Voici notre première petite sélection de l'année, pour un nouveau cycle de nos "bonnes feuilles" qui seront diffusées tout au long de l'année 2022.
Nous vous remercions toutes et tous pour votre fidélité, vos messages et la qualité de nos échanges. Soyez assurés de notre constance à vous proposer pour 2023 les meilleurs exemplaires possibles, aux meilleures conditions. Le rythme des Bonnes feuilles se poursuivra sur celui d'une publication mensuelle pour 2023, chaque mois, réservée à nos abonnés. Toute l'équipe de la librairie Walden vous dit à bientôt et vous souhaite une excellente entame d'année !
Lisa, Gwenola, Éva, Pierre & Hervé
Les ouvrages indiqués comme vendus ne sont plus disponibles. 
Il n'en sera pas fait communication. 
​​​​​​​MOLIÈRE
L'Avare
Suivant la copie imprimée à Paris [i.e. Amstardam, Elzevier], 1674
1 vol. (85 x 125 mm) de 82 p. Bradel papier, dos lisse, titre à l'oeser brun, filets (reliure moderne).
Le 9 septembre 1668, Molière fit représenter sa grande comédie de l'Avare sur le théâtre du Palais-Royal : neuf représentations, avant une reprise deux mois plus tard, à la suite d'une représentation à la cour le 5 novembre, pour onze représentations.
Deuxième édition "à la sphère", imprimée en Hollande, à Amsterdam par les Elzevier.
L'édition princeps avait été donnée chez Jean Ribou, à Paris, avec un achevé d'imprimer pour la première fois en date du 18 février 1669. La deuxième édition est donnée l'année suivante, « suivant la copie imprimée à Paris » ; cette contrefaçon est la première édition elzevirienne. Il faut attendre un nouveau privilège, en date de 1674, pour voir deux nouvelles éditions imprimées : d'abord l'officielle, donnée chez Claude Barbin, immédiatement suivie de cette deuxième édition elzevirienne.
Bon exemplaire, à bonnes marges.
Pieters & Adry, Annales de l'imprimerie Elsevirienne, III, 12.
28931


François de MALHERBE
Poésies, rangées par ordre chronologique
Avec la Vie de l'auteur, & de courtes Notes
Paris, J. Barbou, 1764. 1 vol. (100 x 170 mm) de [3] f., XLII p., [3] f., 292 p. et [4] f. Maroquin vert à grains longs, dos richement orné, plats à encadrement ornés avec médaillon central, contreplats et gardes en soie ornées d'une roulette dorée, filets sur les coupes, tranches dorées (reliure signée P. Bozerian au dos).
Nouvelle édition, illustrée d'un portrait-frontispice de l'auteur gravé par Louis Jacques Cathelin, d'après Daniel Dumonstier.
Les Notes sont de Anne Gabriel Meusnier de Querlon, la Vie de Malherbe est tirée des "Mémoires pour la vie de Malherbe" par Honorat de Bueil de Racan. Cette édition est la première à contenir la "Lettre de Malherbe à Louis XIII, à l'occasion de la mort de son fils, qui fut tué en duel" (3 f.).
Magnifique exemplaire dans une délicieuse reliure de Jean-Claude Bozerian l'aîné :
« Relieur de grande réputation de son vivant, principalement connu pour ses reliures à décor de bordures dans le style néo-classique caractéristique du Premier Empire, il est sollicité par tous les bibliophiles de l'époque. Bozerian signe presque toujours ses reliures, le plus fréquemment au bas du dos sous les trois formes suivantes, plus ou moins abrégées : « bozerian », « rel. p. bozerian » ou encore « rel. par bozerian ». "
Des bibliothèques Henri Béraldi et Auguste Garnier (ex-libris).
27950


Nicolas GOGOL
Nouvelles russes
VENDU
Paris, Paulin, 1845
1 vol. (110 x 180 mm) de VII (faux-titre, titre et préface), 324 p. et [1] f. de table. Bradel papier, pièce de titre maroquin, tranches mouchetées (Reliure signée de Goy et Vilaine - titre C. Ribal).
Édition originale de la traduction française, par Louis Viardot.
Le premier recueil de Gogol jamais paru en France. Ce titre est rare, et l'on cite souvent à tort l'édition des Nouvelles russes de 1953 comme première publication d'un texte de Gogol en français. Sainte-Beuve en fera une critique élogieuse dans La Revue des deux Mondes, dès parution.
Le recueil contient notamment Tarass Boulba et Les Mémoires d'un fou, cette dernière nouvelle comptant parmi les plus célèbres de l'auteur : elles préfigurent son Journal et les thèmes qui seront développés dans Les Âmes mortes.
Suivent Un ménage d'autrefois, Le Roi des gnomes et La Calèche - ces deux derniers textes furent rassemblés plus tard dans les Nouvelles de Pétersbourg). L'ensemble est précédé d'une préface signée Louis Viardot : « Je publie la traduction d'un livre russe. Fait à Saint-Pétersbourg, ce travail m'appartient moins qu'à deux amis, MM. I. T., jeune écrivain déjà renommé comme poëte et critique, et S. G., qui prépare, parmi des travaux plus légers, une Histoire des races Slaves. » Il s'agit de Ivan Tourgueniev et Stepan Guedonov.
Quelques rousseurs et piqûres en tête, sinon bon exemplaire, bien établi par Patrice Goy et titré par Claude Ribal.
16586


Honoré de BALZAC
Le Père Goriot
Paris, Werdet et Spachmann, 1835. 2 vol. (120 x 205 mm) de [4] f. (titre des oeuvres, faux-titre, titre et *), 352 p. et [1] f. (table) ; [2] f. (titre de la série, titre), 374 p. et [1] f. (table). Demi-veau blond, tranches marbrées, dos lisses ornés de filets dorés et de fleurons, titres dorés (reliure de l'époque).
Édition originale.
Le chef-d'œuvre de l'auteur et l'un de ses titres les plus rares et les plus recherchés.
Balzac commence son oeuvre à Saché en septembre 1834 et c'est quelques mois plus tard que les premières livraisons (quatre, au total) paraissent dans la "Revue de Paris" (14, 28 décembre 1834, 18 janvier et 1er février 1835). Le volume de l'édition originale sort début mars (elle est citée dans la Bibliographie de la France « pour paraître le lundi 2 mars [1835] », dans un tirage à mille deux cents exemplaires. L'accueil est à la hauteur de l'oeuvre : le succès populaire est immédiat et Le Père Goriot sera bientôt le plus grand succès de Balzac. Une préface, datée « Paris, mars 1835 », paraît dans la livraison du dimanche 8 mars, qui suit donc la publication en volume. Cette préface, qui était prévue pour l'édition Werdet, ne doit pas faire partie de l'édition originale, même si elle a pu se trouver encartée dans des exemplaires par la suite. Elle fut imprimée et paginée 1-16, avec la signature a et non pas en chiffre, comme les cahiers suivants. Faute de l'imprimatur de Balzac, souffrant, les volumes furent publiés et diffusés sans que la préface soit imprimée à temps et puisse être ajoutée aux 1200 exemplaires originaux.
Le Père Goriot fait partie des Scènes de la vie privée de la Comédie humaine et établit les bases de ce qui deviendra un véritable édifice et une construction littéraire unique en son genre. Avec le Père Goriot, Balzac concrétise l'idée fondamentale : le retour de personnages. " C'est en effet à partir du Père Goriot que Balzac utilise systématiquement ce procédé. Reprenant ses oeuvres antérieures [...] il en change les noms des personnages pour intégrer ceux-ci dans le cycle romanesque qu'il a conçu. Le Père Goriot peut donc être tenu pour la clef de voûte de l'édifice." (Laffont-Bompiani).
"Le Père Goriot est, si l'on veut, un classique, et un « livre-signature ». Et Balzac, considéré sous cet angle, se résume en « l'auteur du Père Goriot ». Ce roman qui coïncide avec la première application systématique du procédé des personnages reparaissants constitue bien en quelque sorte l'acte de naissance de La Comédie humaine. Mais s'il fournit un repère commode, un moment privilégié dans la carrière et dans l'aventure intellectuelle du romancier, un des plus hauts sommets de son oeuvre, il n'en demeure pas moins un roman qui peut, et doit, être lu pour lui-même, et pas seulement comme « drame » de la paternité" (in Stéphane Vachon, Le Père Goriot, Maison de Balzac, La Comédie humaine).
Le roman est co-édité par Jakob-Friedrich Spachmann, relieur d'origine wurtembourgeoise établi rue Coquenard [rue Lamartine], par ailleurs relieur attitré d'Honoré de Balzac.
Bel exemplaire en reliure d'époque, mais dos habilement restaurés.
Rousseurs éparses, principalement aux ff. liminaires, s'estompant ensuite.
Carteret I, 79 ; Lhermitte 52 ; Clouzot 14 ; Vicaire I, 199-200
27616


Anatole FRANCE
Clio
VENDU
Paris, Calmann Lévy, 1900
1 vol. (145 x 200 mm) de [3] f., 188 p. et [2] f. Demi-maroquin orangé à coins, dos à nerfs orné, titre doré, tête dorée, date en pied, couvertures et dos conservés (reliure signée de P. Ruban).
Édition originale.
13 compositions originales par Alfons Mucha, dont la couverture.
Un des 100 exemplaires sur Japon (n° 79).
Envoi signé
 : « à madame Raymonde Sachs, hommage très affectueux du vieil auteur Anatole France ».
D'origine tchèque, Alfons Mucha débarque à Paris en 1887 où il fréquente les académies Julian et Colarossi. Ayant dessiné une affiche pour le rôle de Gismonda tenu par Sarah Bernhardt dans la pièce de Victorien Sardou, en décembre 1894, l'artiste connaît un succès immédiat. Il y eut désormais un style Mucha : les commandes affluent et il signe un contrat de six ans avec le Théâtre de la Renaissance pour les costumes et des décorations scéniques. Mucha illustra aussi avec talent de grands textes de la littérature française.
Celui qui rêvait de devenir peintre d'histoire ne put que recevoir avec plaisir la commande des illustrations de Clio : en effet, Anatole France brosse dans les cinq contes de ce recueil des portraits de l'Antiquité (Le Chanteur de Krymé), de la Gaule (Komm l'Atrébate) ou encore du Duecento italien (Farinata degli Uberti).
Bel exemplaire, délicatement établi par Ruban.
25632


