, le 18 septembre 1951. Il rafla quatre Oscars l’année suivante, dont celui de la meilleure actrice pour Vivien Leigh, sublimée par la présence d'un Marlon Brando tout en puissance. Non sans avoir de justesse évité une interdiction, demandée par la Ligue pour la vertu, laquelle obligera le studio Warner Bros d'ordonner une douzaine de coupes (4 minutes de film), sans en avertir Kazan. Elles ne furent retrouvées qu'en 1989 et réintégrés au film, ressorti dans son intégralité en 1993. Bandeau éditeur monté dans l'exemplaire. Ex-libris de la bibliothèque Maurois.
27643
27643
11 | André GIDE
Et nunc manet in te
Et nunc manet in te
Neuchâtel et Paris, Ides et Calendes, (13 août) 1951 1 vol. (120 x 185 mm) de 119 p. et [2 et 1 f.
Maroquin anthracite, plats et dos ornés d'un décor de losanges irréguliers mosaïqués en box gris clair sertis de filets à froid, dos lisse, titre doré, doublures et gardes de velours bleu, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés, chemise et étui bordés (reliure signée de P. L. Martin 1952).
Maroquin anthracite, plats et dos ornés d'un décor de losanges irréguliers mosaïqués en box gris clair sertis de filets à froid, dos lisse, titre doré, doublures et gardes de velours bleu, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés, chemise et étui bordés (reliure signée de P. L. Martin 1952).
Première édition dans le commerce.
Un des 49 premiers exemplaires sur papier de Chine (n° XXII).
Un des 49 premiers exemplaires sur papier de Chine (n° XXII).
Une édition privée à 13 exemplaires avait été tirée en 1947.
Jolie reliure géométrique de Pierre-Lucien Martin, strictement d’époque.
Dos très légèrement assombri.
Des bibliothèques Raymond Méry (Piasa, 2007, avec ex-libris) et Pierre Bergé (PBA, VI, n° 1461, avec ex-libris).
Naville, 434 et sq.
28589
Jolie reliure géométrique de Pierre-Lucien Martin, strictement d’époque.
Dos très légèrement assombri.
Des bibliothèques Raymond Méry (Piasa, 2007, avec ex-libris) et Pierre Bergé (PBA, VI, n° 1461, avec ex-libris).
Naville, 434 et sq.
28589
12 | Paul BONET
[André GIDE | [Et nunc manent in te]
Encre et mine de plomb sur calque (10, 5 x16,5).
Calque original pour la première des deux seules reliures que Paul Bonet créera pour ce titre.
Celle-ci est répertoriée dans les Carnets (n° 884) et est qualifiée de « simple et élégante ». Paul Bonet en donnera une variante, 25 ans plus tard, en 1966 (Carnets, n° 1556). Elles sont l’un et l’autre exécutées sur l’un des 13 exemplaires sur chine du tirage privé de 1947 (cf. Naville, 434). Cachet de la vente Paul Bonet, juin1990, et petit calque du titrage joint. 26928
Calque original pour la première des deux seules reliures que Paul Bonet créera pour ce titre.
Celle-ci est répertoriée dans les Carnets (n° 884) et est qualifiée de « simple et élégante ». Paul Bonet en donnera une variante, 25 ans plus tard, en 1966 (Carnets, n° 1556). Elles sont l’un et l’autre exécutées sur l’un des 13 exemplaires sur chine du tirage privé de 1947 (cf. Naville, 434). Cachet de la vente Paul Bonet, juin1990, et petit calque du titrage joint. 26928
13 | Albert CAMUS
La Chute
La Chute
Paris, Gallimard, (juin) 1956
1 vol. (115 x 180 mm) de 169 p., [1] et 2 f. Broché.
1 vol. (115 x 180 mm) de 169 p., [1] et 2 f. Broché.
Exemplaire du service de presse.
Envoi signé : « à Noëlle Hervé, en fidèle pensée, Albert Camus ».
Envoi signé : « à Noëlle Hervé, en fidèle pensée, Albert Camus ».
Noëlle Hervé prétendit en 1950 au prix littéraire du Palais Royal, lors de la parution de son premier ouvrage, Le fil d'Ariane.