Paul CLAUDEL
Deux Poëmes d'été
Paris, Editions de la Nouvelle revue française, (10 mai) 1914. 1 vol. (165 x 215 mm) de 205 p. et [3] f. Demi-maroquin chamois à coins, dos à nerfs orné, tête dorée, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de J. Weckesser).
Première édition collective en partie originale.
Un des 64 premiers exemplaires réimposés sur vergé d'Arches (n° 46).
La Cantate à trois voix avait été publiée en 1912, sous le titre Cette heure qui est entre le printemps et l'été.
Les exemplaires du tirage courant (2200 exemplaires sur vergé) sont imprimés 6 jours plus tard, le 16 mai 1914 ; la publication de ce cinquième titre aux jeunes Éditions de la Nouvelle Revue Française fait alors de Claudel l'auteur le plus publié depuis la création du "comptoir d'éditions", en 1911.
Bel exemplaire, en agréable demi-reliure d'époque soignée, en parfaite condition.
De la bibliothèque Jean E. Leclercq (ex-libris).
Vignes & Boudrot, Bibliographie des éditions de la nouvelle revue française, n° 55.
27940


Raymond RADIGUET
Le Bal du Comte d'Orgel
[en l'état exact laissé par l'auteur et avant toutes corrections, même typographiques]
VENDU
Paris, Grasset, 1924. 1 vol. (115 x 187 mm) de 232 p. Demi-chagrin noir, dos à nerfs, titre doré, couvertures et dos conservés.
Exemplaires d'épreuves, dit des bonnes feuilles (n° 39), signé et justifié par Jacques Lemarchand, responsable des corrections chez Grasset.
Comme bon nombre d'exemplaires, ils étaient adressés à des confrères ou journalistes. La mention qu'elle portait en ce sens a ici été grattée.
C'est en 1919 que Radiguet rencontra Cocteau, lequel donnera lecture à Bernard Grasset de la première version du Diable en corps, en 1922.
S'ensuit alors pour le disciple et son pygmalion, un long travail de réécriture juqu'à la parution du roman : un succés foudroyant. Consacré par l'obtention du prix du Nouveau-Monde et fort d'une entrée si remarquée en littérature, le jeune auteur entame alors sans plus attendre un deuxième roman, Le Bal du comte d'Orgel. Installé avec à Pramousquiers avec Cocteau, lequel contribue grandement au texte pendant tout l'été : début octobre le manuscrit est réduit de moitié et prend sa forme définitive, mais, frappé par la typhoïde, Radiguet, dixit Cocteau, annonce le 9 décembre 1923 : « Ecoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu ». Trop belle pour être vraie ? Quoiqu'il en soit Radiguet tînt parole et rendit l'âme le 12. Ce sont Cocteau et Joseph Kessel qui se chargeront de la correction des épreuves du livre, livrées quelques semaines avant la parution de l'ouvrage à quelques 200 privilégiés dans cette version en " Bonnes feuilles ", sorte de service avant parution.
28914


Jean COCTEAU
Plain-chant
Paris, Stock, 1923. 1 vol. (120 x 185 mm) de 2, [2] f., 48 p. et 1 f. Broché.
Édition originale.
Envoi signé
: « Ma sœur nous ne nous voyons plus – mon cœur vous visite, Jean, juin 1923 ».
Cocteau est le benjamin d'une fratrie de trois enfants, Marthe et Paul étant respectivement de douze et de huit ans ses aînés. Cet écart d'âge le conduit naturellement à partager plutôt les jeux de ses cousins germains, Pierre et Marianne Lecomte. De son enfance, l'on ne sait bien que ce qui demeurera de la relation particulière entretenue toute sa vie avec sa mère : plus proche et plus tendre qu'avec aucun et aucune autre ; ainsi que le drame ayant rompu l'atmosphère joyeuse et paisible de la famille Cocteau : le suicide de son père quand il a neuf ans, très rarement évoqué par le poète, comme cette soeur Marthe dont il note ici l'éloignement de la relation.
Dans l'hôtel particulier de la rue La Bruyère du IXe arrondissement ou lors des séjours d'été dans la demeure familiale de Maisons-Laffitte, où toute la famille se réunit l'été, point de souvenirs écrits, points d'échanges relatés aux amis avec cette soeur, qui se mariera une première fois en 1901 avec un négociant, Jean Raymon ; puis, en secondes noces en 1936, avec Henri Boussard de la Chapelle dont elle restera veuve jusqu'à sa mort en 1958. Entre Jean et Marthe aucune correspondance à notre connaissance ; aucun autre exemplaire dédicacé que celui-ci et un pauvre papier de notaire qui les réunit deux ans avant la mort de Marthe pour la cession d'un terrain sur la commune de Clichy. Désert des échanges dont l'histoire, un jour, peut-être, donnera le secret, et jusque là unique et précieuse relique de cette relation frère-sœur.
Quant au texte : écrit à l'automne 1922 à Pramousquier, dans la villa Croix-fleurie et pendant la rédaction du Bal du Comte d'Orgel, la composition de Plain-chant étonne son auteur même : « j'ai reçu (il n'y a pas d'autres termes) 40 pages de poésie », écrit-il à Max Jacob (lettre du 18 octobre 1922). Le caractère mystique de cette genèse n'est sans doute pas sans rapport avec le titre du recueil qui évoque, on le sait, le chant grégorien. Un texte tout à fait mystique et éclairé de Jean Cocteau, dont la dédicace portée à sa sœur n'est sans doute pas anodine sur ce texte.
Emouvante et unique provenance.
26840


Georges BERNANOS
Sous le soleil de Satan
Paris, Plon-Nourrit, (25 mars) 1926. 1 vol. (130 x 195 mm) de 363 et (4) pp. Bradel demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré (Mathilde Delaporte).
Édition originale.
Un des 212 exemplaires sur pur fil Voiron
(n° CXIV).
Dans le concert de protestations suscitées par la première Guerre Mondiale, résonne une voix discordante, ni réaliste ni surréaliste, mais allégorique : celle d'un catholique de combat qui s'insurge contre la laïcisation de la société et se dresse contre le nihilisme des années folles. Pareille croisade spirituelle condamna un temps Georges Bernanos au purgatoire des Lettres.
Toutefois, à relire son premier roman, sans a priori métaphysique, on ne peut qu'être sensible à l'ardeur de vivre dont il témoigne, à l'énergie d'une jeunesse qui préfère l'échec à la médiocrité, à l'indépendance de jugement d'un homme de foi sans illusion - jugez plutôt : « pour beaucoup de niais vaniteux que la vie déçoit, la famille reste une institution nécessaire puisqu'elle met à leur disposition un petit nombre d'êtres faibles que le plus lâche peut effrayer. Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui." Après un bref retour en France, l'exil de Bernanos qui avait commencé avant la guerre où il était parti en Amérique latine, se poursuit en Tunisie, à Gabès. Il devait décrire plus tard comment ses deux personnages, clefs de voûte de son roman se sont imposés à lui : « Je me revois encore, un soir de septembre, la fenêtre ouverte sur un grand ciel crépusculaire. Je pensais à l'ingénieux P.-J. Toulet [...]. Puis cette petite Mouchette a surgi (dans quel coin de ma conscience ?) et tout de suite elle m'a fait signe, de ce regard vide et anxieux. - Ah ! comme la naissance d'un livre sincère est chose légère, furtive et difficile à conter... J'ai vu la mystérieuse petite fille entre son papa brasseur et sa maman. J'ai imaginé peu à peu son histoire. J'avançais derrière elle, je la laissais aller. Je lui sentais un coeur intrépide... Alors peu à peu, s'est dessinée vaguement autour d'elle, ainsi qu'une ombre portée sur le mur, l'image même de son crime... La première étape était franchie, elle était libre. »
Immense texte et bel exemplaire, à toutes grandes marges, sur le papier de tête.
Ce tirage n'est précédé que de 20 exemplaires réimposés sur vélin d'Arches, tirés pour "Les XX", hors commerce.
25702


Eugène DABIT
L'Hôtel du Nord
Paris, Robert Denoël, (29 novembre) 1929. 1 vol. (115 x 185 mm) de 244 p., [1] et 1 f. Demi-maroquin vert à encadrement, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, couverture et dos conservés (Devauchelle).
Édition originale.
Un des 200 exemplaires sur alfa
 (n° 227), après 25 exemplaires sur madagascar.
Dans la mémoire collective, Hôtel du Nord est d'abord le merveilleux film réalisé par Marcel Carné en 1938. Les décors de Trauner, montés aux studios de Boulogne, serviront de cadre aux dialogues de Jeanson, interprétés par Jouvet et Arletty.
L'hôtel, c'était celui des parents de Dabit, au 102 quai de Jemmapes, au bord du canal Saint-Martin, où le jeune homme, à partir de 1923, nota durant cinq années les petits et grands événements qui se déroulèrent dans ces murs.
Marcel Carné, à la sortie du film, livra un intéressant article dans Cinémonde : " avec sa matière si dense et son atmosphère incomparable, il faut reconnaître loyalement que le bouquin offrait un sujet de film bien difficile, parce que trop fragmenté. En outre, le ton de l'oeuvre était assez décourageant et offrait un côté « théâtre libre » ou « roman populiste » qui ne me satisfaisait pas entièrement. Il fallait trouver une action centrale, un « noeud dramatique » (...) c'est Aurenche, l'adaptateur, qui me fournit l'argument rêvé : un fait-divers. On ne pouvait espérer mieux, dans un film, qui est tout entier une suite de choses vécues. Autour de l'intrigue centrale, les notations d'Eugène Dabit, les personnages de son livre forment les actions secondaires, la vie, le grouillement de l'hôtel, son vivant décor (...) Le quai de Jemmapes, avec ses passerelles en escaliers a été reconstitué au studio ; l'Hôtel du Nord a été reconstruit par nos soins, et même, il a fait, j'ose le dire, l'admiration de M. Dabit, son propriétaire. Il vint maintes fois voir tourner Brunot, qui l'incarnait dans le film, tandis que Marken jouait le rôle de Mme Lecouvreur. Mais, même le décor n'est pas exactement calqué sur le modèle. Trauner, en habile décorateur, l'a fort adroitement interprété ".
Eugène Dabit, lui, n'y assistera pas : il mourut en 1936 de la scarlatine, sans avoir vu son roman porté à l'écran. Le film fut projeté en avant-première le 10 décembre 1938, au Cinéma Marivaux à Paris. Les critiques applaudissent un film « ensoleillé » par la mise en scène de Marcel Carné et l donna triomphe à Arletty, propulsée au rang de star française du cinéma avec ce rôle écrit pour elle.
Le roman sera quant à lui couronné du prix du roman populaire en 1931.
Légères piqûres aux tous premiers feuillets, sinon bel exemplaire.
Des bibliothèques Jean Herbert (l'ancien directeur du Théâtre des deux Ânes) et René Rouzaud, parolier d'Édith Piaf, pour laquelle il écrivit « La Goualante du pauvre Jean », avec ex-libris.
26778


Maurice GENEVOIX
Raboliot
VENDU
Paris, Les éditions Pittoresques, 1930. 1 vol. (200 x 260 mm). Chagrin noir, dos lisse, titre doré (reliure de l'époque).
Édition illustrée de compositions en couleurs par Joseph Hémard.
Un des 350 exemplaires sur vélin de Rives.
Envoi signé : " Pour Monsieur Louis de Brandt, en cordialité et en sympathie, le souvenir d'une rencontre niçoise. Maurice Genevoi, 9 Xbre 58 ".
On a dit qu'avec Raboliot, publié en 1925, Genevoix inaugure le genre du roman écologique - après, évidemment, Walden ou la vie dans les bois. Ce n'est pas faux pour la France ; les écrits de Giono, relatifs à la ''Trilogie de Pan', ne paraîtront à partir de 1928. Pour écrire Raboliot, Genevoix s'est immergé au coeur de la Sologne - « dans une maison de garde isolée sur les bords d'un étang secret », confiera-t-il dans Jeux de glace - où il prend certainement conscience qu'un monde, bouleversé par l'exode rural et la modernité, est en train de disparaître sous ses yeux. Dans une langue âpre et magnifique, à travers une histoire de chasses, de trahisons, de luttes sourdes et aussi d'amours contrariées, il chante un bien joli terroir chmpêtre.
28920


[PEYNET]
Eugène ‎LABICHE

‎Un Chapeau de paille d'Italie
VENDU
Paris, Éditions du Bélier, 1943. 1 vol. (122 x 195 mm) de 145 pp. Broché, sous couverture rempliée.
Édition illustrée de gouaches de Raymond Peynet reproduites en gravures couleur : 5 hors-texte et 66 in-texte. ‎
Un des 56 premiers exemplaires sur Arches, enrichi d'une aquarelle originale.


André MALRAUX
La Lutte avec l'ange
[Yverdon], Éditions du Haut-Pays, (5 mars) 1943. 1 vol. (145 x 240 mm) de 240 p. et [2] f. Maroquin brun, dos à nerfs orné de caissons à froid, titre doré, tranches dorées sur témoins, quadruple filet d'encadrement sur les plats, doublures et gardes de velours gris, couvertures et dos conservés, étui bordé (reliure signée de P.-L. Martin).
Édition originale.
Un des 5 premiers exemplaires sur hollande (n° IV).
Seul grand texte de Malraux sur la Résistance, La Lutte avec l'ange paraît en pré-originale fin 1942 à New York, avant quelques extraits publiés en janvier 1943 à Genève dans La Semaine littéraire.
Son tirage en grand papier est des plus restreints :
5 hollande - dont un pour l'auteur, 5 Auvergne, 20 vergé chiffon.
Il sont suivis de 1436 exemplaires sur vergé bouffant, qui constituent le tirage courant.
D'André Malraux, la recherche a longtemps vécu avec l'impression qu'il n'existait pas de textes de Malraux sur la Résistance, contrairement aux ouvrages qu'il avait consacrés à la guerre d'Espagne ou à l'anticolonialisme (à savoir L'espoir en 1937 et Les Conquérants en 1928). Résistant, il l'a été. Et même si la fiction se mêle à la réalité, puisque son nom au sein de la brigade Alsace-Lorraine, colonel Berger, emprunte au Vincent Berger de La Lutte avec l'Ange : un texte admirable et inachevé, mais qui laisse rêveur quant aux deux parties qui auraient dû la poursuivre - dont on connaît néanmoins quelques pages, celles consacrées à Lawrence d'Arabie, qui ont paru en tiré à part à quelques exemplaires en 1946.
C'est pendant son séjour dans les Alpes maritimes où il s'était réfugié après son évasion (il était prisonnier depuis août 1940, à Sens), que Malraux achève la rédaction du texte, premier d'une série qui devait en comporter trois.
Il donne immédiatement son texte à imprimer en Suisse, avec une particularité d'impression qu'il impose à Maurice Blanc, l'éditeur lausannois des éditions du Haut-Pays : la partie centrale du roman (intitulée Les Noyers de l'Altenburg) est donnée en noir, le prologue et l'épilogue sont rendus en bistre et italique. Ces deux parties rapportent les souvenirs d'un narrateur, situé dans le camp français, qui relate les aventures de son père, agent secret de l'Allemagne puis officier allemand.
Le 13 juin 1942, il écrit à son ami Robert Haas : « Le tome I de La Lutte avec l'Ange est terminé comme vous savez, et je le publie séparément, en Suisse, en édition de luxe à tirage très restreint. ». Entretemps, le texte paraît en préoriginale fin 1942 à New York (Twice a year), avant quelques extraits publiés en 1943 à Genève dans La Semaine littéraire (9 janvier), puis en Algérie et en Angleterre. L'achevé d'imprimer est daté du 5 mars 1943 et le tirage compte 1465 exemplaires, tous numérotés. Guère diffusé en France, il obtient toutefois un compte rendu aussi anonyme que favorable dans Les Lettres françaises, journal clandestin du Comité national des Écrivains. À l'autre bord, le livre a au moins un lecteur célèbre, Drieu la Rochelle, qui dans une carte postale adressée à l'auteur le juge « très germanophile » et dit aimer son style « ample » et « souple ».
25 ans plus tard, dans les Antimémoires, Malraux reviendra sur La Lutte avec l'ange, en insistant sur le caractère biographique, et partiellement autobiographique, de ce dernier roman. Les éditions Gallimard en donneront une version française en 1948, sous le seul titre Les Noyers de l'Altenburg, avec une « note » inédite de l'auteur.
Magnifique exemplaire de tête, parfaitement établi par Pierre-Lucien Martin.
Des bibliothèques Marcel de Merre (Sotheby's, 2007, n° 379) et Bernard Loliée (Sotheby's, 2014, n° 143).
28512


Robert DESNOS
30 chantefables pour les enfants sages à chanter sur n'importe quel air.
Illustrations d'Olga Kowalewsky
VENDU
Paris, Librairie Gründ, 1944.
1 vol. (170 x 225 mm) de [16 pp.] sous cartonnage illustré de l'éditeur.
C’est en avril 1943 que le poète Robert Desnos confie ses Chantefables à l'éditeur Michel Gründ, sur une idée de son ami et voisin René Poirier, directeur de la collection « Pour les enfants sages ». Le livre paraît en mai 1944 ; ce sont les seuls textes pour enfants publiés par Desnos, rejoints en 1952 par l’édition posthume des 30 chantefleurs.
Desnos qui, à côté de ses activités clandestines, manifestait au grand jour ses opinions, sera arrêté avant la parution du volume, le 22 février 1942. Il meurt en déportation le 8 juin 1945, au camp de Terezin.
Exemplaire de Julien Gracq, avec le tampon de la vente en début et fin de volume. Le volume est complet des trente petits textes poétiques, à chanter « sur n’importe quel air », dans lesquels on retrouve la célèbre Fourmi de dix-huit mètres mais aussi Le Pélican ou Le Papillon, L’alligator et le lama.
Coins frottés, sinon bon exemplaire.
18246