Elle fut recalée par 7 voix contre 2 au tour final, sous prétexte qu'elle était naturiste et qu'elle avait l'habitude de réciter ses poèmes sur scène en toute nudité. Le jury était présidé par Colette et comprenait, parmi ses membres, entre autres, Jean Cocteau et Jean Paulhan. On ignore qui furent les deux soutiens de Noëlle Hervé. La jeune femme avait auparavant fait la une de plusieurs magazines de charmes, comme Paris-Hollywood (n° 89, 1949) ou Vintage magazine (n° 267, 1949 et n° 216, 1948) ; une page sur ses poèmes lui est même consacrée dans ce dernier numéro. Délaissant la poésie, Noëlle Hervé donne en 1955 L'Enfant du vieux monde, qui paraît en mai dans la collection Espoir, dirigée par Albert Camus. Le titre connaît un certain retentissement, confortant le choix de Camus dans sa volonté d'ouvrir sa collection à une voix surprenante et nouvelle, qui plus est féminine, dans le paysage de son époque.
Elle fut recalée par 7 voix contre 2 au tour final, sous prétexte qu'elle était naturiste et qu'elle avait l'habitude de réciter ses poèmes sur scène en toute nudité. Le jury était présidé par Colette et comprenait, parmi ses membres, entre autres, Jean Cocteau et Jean Paulhan. On ignore qui furent les deux soutiens de Noëlle Hervé. La jeune femme avait auparavant fait la une de plusieurs magazines de charmes, comme Paris-Hollywood (n° 89, 1949) ou Vintage magazine (n° 267, 1949 et n° 216, 1948) ; une page sur ses poèmes lui est même consacrée dans ce dernier numéro. Délaissant la poésie, Noëlle Hervé donne en 1955 L'Enfant du vieux monde, qui paraît en mai dans la collection Espoir, dirigée par Albert Camus. Le titre connaît un certain retentissement, confortant le choix de Camus dans sa volonté d'ouvrir sa collection à une voix surprenante et nouvelle, qui plus est féminine, dans le paysage de son époque.
Deux critiques du roman sera données dans Combat : elles seront excellentes, pour ne pas dire dithyrambiques. Malgré cela, la carrière, qu’elle soit littéraire ou artistique, de Noëlle Hervé semble s’arrêter à cette date. Ce sera l’avant-dernier titre qu’il éditera (le dernier sera celui de René Ménard, La condition poétique, en décembre 1959). Ne suivront plus que quatre titres de Simone Weil et la collection prendra fin en 1966. L’Enfant du vieux monde, avec L’Asphyxie de Violette Leduc (1946), Le Même bateau de Thérèse Milhaud (1950) et Le Témoin de Jean Bloch-Michel, sont les seuls romans parmi les 29 titres que comptera la collection.
29021
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14 | Albert CAMUS
Discours de Suède
Discours de Suède
Paris, Gallimard, (6 février) 1958
1 vol. (115 x 185 mm) de 69 p. et [3] f. Demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré, date en pied, couvertures et dos conservés.
1 vol. (115 x 185 mm) de 69 p. et [3] f. Demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré, date en pied, couvertures et dos conservés.
Édition originale.
Un des 210 exemplaires sur pur fil.
Envoi signé : « à Monsieur Maurice Selb, en sincère hommage, Albert Camus ».
Un des 210 exemplaires sur pur fil.
Envoi signé : « à Monsieur Maurice Selb, en sincère hommage, Albert Camus ».
Les Discours de Suède sont un ensemble de deux allocutions prononcées par l'écrivain à la suite de l'obtention du prix Nobel de littérature : celui du 10 décembre 1957, prononcé à Stockholm pour la remise du prix, et celui du 14 décembre 1957 prononcé à l'université d'Upsala, intitulée « L'artiste et son temps ». Si le discours de réception au Nobel est évidemment inédite, le second est une reprise : Camus avait donné, en novembre et décembre 1954, cette conférence plusieurs fois lors d’un séjour en Italie : à Gênes, Milan et Rome. Un séjour dont il gardera d’excellents souvenirs car, « à bien des égards, écrit-il à Jean Grenier, j’avais besoin de cette cure, car c'est est une. Après tout, la beauté guérit elle aussi, une certaine lumière nourrit (...). Et j'ai vécu si misérablement depuis une année que je ne me rassasie pas de cette fortune soudaine » (in (Correspondance, p. 197). Le texte de cette conférence n’avait jusqu’à alors jamais été publié, et le Nobel donne l’occasion à Camus de la remettre en pleine lumière. Le volume est dédié à Louis Germain, à qui Camus avait écrit dès novembre : « Ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève. ».