[Romain GARY]
Lettre autographe signée
Lettre autographe signée et datée de St Pierre-Quilbignon (Finistère), le 13 janvier 1946, par "Madame Colnacap".
3 page en 1 feuillet plié, encre sépia.
Lettre adressée à Romain Gary par la mère de l'aviateur de la France Libre Robert Colcanap, le dédicataire de l'Éducation européenne.
"Monsieur et cher ami, Je m'excuse de vos donner cette appellation, justifiée seulement par la camaraderie qui vous unissait à notre Robert. Je ne saurais vous dire à quel point nous sommes touchés, mon mari et moi, du geste délicat que vous avez eu en nous adressant "L'Éducation européenne" écrit à la Mémoire de notre malheureux fils et signé de votre main. […] J'aimerais tant savoir où, quand, et dans quelles circonstances vous avez connu notre enfant. Les biographies que j'ai pu lire vous concernant sont muettes, - bien entendu - sur votre activité militaire. Je sais seulement que vous êtes un des rares rescapés parmi les aviateurs des Forces Françaises Libres en Angleterre, et que vous avez fait à l'avance, comme tant d'autres, le sacrifice de votre vie pour que l'Humanité devienne enfin libre. […] Si notre petit a eu connaissance de votre roman, il n'a pas dû vous ménager son admiration. Et, s'il vivait encore, comme il savourerait la joie de vous voir décerner aujourd'hui le Prix des Critiques !" […]"
Dans La Promesse de l'aube, Gary raconte que son premier roman intitulé Le Vin des morts a été refusé par les éditeurs en 1937. C'est pourquoi il en emprunte ensuite des passages, qu'il place dans son premier roman publié : Éducation européenne. Celui-ci paraît en 1944, d'abord en traduction anglaise sous le titre Forest of Anger, puis en français au cours de l'année 1945. Ce roman s'ouvre avec l'évocation de son camarade Robert Calcanap, qui s'était engagé dans les Forces françaises à l'âge de dix-huit ans.
Le roman lui est ainsi dédié : "À la mémoire de mon camarade, le Français libre Robert Colcanap".
Merveilleuse, longue et émouvante lettre des parents du jeune soldat, à l'adresse de Romain Gary.
D'une mère institutrice et d'un père qui sert dans la Marine, Robert Colcanap est né le 11 mai 1922, près de Morlaix. La famille Colcanap s'installe à Brest en 1926. Encore lycéen au moment de la signature de l'armistice, et donc trop jeune pour avoir eu la possibilité de combattre, il décide de rallier La France Libre : le jour même de l'appel du 18 juin, il embarque à Brest à bord du " Meknès ", à destination de l'Angleterre. Dès son arrivée sur le sol britannique, il demande à servir dans l'aviation. Il obtient son certificat d'admission au Lycée français de Londres, le 25 septembre 1940, et signe le 28 octobre suivant un engagement volontaire dans les FAFL, sous le matricule n° 30.503. Il est affecté sur le cuirassé " Courbet ", puis transféré au camp de Old Dean à Camberley.
A l'occasion d'un examen au lycée français, il rédige une composition française dont sont extraites les lignes suivantes:
" D'autres éternels rêveurs ne réalisaient pas que, en ce mardi 18 juin 1940, (125 ans, jour pour jour après Waterloo) ces satanés Boches allaient arriver dans leur bonne ville de Brest, qui, jamais de mémoire d'homme, n'avait connu la botte allemande. J'avoue que je n'ai pas trop perdu la tête. Il s'agissait avant tout de rester calme; ma décision était prise. Je ferai donc tout mon possible pour m'embarquer. A ce moment, il n'était pas possible d'envisager le devoir comme un impératif absolu et catégorique. J'ignore ce qu'auraient fait tant à ma place, toujours est-il que, personnellement, j'ai surtout mis mon point d'honneur à me soustraire à la botte de ces messieurs puisque cela était possible et qu'il me restait encore des poings et ma tête pour me battre (...) En m'analysant bien maintenant, je m'aperçois que, en m'embarquant, j'ai senti remuer en moi quelque chose qui a été comme une partie de moi-même, et cette secousse a réveillé toutes les forces de mon orgueil et de mon énergie primitive. Oui, ma première réaction a été celle-ci: un Français ne peut laisser un Allié se battre seul. Cela m'a été une consolation intérieure d'autant plus belle que, longtemps, j'en ai ignoré la source et les raisons véritables. Toujours est-il que j'ai eu une révélation soudaine du beau, du vrai, du juste. De là est jaillie une lumière qui m'a toujours éclairé depuis dix mois que je suis en Angleterre et qui m'a empêché de dévier du droit chemin. Et je me suis embarqué tout tranquillement: comme je suis né, comme j'ai vécu et comme je mourrai, fort probablement. "
Malgré son jeune âge, ses premiers états de service sont remarquables, et remarqués. Nommé sous-lieutenant le 15 décembre 1942, il rejoint le groupe de bombardement " Lorraine ". Il en restera l'éternel benjamin C'est au cours d'un exercice, le 11 novembre 1943, au dessus de l'Angleterre, qu'il trouve la mort, suite à un accident de moteur de son appareil, un Boston III BZ.
Sept mois auparavant, le 4 avril 1943 à Londres, Robert Colcanap avait rédigé son testament dont voici un extrait:
" Je voudrais que soient conservés mes livres de médecine-Physique-Chimie (achetés avec mes économies), les poésies de Baudelaire, de Péguy et surtout la vie de Mozart ainsi que mes concertos et sonates pour violon, lesquels ont été pendant de longs mois mes meilleurs compagnons et ont constitué la meilleure des consolations. Je regrette de ne pouvoir vous laisser les deux objets auxquels je tenais le plus ; un Kodak 35 acheté au Caire en avril 42 et une ciné-caméra 8 mm (fruits de mes économies) tous deux perdus au cours du torpillage à cent kilomètres au large de Durban, le 1er novembre 1942. J'ai également perdu ce jour mon carnet de route, commencé le 18 juin 1940, sans compter des photos et films pris au Kenya. Grâce à ces documents il eut été facile de retrouver ma vie depuis cette date fatale du 18 juin 1940. Il y avait là, matière à plusieurs romans. Je suis heureux d'avoir fait ce que je considère comme mon devoir ; si c'était à refaire je recommencerais. J'estime en toute conscience que je n'ai rien à me reprocher. ".
Croix de guerre avec palme, Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume et titulaire de la Médaille de la Résistance, une rue porte aujourd'hui son nom à Brest. Il est enterré cimetière de Kerfeutras, près de son village natal, son corps ayant été restitué après la guerre.
Mendès-France, depuis Londres, avait noté dans ses Carnets :
« 30 août. Colcanap, arrivé ici janvier 1941, à seize ans ou dix-sept. De Gaulle a exigé qu'il finisse son bachot d'abord. Refusé ensuite au pilotage car trop petit. Devenu observateur. Excellent observateur, très consciencieux. Me consulte pour après guerre. Tiraillé entre armée, aviation civile et médecine. Je lui explique difficulté entreprendre longues études après guerre alors qu 'il aura vingt-deux, vingt-quatre ans ou plus. Lui conseille de renoncer médecine et se consacrer aviation (c'est réellement un excellent navigateur). Paraît navré. Vraiment un enfant. Gentil, doux, modeste, récompensé d'un mot." Les deux hommes se retrouveront quelques mois plus tard, puisque Mendès-France sera également affecté au sein du Groupe Lorraine. Tout comme Romain Gary. Plusieurs passages de La Promesse de l'aube et de L'Éducation européenne font directement références à des événements vécus par l'auteur durant ce service.
Pour être un peu plus complet, c'est sur une phrase et un portrait de Robert Colnacap que s'ouvre l'ouvrage de référence consacré au groupe Lorraine :
" Nous jurons de rendre à la patrie sa liberté " ! Le 19 juin 1940, un gamin rieur de seize ans et demi débarque en Angleterre. Il s'appelle Robert Colnacap" (incipit de Les Bombardiers de la France libre. Groupe Lorraine, par François Broche, Paris, Presses de la Cité, 1979).
Nous proposons un peu plus loin dans cette liste le propre exemplaire de Romain Gary.
Le groupe de bombardement Lorraine reçoit la Croix de la Libération, le 28 mai 1945. Au cours du conflit, il a effectué plus de 3 000 sorties, déversant 2 500 tonnes de bombes et perdant 127 hommes. Le 18 juin 1945, il participe au défilé aérien au-dessus des Champs-Élysées en formant une croix de Lorraine avec ses appareils. Il est dissous en 1952, donnant un an plus tard naissance à la 30e escadre de chasse, aujourd'hui intégrée dans la prestigieuse BA118 de Mont-de-Marsan, l'une des plus grandes bases de l'Armée de l'air française.
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Graham GREENE
Le Ministère de la Peur
Paris, Robert Laffont, 1950. 1 vol. (120 x 180 mm) de 318 et [1] p. Broché.
Édition originale de la traduction française.
Un des 270 exemplaires sur pur Lafuma Navarre
Un des grands romans d'espionnage de Greene, publié en 1943 à Londres, qui met en scène Artur Rowe, échappé de l'asile, qui devine le poids d'un gâteau dans une fête foraine et devient malgré lui propriétaire du microfilm ô combien convoité caché à l'intérieur : voici notre homme aux prises avec les mystérieux fonctionnaires du Ministère de la Peur organisé par les Allemands, au cœur de Londres pendant le « Blitz »...
Le roman sera adapté par Fritz Lang, qui signe là son troisième film antinazi. Le cinéaste de Metropolis réalise avec Le Ministère de la peur son sixième long-métrage américain depuis sa fuite de l'Allemagne nazie, en 1933.
Magnifique exemplaire broché, à l'état de neuf.
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Graham GREENE
Le Troisième homme
VENDU
Paris, Robert Laffont, (15 février) 1950
1 vol. (122 x 190 mm) de 252 pp. 1 f. et [1] p. Broché.
Édition originale.
Un des 270 premiers exemplaires sur Alfama Marais (n° 45).
Elle parait avant les éditions londonienne ou new-yorkaise.
The Third Man fut d'abord le scénario écrit pour le film de Carol Reed - Grand prix du festival de Cannes 1949 -, merveille de réalisation à l'inoubliable photographie, que rappellent les reproductions intégrées dans cette édition. Le film fut tourné à Vienne en 1948, avec Joseph Cotten, Orson Welles et Alida Valli.
Greene transforma le scénario pour l'édition en volume et l'on note de nombreuses différences entre le film et l'ouvrage, mais ce dernier suit tout de même son cours, agrémenté qu'il est de douze magnifiques photographies pleines pages, extraites du film.
Le roman est suivi d'une autre nouvelle, Première désillusion, qui servit lui aussi à un film, également réalisé par Carol Reed, en 1948. Le premier rôle féminin était joué par Michèle Morgan.
Le Troisième homme reçut le BAFTA (l'équivalent britannique des Césars) du meilleur film, et fut nominé aux Oscars pour le prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario, et aux Golden Globes pour celui du meilleur film étranger.
Très bel exemplaire, tel que paru.
De toute rareté dans cette condition.
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Henry MILLER
Blaise Cendrars
Paris, Denoël, 1951.
1 vol. (225 x 290 mm) de LXXII p. Broché, couv. illustrée par une lithographie en couleurs d'Orfeo Tamburi.
Édition originale de la traduction française.
Un des 10 premiers exemplaires sur Auvergne (n° 1).
Il est joint :
- une carte postale, adressée par Miller à un ami de New York, au sujet d'un manuscrit envoyé par courrier (5 lignes, au stylo, signée) ;
- une carte postale, signée de Cendrars, adressée à des amis ; 
- un mot mot autographe de Blaise Cendrars : " Prière d'envoyer un exemplaire à Mr Henry Miller, Big Sur, USA ." (4 lignes sur papier libre).
Traduction de François Villié. Portrait de Cendrars par Rièra en frontispice, par la lithographie.
Hymne jubilant qu'Henry Miller a consacré à Blaise Cendrars, « l'homme que j'ai estimé le plus » ; celui qui été le premier à saluer Tropique du Cancer, en janvier 1935, dans la revue Orbes, quelques mois après leur première rencontre, en 1934, chez un caviste de Montmartre. Henry Miller avait annoncé à son ami dès 1950 son intention de produite un tel hommage : « Je me suis laissé aller à une rhapsodie ou louanges sans restreinte sur vous ou vos oeuvres ». Quand Cendrars reçut le livre, il exprima son émotion et ajouta : « Moi, ce qui me réjouit, c'est de me trouver avec vous sous la même couverture, comme si l'on faisait une bonne blague aux copains ».
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Albert CAMUS
La Femme adultère

(fragment manuscrit)
VENDU
S.l.n.d. [circa 1952]. 2 p. en 1 feuillet (135 x 210 mm) à en tête de la Nrf, à l'encore bleue, recto et verso.
Manuscrit de la dernière partie de La Femme adultère.
" Aucun souffle, aucun bruit, sinon, parfois, le crépitement des pierres que le froid réduisait en sable, ne venaient troubler la solitude et le silence de la nuit. Seul, une sorte de cheminement immobile, une giration invisible et Mais au bout d'un instant..."
Ce passage est celui qui a été le plus réécrit par Camus : pas moins de cinq versions sont connues, plus ou moins corrigées : " Camus a réécrit quatre fois, avant même d'en corriger la dactylographie. Il en a, dans l'édition définitive, notablement accentué le caractère "amoureux" et l'adultère. On notera à quel point le texte cité ci-dessous s'apparente à certains passages de Noces " (Roger Quilliot, notes de l'édition Pléiade).
Plus cette sixième, restée inconnue jusqu'en 2013, où elle avait été présentée lors de l'exposition " De Tipasa à Lourmarin ". Elle montre les difficultés de l'auteur pour terminer au mieux ce texte si particulier et ses derniers paragraphes. Une trentaine de corrections sont ici présentes ainsi qu'une note ancienne, d'une main non identifiée, qui précisait que "Camus avait lu l'histoire à Maria Casarès à Ermenonville au début de l'année 1953 - Elle suggéra : le soldat rencontré au début du récit prendrait une valeur accrue s'il réapparaissait par la suite - et le mari fut transformé en personnage plus sympathique - Et Camus réécrit les dernières minutes cruciales du récit, quand Janine s'ouvre à la nuit du désert". Ces lignes confirment le jugement de Quilliot sur le caractère très particulier de texte, autant que l'influente de Casarès sur un tel sujet... pour une nouvelle dont le recueil est dédié... à Francine !
De Tipasa à Lourmarin, 2013, catalogue de l'exposition (n° 156, reproduit).
28849