29020
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15 | Albert CAMUS
L'Intelligence et l'échafaud
L'Intelligence et l'échafaud
Bruxelles, éditions Dynamo, Brimborions, 14 janvier 1960
1 plaquette (140 x 190 mm) de 10 p. Et 1 f. Broché.
1 plaquette (140 x 190 mm) de 10 p. Et 1 f. Broché.
Édition originale.
Tirage limité à 51 exemplaires : 40 sur vélin Astra blanc et 11 sur Hollande -- celui-ci un des onze premiers (n° 9).
Tirage limité à 51 exemplaires : 40 sur vélin Astra blanc et 11 sur Hollande -- celui-ci un des onze premiers (n° 9).
C'est dans la revue Confluences, dans son numéro de juillet 1943, que paraît L'intelligence et l'échafaud. Les personnages « sont de curieux héros qui périssent tous de sentiments et vont chercher des maladies mortelles dans des passions contrariées », dit Camus, selon une tradition du roman français qui est d'aller droit au but, selon le prototype de La Princesse de Clèves. De son auteur, Mme de Lafayette, à Benjamin Constant et jusqu'à Proust, le texte est ici tout entier fondé sur l'admiration de l'art classique : Camus y reviendra deux ans plus, tard lorsqu'il préfacera les oeuvres de Chamfort ; il donnera également plusieurs résonances à ce texte dans les éditoriaux de Combat de l'année 1944. Celui du 12 octobre 1944 reprendra par exemple la formule de Goethe présente ici : « Mieux vaut une injustice qu'un désordre ». Cette plaquette est achevée d'imprimer le 14 janvier 1960, soit 10 jours après le décès accidentel de Camus, sur les route de Bourgogne. Elle paraît simultanément à l'autre hommage rendu par Pierre Aelberts pour sa collection "Brimborions", savoir le Albert Camus de Jean-Paul Sartre (cf. numéro suivant). Rare en grand papier.
29017
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16 | Jean-Paul SARTRE
Albert Camus
Albert Camus
Liège, Édition Dynamo, Collection Brimborions, n° 59 bis, (14 janvier) 1960
1 plaquette (140 x 190 mm) de 12 p. Broché.
1 plaquette (140 x 190 mm) de 12 p. Broché.
Édition originale.
Tirage limité à 51 exemplaires : 40 sur vélin Astra blanc et 11 sur Hollande -- celui-ci un des onze premiers (n° 10).
Tirage limité à 51 exemplaires : 40 sur vélin Astra blanc et 11 sur Hollande -- celui-ci un des onze premiers (n° 10).
Achevée d'imprimer le 14 janvier 1960, la plaquette reprend le texte d’hommage que Jean-Paul Sartre fait paraître dans France Observateur, trois jours après la mort accidentelle et prématurée d'Albert Camus, survenue le 4 janvier 1960. C’est une texte sincère, plus que de circonstance. On aurait pu imaginer l'inverse puisque la rupture entre les deux grands intellectuels de l'après-guerre avait eu lieu quelques années plus tôt, avec fracas et irréversibilité. Mais qui dit brouille dit amitié. Sartre et Camus avaient été, avant la date fatidique de leur éloignement, très proches, voir un temps inséparables. « Nous étions brouillés, lui et moi : une brouille, ce n'est rien - dût-on ne jamais se revoir -, tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m'empêchait pas de penser à lui, sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu'il lisait et de me dire: « Qu'en dit-il? Qu'en dit-il EN CE MOMENT ? » (...) Il représentait en ce siècle, et contre l'Histoire, l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les oeuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettres françaises. Son humanisme têtu, étroit et pur, austère et sensuel, livrait un combat douloureux contre les événements massifs et difformes de ce temps. Mais, inversement, par l'opiniâtreté de ses refus, il réaffirmait, au coeur de notre époque, contre les machiavéliens, contre le veau d'or du réalisme, l'existence du fait moral ». Il sera repris dans Situations IV, mais connaîtra auparavant cette parution séparée à petit nombre publiée, vraisemblablement sous le manteau, par l'éditeur belge Pierre Aelberts dans ses Brimborions.