Albert CAMUS
ActuellesI I. II. III
VENDU
Paris, Gallimard, (juin) 1950, (septembre) 1953, (juin) 1958
3 vol. (120 x 190 mm) de 182 p. et [3] f. Broché.
Édition originale pour les trois volumes.
Premiers tirages, sans mention. Exemplaire imprimé du service de presse pour les tomes I et III
Envoi signé au tome II : "à Natacha et Brice Parain, bien affectueusement, Albert Camus".
Les liens entre Parain et Camus furent forts et constants ; Parain abritera Albert Camus en 1944, à Verdelot, dans sa propriété du Pressoir, lorsque Camus, membre du réseau de Résistance Combat, craindra pour sa sécurité et préférera quitter provisoirement Paris.
Leur relation date d'avant-guerre, mais se fortifient à partir de l'année 1943, lorsque Camus s'intéresse de près à la question du langage, centrale chez Brice Parain : il donnera notamment le texte « Sur une philosophie de l'expression », qui sera publié dans la revue clandestine de Pierre Seghers Poésie 44 (n° 17, décembre 1943 et janvier 1944), texte dans lequel se trouve la fameuse citation « Mal nommer un objet c'est ajouter au malheur de ce monde, car le mensonge est justement la grande misère humaine, c'est pourquoi la grande tâche humaine correspondante sera de ne pas servir le mensonge (...). Il s'agit de savoir si notre langage est mensonge ou vérité : c'est la question que pose Parain.... Il s'agit de savoir si notre langage n'est pas mensonge au moment même où nous croyons dire vrai ».
Le propos est intéressant, rapportés aux textes d'Actuelles, qui sont d'une grande importance pour la compréhension de l'homme et l'oeuvre et veulent "résumer l'expérience d'un écrivain mêlé pendant quatre ans à la vie publique de son pays. [...] Je crois avoir fait ainsi la part de mes injustices. On verra seulement que j'ai laissé parler en même temps une conviction qui, elle du moins, n'a pas varié (...) C'est en ne refusant rien de ce qui a été pensé et vécu à cette époque, c'est en faisant l'aveu du doute et de la certitude, en consignant l'erreur qui, en politique, suit la conviction comme son ombre, que ce livre restera fidèle à une expérience qui fut celle de beaucoup de Français et d'Européens " (Ac. I). Actuelles II couvre quant à lui les moments les plus inquiétants de la guerre froide, du coup de Prague (1948) à la mort de Staline (1953). Camus, entretemps, aura fait paraître L'Homme révolté, en 1951, et le volume d'Actuelles vient, en partie, le compléter. Sa lecture est essentielle pour comprendre la contribution de Camus aux idées libertaires et sa place dans la gauche non communiste(...). Dans les Carnets, Camus l'a envisagé comme une sorte de bilan fait au sortir de ces sombres années avant de s'engager dans une nouvelle étape de sa vie d'écrivain : « Octobre 53. Publication d'Actuelles II. L'inventaire est terminé - le commentaire et la polémique. Désormais, la création. » (Philippe Vanney, Actuelles II, SEC). Qui aura lieu puisque Camus ne songe pas poursuivre la publication, et laisse effectivement place aux récits et romans (L'Exil et le Royaume, La Femme adultère, La Chute), ainsi qu'au théâtre. C'était sans compter la guerre d'Algérie, qui force Camus à reprendre, une dernière fois, la plume sur le champ philosophique, politique et moral, sous le seul prisme de la situation dramatique que vit alors son pays de naissance. Tant est si bien que le volume est couramment désigné par le seul nom de Chroniques algériennes : " Il condamne la violence dans les deux camps, ne prenant de parti que celui des civils terrorisés. Il a pu mesurer, entre autres quand il a reçu le prix Nobel en décembre 1957, quelle intensité de haine déchaîne cette position, dont il veut pourtant témoigner une dernière fois publiquement, par un livre, qui permet davantage la réflexion qu'une déclaration ou un article. Dans les toutes premières semaines de 1958, il construit soigneusement son recueil : les textes et articles de 1939, de 1945, de 1955 et de 1956 sont encadrés par un « Avant-propos » et par une section conclusive « Algérie 1958 » qui portent sur la situation présente et proposent des perspectives d'avenir. À l'ensemble Camus ajoute in extremis une note liminaire sur les événements du 13 mai 1958 qui, avec l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, lui paraissent entrouvrir un espoir. " (Agnès Spiquel, Actuelles III, SEC).
Belle série, en excellent état des volumes dans leurs premiers tirages, sans mention.
Le tome I est en service de presse imprimé, le tome III en SP poinçonné.
Belle provenance.
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Albert CAMUS
Actuelles. Chroniques 1944-1948
Actuelles II. Chroniques 1948-1953
Actuelles III. Chroniques algériennes 1939-1958 
VENDU
Paris, Gallimard, 1950, (septembre) 1953 et (juin) 1958
3 vol. (120 x 185 mm). Cartonnages éditeurs pleine toile à décor, d'après des maquettes de Mario Prassinos. Coffet-étui de box noir, titre doré, ‘exemplaires René Char’ en pied
.
Édition originale. 
Exceptionnel exemplaire de dédicace et série complète des trois volumes d'Actuelles en éditions originales, dans les cartonnages éditeurs reliés d'après les maquettes de Mario Prassinos - les fameux "cartonnages Bonet »
Camus et Char avaient habitude, pour chacun de leurs titres, de s'envoyer des tels exemplaires, souvent en plus de tirages brochés, qu'il soit en service de presse ou grands papiers. Les exemples sont nombreux et l'on connaît par ailleurs, pour cette série d'Actuelles, un autre ensemble dédicacé, mais composite, sur beaux papiers (deux exemplaires sur pur fil, et un hollande), avec ces envois : 
"A René Char, frère de route, ce livre de bord d'un commun voyage vers le temps des hommes, en attendant midi. Affectueusement Albert Camus" ; 
 " A vous cher René, seul poète de votre temps à avoir répondu à cet appel, de la part de votre frère fidèle, A.C." ; 
" Pour vous, mon cher René, d'un coeur fraternel. Albert Camus. 10 juillet 1958". 
Le second était celui de la collection Pierre Leroy (Sotheby's, juin 2002, lot 93) ; on y ajouta les deux autres et l'on retrouve cet ensemble, toujours chez Sotherby's, douze ans pus tard (juin 2014, lot 62).
Notre série n'a rien à lui envier, et apparaît indéniablement plus séduisante encore : elle est constituée de l'ensemble homogène des trois titres en éditions originales, envoyés au fur et à mesure de leurs publications par Albert Camus (les tomes I et II au même moment, en octobre 1953, lors de la parution du tome II -- le livre est publié le 29 octobre 1953). Tous sont issus de tirage réservé à Camus, l'un des 50 exemplaires hors commerce : 
" [À RENÉ CHAR], une fois de plus, dans la même amitié, pour le même combat. Albert Camus, octobre 53 " (exemplaire n° 1425 sur vélin, d'un tirage de 1050 exemplaires)
" pour vous, mon cher René, ces moments de notre combat, de tout cœur, Albert Camus " (exemplaire n° 1121, sur vélin labeur, d'un tirage de 750 exemplaires))
" à René Char, ces paroles vaines sinon pour lui, dont l'amitié sait écouter, son ami fidèle, Albert Camus " (exemplaire n° 1431 sur vélin labeur, d'un tirage de 1050 exemplaires)
René Char est véritablement au centre d'Actuelles, et à la source même, puisque la série lui est dédiée -- les deux autres volumes n'ont pas de dédicataire.
Il est celui à qui Camus écrira, juste avant la parution du troisième tome  : « je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours » (septembre 1957). Six mois après le prix Nobel, Actuelles III paraît. C'est la première parution d'un volume pour Camus depuis l'obtention du Nobel qui le fit, presque, paniquer : " Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d'une oeuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la solitude du travail ou dans les retraites de l'amitié, n'aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d'un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d'une lumière crue ?". Char, évoquant le  Nobel, ne manquera pas de lui répliquer : « Mon cœur d’ami est en fête. Je n’ai pas oublié combien ça fait plaisir… J’ai pour vous la plus attentive, la plus confiante affection ». 
Leur amitié est pleine et entière depuis un jour d'octobre 1946, "première levée" de leur amitié, où Char accueille Camus dans sa maison de L'Isle-sur-la-Sorgue. Quatorze années pleines, jusqu'à la disparition de Camus en janvier 1960, depuis la parution en avril 1946 des Feuillet d'Hypnos dans la collection "Espoir" que Camus dirige alors, aux Éditions Gallimard. « Notre fraternité va encore plus loin que nous l'envisageons et que nous l'éprouvons. De plus en plus, nous allons gêner la frivolité des exploiteurs, des fins diseurs de tout bord de notre époque. Tant mieux. Notre nouveau combat commence et notre raison d'exister ». Quelques mois avant sa disparition, pour une préface à une édition allemande des Poésies de son ami, Camus livrera : « Je tiens René Char pour notre plus grand poète vivant et Fureur et mystère pour ce que la poésie française nous a donné de plus surprenant depuis les Illuminations et Alcools ».
Les textes sont d'une grande importance pour la compréhension de l'homme et l'œuvre. Là où les Carnets forment des bribes composites et éparses, les chroniques d'Actuelles veulent "résumer l'expérience d'un écrivain mêlé pendant quatre ans à la vie publique de son pays. [...] Je crois avoir fait ainsi la part de mes injustices. On verra seulement que j'ai laissé parler en même temps une conviction qui, elle du moins, n'a pas varié (…) C'est en ne refusant rien de ce qui a été pensé et vécu à cette époque, c'est en faisant l'aveu du doute et de la certitude, en consignant l'erreur qui, en politique, suit la conviction comme son ombre, que ce livre restera fidèle à une expérience qui fut celle de beaucoup de Français et d'Européens " (Ac. I). Actuelles II couvre quant à lui les moments les plus inquiétants de la guerre froide, du coup de Prague (1948) à la mort de Staline (1953). Camus, entretemps, aura fait paraître L’Homme révolté, en 1951, et le volume Actuelles II vient, en partie, le compléter. " Sa lecture est essentielle pour comprendre la contribution de Camus aux idées libertaires et sa place dans la gauche non communiste(…). Dans les Carnets, Camus l’a envisagé comme une sorte de bilan fait au sortir de ces sombres années avant de s’engager dans une nouvelle étape de sa vie d’écrivain : « Octobre 53. Publication d’Actuelles II. L’inventaire est terminé – le commentaire et la polémique. Désormais, la création. » (Philippe Vanney, Actuelles II, SEC). Qui aura lieu puisque Camus ne songe pas poursuivre la publication, et laisse effectivement place aux récits et romans (L'Exil et le Royaume, La Femme adultère, La Chute), ainsi qu'au théâtre. C'était sans compter la guerre d'Algérie, qui force Camus à reprendre, une dernière fois, la plume sur le champ philosophique, politique et moral, sous le seul prisme de la situation dramatique que vit alors son pays de naissance. Tant est si bien que le volume est couramment désigné par le seul nom de Chronique algérienne : " Il condamne la violence dans les deux camps, ne prenant de parti que celui des civils terrorisés. Il a pu mesurer, entre autres quand il a reçu le prix Nobel en décembre 1957, quelle intensité de haine déchaîne cette position, dont il veut pourtant témoigner une dernière fois publiquement, par un livre, qui permet davantage la réflexion qu’une déclaration ou un article. Dans les toutes premières semaines de 1958, il construit soigneusement son recueil : les textes et articles de 1939, de 1945, de 1955 et de 1956 sont encadrés par un « Avant-propos » et par une section conclusive « Algérie 1958 » qui portent sur la situation présente et proposent des perspectives d’avenir. À l’ensemble Camus ajoute in extremis une note liminaire sur les événements du 13 mai 1958 qui, avec l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, lui paraissent entrouvrir un espoir. " (Agnès Spiquel, Actuelles III, SEC).
Exemplaire idéal, en parfaite condition des cartonnages - restés en mains privées depuis la mort du poète, en 1986. 
c’est la première fois que ces voliumes apparaissent sur le marché. 
Dos des tomes I et II très légèrement passés. 
Huret, Les cartonnages de la NRF, p. 90-92 ; Dictionnaire Camus, articles Char et Actuelles ; SEC (Société des Etudes Camusiennes) articles Actuelles II et III ; R. Grenier, Albert Camus. Soleil et ombre, Gallimard, 1987, coll. Folio, p. 275-282 ;  J. Guérin, Camus. Portrait de l’artiste en citoyen, François Bourin, 1993, p. 18-20.
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Albert CAMUS
La Femme adultère
[Alger], [Noël Schumann], (27 mars) 1954
1 vol. (195 x 285 mm). En feuilles, sous chemise et étui de l'éditeur.
Édition originale.
12 lithographies originales de Pierre-Eugène Clairin.
Un des 30 exemplaires sur vélin d’Arches (n° 29), signé par Albert Camus et Pierre-Eugène Clarin, contenant, sous chemise à part, une suite des illustrations en couleurs, avec remarques imprimées sur papier Japon.
« Vivre avec ses passions suppose qu'on les a asservies » : nouvelle inaugurale du recueil L'Exil et le Royaume, « La Femme adultère » est un texte singulier dans l'oeuvre de Camus. Janine, l'héroïne, si l'on peut dire, incarne la belle formule de Camus dans Noces : un « singulier instant (...) où le bonheur naît de l'absence d'espoir, où l'esprit trouve sa raison dans le corps ». En 1952, l'année où l'idée de composer un recueil de nouvelles lui vient à l'esprit, Camus écrivait dans la préface à Contre-Amour de Daniel Mauroc : « Il faut vivre dans le désert, voilà tout, et le forcer pour que jaillissent un jour les eaux de la lumière ».
Pierre-Eugène Clairin avait été présenté à Albert Camus par Marcel Damboise, pensionnaire comme lui de la Villa Abd-el-Tif, à Alger, en 1935. Il avait déjà illustré, deux ans auparavant, une édition de Noces, pour les Cent femmes amies des livres. 1954 marque une nouvelle collaboration entre les deux hommes, qui décident de donner pour La Femme adultère 12 lithographie pour l'illustrer. C'est le seul exemple d'un texte de Camus à connaître une édition originale illustrée qui paraissent au même moment que sa version originale, publiée ce même mois de mars 1954 aux Éditions Gallimard. C'est vers les éditions de l'Empire, à Alger, que Camus s'est tourné pour éditer l'ouvrage, à 300 exemplaires. Il semblerait néanmoins que l'ouvrage ait été imprimé à Paris : l'atelier Raymond Jacquet a été créé en 1946 par ce maître-typographe et collabore à partir de 1954 avec l'éditeur Schumann, installé à Alger. C'est le premier titre de la collection des "Originales illustrées". Une réussite. Six semaines après la sortie de l'ouvrage, le tirage était entièrement épuisé.
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Albert CAMUS
Discours de Suède
VENDU
Paris, Gallimard, (6 février) 1958
1 vol. (120 x 190 mm) de 69 p. et [3] f. Maroquin noir, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée d'Alix).
Édition originale.
Un des 56 exemplaires sur vélin de Hollande Van Gelder (n° 20).
Joint :
▪lettre autographe signée du 4 novembre 1957 [le prix Nobel lui a été attribué le 16 octobre], à Pierre Béarn, pour le remercier de son mot de félicitations : "c’est la fidélité de quelques-uns qui compte pour moi, aux heures de doute. Pour le reste, on ne peut être aimé de tout le monde. […] A mon retour d’Algérie (je pars samedi), j’aimerais vous faire une petite visite". Cette lettre a figuré à l'exposition Albert Camus, de Tipasa à Lourmarin (Lourmarin, 2013, n° 174, reproduite p. 128).
Les discours furent rédigés avec quelques conseils de Martin du Gard, pour qui Camus avait accepté de préfacer ses oeuvres complètes dans La Pléiade l'année précédente. Martin du Gard avait recommandé à son cadet d'y aller avec modestie : « Abdiquez toute volonté, toute préférence, pendant ces quelques jours [...], » lui donnant des conseils pratiques : comment se vêtir, se tenir, préparer de petits papiers pour «improviser» dans les toasts (« Les Suédois ont la manie de se lever, à toute occasion, un verre en main ») et, en point d'orgue, de rédiger un discours bref et important : « Un type comme vous, qui a cette occasion de s'adresser à un public international, se doit, à mon avis, de faire une déclaration importante, substantielle, significative, et qui fasse date » Ce sera le discours de Suède, ou « l'art de vivre par temps de catastrophe ». Camus suivra les conseils de son aîné : " Un sage oriental demandait toujours dans ses prières que la divinité voulût bien lui épargner de vivre une époque intéressante. Comme nous ne sommes pas sages, la divinité ne nous a pas épargnés, et nous vivons une époque intéressante. En tous cas, elle n'admet pas que nous puissions nous désintéresser d'elle (...) Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse." Albert Camus arrive à Stockholm le 9 décembre, il y restera presque dix jours. Le texte des Discours sera imprimé sur le presses de l'Imprimerie Moderne à Montrouge, le 6 février 1958. Il est dédié à Louis Germain, à qui Camus avait écrit dès novembre : "Ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes forces. »
Parfait état et en parfaite pleine reliure Alix.


Lewis CARROLL
Max ERNST

Logique sans peine
Paris, Hermann, 1966. 1 vol. (140 x 185 mm) de 288 p. et [2] f. Broché.
Édition originale de la traduction française.
Elle est donnée par Jean Gattegno et Ernest Coumet.
Illustrations de Max Ernst.
Envoi signé : « À Max-Pol Fouchet, Max Ernst » avec un petit dessin, ainsi qu'un envoi signés des traducteurs, au même.
L'édition rassemble, pour la première fois, les écrits de mathématique et de philosophie de l'auteur d'Alice au pays des merveilles : ils sont traduits The Game of Logic (1887) et de Symbolic Logic (1896). Lewis Carroll fut professeur de mathématiques, mais aussi un passionné logicien.
Le recueil est illustré de 68 illustrations en noir de Max Ersnt, certaines sur double page, tantôt géométriques et abstraites, tantôt figuratives et fantaisistes. Les oeuvres de Carroll ont exercé une fascination permanente sur les surréalistes et les symbolistes français et anglais ; Ernst, en particulier, est revenu à plusieurs reprises à la figure d'Alice comme motif et source d'inspiration, et retravaillera certaines des illustrations de Logique Sans Peine pour sa série de lithographies Wunderhorn, publiée en 1970.
Une suite des illustrations hors texte de Logique sans peine sera publié l'année suivante, dans un tiré à part imprimé à 25 exemplaires.
28718


Jean-Louis BARRAULT
Lettre autographe signée
[Paris], 22 septembre 1968.
2 p. en 1 f. (180 x 120 mm), au stylo noir, signée.
Lettre autographe signée, à l’en-tête du théâtre de l’Odéon dont il vient tout juste d’être révoqué : « Et bien oui, André Malraux me fait une fois de plus confiance, il sait que ce coup-bas qu’il me donne… je ne le rendrai pas mortel ! Quel visionnaire ! Il y a des hommes qui sont les envoyés des Dieux. Ceux-ci connaissent les lois de l’Art : se renouveler sans cesse, se contester soi-même. Connaissez-vous la réplique que le jeune Claudel (il avait 15 ans) écrivit dans son premier drame ? « J’ai fait ce qu’il m’a plus de faire, Et je mourrai par moi ! ». Quel noble orgueil, n’est-ce pas ? Et vous rappelez-vous ces magnifiques cris d’Antigone, la patronne des objecteurs de conscience : « Je sais que je plais à ceux à qui je dois plaire » et « Quand je n’aurai plus plus de force, je m’arrêterai » et enfin « Je suis née pour partager l’amour, non la haine ». Voilà pourquoi, cher Docteur, je reprends avec allégresse mon sac et la route… entraînant une fois de plus ma délicieuse Madeleine qui se souviendra de son « sacripant » de mari (…). »
Jean-Louis Barrault avait reçu, le 2 septembre 1968, une lettre d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles, mettant fin à ses fonctions de directeur du théâtre de France. Malraux lui avait confié la direction du théâtre de l'Odéon en 1959.Ce licenciement, motivé par " diverses déclarations ", apparaît comme une punition : Malraux avait demandé, sitôt les premières tentatives des manifestants de mai d'occuper le théâtre, l'évacuation des lieux par le personnel, y compris la direction. Refus de Jean-Louis Barrault.
Dès le lendemain, le ministère désavouait alors publiquement le directeur du Théâtre de France pour n'avoir pas quitté les lieux comme il lui était demandé et d'avoir fait corps avec les manifestants et d'avoir tenu des " propos qui semblent très éloignés de la mission qui lui était impartie ", allusion à une réponse faite le 17 mai, devant une salle comble, à Daniel Cohn-Bendit qui demandait un théâtre qui soit " un instrument de combat contre la bourgeoisie ". Barrault, mis en cause personnellement, avait dit alors : " Au risque de vous décevoir, je dirai que je suis complètement d'accord avec vous. Barrault n'est plus le directeur de ce théâtre, mais un comédien comme les autres. Barrault est mort !" . Avec trois mois de retard, cette déclaration reçoit sa confirmation officielle...
Malraux précisera, à l'Assemblée nationale, que " le talent de M. Jean-Louis Barrault auquel la plus grande liberté artistique a été accordée depuis la création du Théâtre de France, est hors de cause. Mais il a fait diverses déclarations qui sont manifestement incompatibles avec la qualité de directeur d'un théâtre national". Dans une lettre rendue publique, Jean-Louis Barrault devait par la suite préciser son attitude, et notamment pourquoi il avait refusé, comme le demandait le ministère, de quitter l'Odéon après avoir coupé électricité et téléphone. Barrault estimait que, dans les conditions où il intervenait, le désaveu ministériel lui paraissait plutôt honorable. Et il concluait sa lettre « dans le style à la mode : serviteur, oui ; valet, non (…) J'ai souffert d'un silence officiel qui a duré des semaines et des semaines Le silence-absence est la chose la plus cruelle qui soit. C'est le silence-torture. Je comprends tout, du moins j'essaie, mais ça, je n'y arrive pas ! Mais à quoi sert d'évoquer le passé ? Notre destin, à Madeleine Renaud et à moi, c'est de recommencer notre vie tous les dix ans ». C'est précisément ce que Barrault évoque ici dans sa lettre, avec « l'allégresse » de reprendre son « sac et la route ». Barrault veillera à la suite un nouveau spectacle, «Rabelais» dans la nouvelle salle de « L'Elysée-Montmartre », n'éprouvant « ni rancoeur, ni ressentiment... chérir mes contemporains, voilà mon crédit », expliquera-t-il dans Le Figaro Littéraire de décembre 1968.
28936

René CHAR
Le Chien de coeur
Paris, GLM, (janvier) 1969. 1 vol. (150 x 215 mm) de 25 pp., [2] et 1 ff. Plein veau naturel teinté gris anthracite, estampé d'une eau-forte originale composée à partir d'une lithographie de Joan Miro, dos lisse, tranches dorées sur témoins par Jean-Luc Bongrain, couvertures et dos conservés, gardes de chèvre velours, chemise et étuis bordés, titre à la chinoise sur la chemise, au film crème, par Claude Ribal (reliure signée de Louise Bescond, 2022).
Édition originale.
Un des 95 premiers exemplaires sur vélin d'Arches (n° 65) contenant la lithographie originale en couleurs de Joan Miro, signée.
Envoi signé
 : "Pour Gisèle, hommage d'amitié, Miro, VI/69".
En mai 1968, à l'écart des événements qui secoue la France, René Char fait une crise cardiaque, première d'une longue série d'accidents cardiovasculaires. Il évoque cette "expérience" dans le texte liminaire du Chien du Coeur, qu'il publie un an après "Je crus que la mort venait, mais une mort où, comblé par une compréhension sans exemple, j'aurais encore un pas à faire avant de m'endormir, d'être rendu éparpillé à l'univers pour toujours."
Le recueil, composé pendant l'été aux Busclats alors que le poète reste en grande partie alité, donne à lire six poèmes dont "Les Apparitions dédaignées", qui dénonce les absurdes distorsions de la société moderne et assoit un peu plus le divorce entre l'homme et la nature :
"Les civilisations sont des graisses.
L'Histoire échoue, Dieu faute de Dieu
n'enjambe plus nos murs soupçonneux,
l'homme feule à l'oreille de l'homme,
le Temps se fourvoie, la fission est
en cours. Quoi encore?
La science ne peut fournir à l'homme
dévasté qu'un phare aveugle, une arme
de détresse, des outils sans légende. Au
plus dément : le sifflet des manoeuvres."
Précieux exemplaire de Gisèle Prassinos, avec un grand dessin au crayon gras, en couleurs.
Elle est la jeune soeur du peintre Mario Prassinos et produit, dès quatorze ans, des textes automatiques que son frère, par le biais d'Henri Parisot, montre aux surréalistes. Man Ray la photographie lisant ses poèmes au Café Dynamo, tandis que ses premiers poèmes paraissent en 1934 dans "Minotaure" ; son premier recueil, La Sauterelle arthritique le sera l'année suivante, aux Éditions GLM, avec une note de Paul Éluard et une photographie de Man Ray. Elle est la seule femme retenue par André Breton dans la toute première édition de l'Anthologie de l'Humour noir et garde une position éminente dans l'histoire du surréalisme. Gisèle Prassinos poursuivra par la suite une carrière d'illustratrice, livrant en 1946, La Chasse au snark de Lewis Caroll. A partir de 1967, elle se met à composer, dessin préalable et maquette à l'appui, de véritables tableaux, jusqu'à des installations plastiques dans les années 1970.
Magnifique reliure composée et façonnée par Louise Bescond.
Provenance : Gisèle Prassinos (envoi) ; 'Sous le signe de la Fondation Maeght', (Paris, de Baecque, avril 2015) ; Koller, Zurich, 2020.
26895