Rare sur ce papier.
Rare sur ce papier.
17 | Georges PEREC
Les Choses
Les Choses
Paris, Julliard, 1965
1 vol. (115 x 200 mm) de 133 p. et [1] f. Maroquin noir à encadrement, dos lisse, titre doré, papier à décor sur les plats, doublures et gardes assorties, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée L. Gérard).
1 vol. (115 x 200 mm) de 133 p. et [1] f. Maroquin noir à encadrement, dos lisse, titre doré, papier à décor sur les plats, doublures et gardes assorties, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée L. Gérard).
Année de l’originale, après l’obtention du prix Renaudot.
Envoi signé : « Pour Madame Cohendy, hommage amical, Georges Perec ».
Envoi signé : « Pour Madame Cohendy, hommage amical, Georges Perec ».
Ce livre bref aura coûté à Perec quatre ans de travail et une traversée du désert pour sa publication. Voici, parmi les lettres de refus, celle des éditions Gallimard signée Georges Lambrichs : « Malgré les qualités d'intelligence évidentes, il semble que vous ayez perdu le pari de faire d'un livre sur l'ennui une lecture divertissante ou enseignante. Il est vrai que vos personnages sont ternes, un peu naïfs, sans frémissements réel. Croyez-moi, je suis bien déconcerté. » Fort de cette analyse, Perec remanie son texte et le renomme : La Grande Aventure devient Les Choses. Puis, grâce à Maurice Nadeau, directeur de collection chez Julliard, son manuscrit se retrouve sur le bureau de l'éminence grise de la maison, Christian Bourgois. Accepté. Fin octobre 1965, le roman est en train de devenir un succès de librairie ; le 21 novembre Perec reçoit le prix Renaudot et devient du jour au lendemain une célébrité nationale, photographiée, interviewée... Il n'a pas trente ans, reste simple et au lieu de s'allouer les services d'un agent, le romancier ne se déplace qu'en compagnie de sa petite filleule de treize ans, Sylvia, tandis que son livre figure déjà sur les listes officielles des best-sellers.
Mention de mille en 4e de couverture.
Bel exemplaire, bien établi.
28265
Mention de mille en 4e de couverture.
Bel exemplaire, bien établi.
28265
18 | Georges PEREC
La Vie mode d'emploi
La Vie mode d'emploi
Paris, Hachette, (25 août) 1978
1 vol. (140 x 205 mm) de 699 p. Broché.
1 vol. (140 x 205 mm) de 699 p. Broché.
Édition originale.
Premier tirage.
Envoi signé : « à Max-Pol Fouchet, avec mon très amical souvenir. Georges Perec » .
Premier tirage.
Envoi signé : « à Max-Pol Fouchet, avec mon très amical souvenir. Georges Perec » .
Treize ans après Les Choses, Georges Perec détonne à nouveau avec un énorme roman formant puzzle, à travers la description d'un immeuble, de ses habitants et des objets qui les entourent : des destins comme on peut les vivre... ou les subir. Dans ce gigantesque jeu, « Perec s'affirme comme un des créateurs les plus originaux et les plus considérables de la littérature moderne [auquel] il ne manquait qu'un roman de grande dimension. C'est ce que nous apporte La Vie mode d'emploi, où il renouvelle cette fois le genre picaresque. Tout en laissant l'humour et l'ironie travailler sa création, il y atteint, par les moyens les plus cocasses, la vraie profondeur » (Jacqueline Piatier, in Le Monde, 29 septembre 1978). Les envois sur le premier tirage sont rares. Quelques défauts à la couverture (deux plis angulaires, dos légèrement passé) et papier légèrement jauni en marge des premiers feuillets.
29018
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19 | J.-M.-G. LE CLÉZIO
Voyage à Rodrigues
Voyage à Rodrigues
Paris, Gallimard, (6 février) 1986 1 vol. (140 x 205 mm) de 135 et [1] p.
Broché, chemise et étui (Devauchelle).
Broché, chemise et étui (Devauchelle).
Édition originale.
Envoi signé : « Pour Monsieur François Mitterrand, en signe d'admiration, de respect, de proximité. J.-M. Le Clézio », enrichi d'un petit dessin.
Envoi signé : « Pour Monsieur François Mitterrand, en signe d'admiration, de respect, de proximité. J.-M. Le Clézio », enrichi d'un petit dessin.
Inspiré par la vie de son grand-père, Léon, et se nourrissant de mythes tant bibliques que littéraires, ce journal rédigé à la première personne fait suite au Chercheur d’or. Issu d’une famille bretonne émigrée sur l’île Maurice au XVIIIème siècle, l’écrivain y retraçait la quête d’un trésor enfoui dans l’île de Rodrigues, au nord-est de Maurice. Un an plus tard, Le Clézio livre le récit de sa propre enquête, sur les traces de son grand-père et, partant, des lieux où pourrait se nicher le fameux butin. Autrefois déserte, Rodrigues s’est peuplée au fil des ambitions, des espoirs et des rêves de marins bretons, d’esclaves africains, de marchands indiens et négociants chinois… Tous, à leur façon, sont les descendants de chercheurs d’or, ou de quelque chose d’autre : « Il y a le vide du ciel, l’appel de la mer, les oiseaux, les lames des vacoas, cette ivresse de la pierre brûlée, de la mer et du vent qui forment Rodrigues. » L’écrivain a inauguré une plaque en avril 2018 : dans le marbre, il y a fait graver cet extrait du Voyage à Rodrigues : « Il y a un hors du temps, ici, à Rodrigues, qui effraie et tente à la fois, et il me semble que c’est bien le seul lieu du monde où je puisse penser à mon grand-père comme à quelqu’un de vivant. Visibles encore, comme s’ils dataient de la veille, les coups de pioche qu’il a donnés sur la paroi du ravin, au fond du cul-de-sac, à droite et à gauche. » Mystères d’une terre jaillie d’un volcan dont nul ne sait précisément situer le cratère. Et si Léon avait raison ? Rodrigues nous cache peut-être quelque chose.
De tous les auteurs strictement contemporains de la fin du XXe, J.-M.-G. Le Clézio était le plus représenté (avec huit titres) dans la bibliothèque de François Mitterrand.
Bel exemplaire.
24050
24050
20 | Jean d'ORMESSON
Qu'ai-je donc fait
Qu'ai-je donc fait
Paris, Robert Laffont, (septembre) 2008
1 vol. (135 x 215 mm) de 367 p. et [5] f. Broché, sous jaquette illustrée de l'éditeur.
1 vol. (135 x 215 mm) de 367 p. et [5] f. Broché, sous jaquette illustrée de l'éditeur.
Édition originale. Envoi signé : « Pour vous deux, mon cher Jean [Raspail], avec ma vieille et fidèle affection, Jean ». De la bibliothèque de Jean Raspail (timbre à sec et envoi).
28927
28927
Collection Christian Bobin
Nous sommes heureux de présenter cet hommage au grand écrivain et poète, disparu en décembre dernier.
En vous présentant d’abord deux exemplaires délicatement interprétés par deux femmes artisans-relieurs :
En vous présentant d’abord deux exemplaires délicatement interprétés par deux femmes artisans-relieurs :
• Le premier est sur Comme une femme, relié par Claude Honnelaître pour Pierre Clarac en 1992. Un des premiers livres illustrés de Bobin. Une réussite.
• L’autre est son grand oeuvre, Le Très-bas. Un texte dense, ciselé et puissant consacré à Saint-François d’Assise. « L'enfant partit avec l'ange et le chien suivit derrière ». Il est ici délicatement interprété par Louise Bescond.
A la suite, nous proposons une collection qui comprend la presque totalité de l’oeuvre : cinquante titres, du premier, Lettre Pourpre, publié en 1977 chez Brandes, au Muguet rouge, paru chez Gallimard à l’automne dernier. L’ensemble, hormis les deux premiers titres présentés reliés (leurs pendants brochés sont également présents dans la collection) est pour l’heure offerte dans son intégralité.