[Romain GARY]
François BROCHE

Les Bombardiers France libre : Groupe Lorraine
VENDU
Paris, Les Presses de la cité, (6 juin) 1979
1 vol. (125 x 195 mm) de 256 p. Broché.
Envoi signé : " Pour Romain Gary * Pour qu'il retrouve l'ambiance d'un passé qui ne mourra jamais. En hommage d'admiration."
La dédicace imprimée en tête d'ouvrage est la citation suivante :
"La France est ce qu'il y a de plus beau au monde, disait-elle avec son vieux sourire naïf. C'est pour cela que je veux que tu sois un Français.
Eh bien, ça y est, maintenant, non ?
Elle se taisait. Puis elle soupirait un peu.
Il faudra que tu te battes beaucoup, dit-elle ".
Roman Gary, La Promesse de l'aube
L'ouvrage est achevé d'imprimer le 6 juin 1979, 34 ans an jour pour jour après le débarquement de Normandie. Gary devait s'éteindre, par suicide, 18 moins plus tard, le 2 décembre 1980, juste après la publication de son dernier roman, Les Cerfs-volants, en grande partie consacré au souvenirs de ces années de guerre.
Précieux exemplaire d'une remarquable et émouvante provenance, pour l'ouvrage de référence qui retrace l'histoire du groupe "Lorraine" pendant les années de guerre, de 1940 à 1945, du Moyen orient à l'Afrique du nord et passant par le conflit en Europe. Dès 1940, Romain Gary s'est engagé dans les Forces françaises libres. On l'a expédié en Afrique puis au Levant, où il a attendu en vain des missions de guerre. Puis c'est l'Angleterre où la RAF (Royal Air Force), renforcée par des avions américains et des pilotes du monde entier, mène l'assaut contre le Reich. Gary est alors affecté comme navigateur dans l'escadrille « Lorraine », basée à Hartford, où les Français ont été regroupés.
À l'automne 1942, le groupe Lorraine avait quitté le Proche-Orient pour l'Angleterre en passant par le Cap de Bonne Espérance. Soixante-huit jours en mer. C'est pendant ces deux mois qu'il lie connaissance et affection pour Robert Colnacap, le futur dédicataire in memoriam de L'Éducation européenne (cf. infra et la lettre des parents Colnacap à Gary). Retour à Glasgow, puis Hartfordbridge au sud-est de Londres d'où Gary va participer, à partir de 1943, à de nombreuses missions de bombardement. Affecté à l'État-major après une grave blessure, il ne participe pas aux opérations du 6 juin. Au moment du débarquement, il compte 769 heures de vols (n'incluant pas la période de juillet 1939 à juillet 1940) dont 65 heures de vols de guerre en 26 missions qui lui valent le grade de capitaine. De 1938 à 1945, il aura ainsi passé plus de sept ans sous les drapeaux. La légende n'est pas usurpée. En témoignent ses deux citations :
" Excellent observateur, officier plein d'allant et de courage, a en toutes circonstances vaillamment tenu sa place de navigateur bombardier. [...] Le 25 janvier 1944, alors qu'il conduisait une formation de 6 avions, blessé par la DCA d'un éclat d'obus dans l'abdomen et sachant son pilote également blessé, a néanmoins effectué le bombardement et ramené la formation jusqu'à la sortie du territoire ennemi " , un exploit qui lui vaudra d'être Compagnon de la Libération dont la citation signale " son cran et son courage ".
Un chapitre (p. 170) revient sur la fameuse mission de janvier 1944 et met en scène Romain Gary. En tête du chapitre, le passage est signalé au stylo, à l'encre bleue, probablement par Gary. C'est la seule note que contienne l'ouvrage, dans lequel il est cité à plusieurs reprises.
27480



Patrick MODIANO
Rue des boutiques obscures
Gallimard, (20 juillet) 1978
1 vol. (145 x 205 mm) de 213 et [2] pp. Broché.
Édition originale.
Un des exemplaires du service de presse.
Envoi signé : « Pour Max-Pol Fouchet, cordialement, Patrick Modiano ».
Placé sous la protection de Queneau, il fallut attendre le sixième roman de "l'écrivain [pourtant] le plus doué de sa génération" pour que Modiano se voit décerner le Goncourt, en cette année 1978. Le jury a récompensé - chose rare pour être signalée - là l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain, qui semble alors s'inscrire dans une volonté permanente d'exorcisme ou une tentative toujours insatisfaite de catharsis au cours de cette "période trouble et honteuse" qui obsède tant l'auteur : l'Occupation. Quête d'identité, recherche des origines et interrogation de la mémoire : autant de thèmes qui couronneront Modiano du Nobel de littérature, 36 ans plus tard.
Bel exemplaire.
Peu courant en premier tirage, service de presse et envoi.
28707


Michel TOURNIER
La Goutte d'or
Paris, Gallimard, (16 décembre) 1985.
1 vol. (145 x 215 mm) de 261 pp. et [1] f. Broché.
Édition originale.
Un des 55 vergé blanc de Hollande van Gelder (n° 37).
État de neuf.
21010


Jean ECHENOZ
Un an
​​​​​​​Paris, Éditions de Minuit, (11 février) 1997
1 vol. '140 x 180 mm) de 110 et (2) p. Broché.
Édition originale.
Un des 107 exemplaires sur vergé (n° 26).
Envoi signé : " pour Arlette et Maurice Alteirac, ce contrepoint de " Je m'en vais", avec ma sincère sympathie. Jean Echenoz, 9.XII.99 ".
Un an constitue le pendant et l'amorce de Je m'en vais, qui paraîtra deux ans plus tard et qui sera couronné du prix Goncourt : l'histoire y est sensiblement la même, vécue et racontée par le prisme de Delahaye et d'une conquête de Ferrer, Victoire, qui n'apparaîtra que furtivement dans Je m'en vais. Jean Echenoz travaille ici une fois encore le merveilleux style qui le caractérise, celui décrit par Philippe Djian comme « un travail d'artisan où il faut tripoter les mots. Ce sont des bouts de ficelle. Un écrivain sérieux ne peut pas s'intéresser à autre chose, sinon c'est un historien ou un sociologue, ou un mauvais romancier. Le maître absolu, à ce jeu-là, est Jean Echenoz. C'est le meilleur styliste, aujourd'hui. »
28791




Patrick RAMBAUD
La Bataille
700 €
Paris, Grasset, (août) 1997
1 vol. (130 x 205 mm) de 301 p. et [2] f. Broché.
Édition originale.
Envoi signé : " Pour Maurice et Arlette [Alteirac], en leur souhaitant un bon voyage en 1809. Patrick Rambaud ".
Patrick Rambaud fut, de 2008 jusqu'à cette année, membre de l'Académie Goncourt, dont il vient de démissionner pour raisons de santé. La Bataille fut couronné du prix en 2007, avec - pour la toute première fois - un rare doublé : Grand Prix du roman de l'Académie française puis prix Goncourt ! Seul Jonathan Littell, avec Les Bienveillantes, réussira à nouveau ce doublé, en 2006.
« Là, j'entreprends de vous initier à toutes les horreurs, à toutes les beautés d'un champ de bataille... Des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes ; à la première page, le canon gronde, il se tait à la dernière. » Ainsi Balzac évoque-t-il son projet de consacrer un roman à la bataille d'Essling, qui opposa en 1809, près de Vienne, les Autrichiens à la Grande Armée de Napoléon. Balzac mourut sans nous donner sa Bataille, mais Patrick Rambaud, près de 160 ans plus tard, nous livrera la sienne, immergeant son lecteur au coeur de l'affrontement qui coûta la vie à près de 40 000 hommes, sans oublier les 15 000 mutilés : Essling, c'est trente heures de combat et la première grande hécatombe de la guerre moderne, et le premier vrai revers de Napoléon. Rambaud, comme Balzac, voulait donner à entendre la guerre, dans toute son horreur et aussi, paradoxalement, dans la beauté et le courage des hommes. C'est totalement réussi et assurément l'un des grands romans de 1997.
Vraiment rare en premier tirage et envoi.
L'exemplaire est complet de sa jaquette.
28370

Pour terminer, nous vous souhaitons, à l'instar de Rose Adler à René Char il y a 65 ans, nos vœux affectueux pour cette nouvelle année.


Rose ADLER
Carte de voeux à René Char
400 €
Ravissante carte de vœux réalisée par Rose Adler, sous la forme d'une lithographie imprimée sur chine, à 100 exemplaires.
Elle représente le dessin d'un sapin, décoré d'une étoile et d'un coeur, (épreuve justifiée n° 71/100).
Une petite carte de vœux est jointe, sur laquelle ces mots sont ajoutés : " mes vœux affectueux pour 1957 ", avec son enveloppe, postée à René Char le 31 décembre 1956. Elle est d'abord adressée à L'Isle sur Sorgue, Vaucluse, avant d'être réexpédiée vers l'adresse parisienne de René Char, rue de Chanaleilles.
L'expéditrice a inscrit à la plume, au verso, son adresse : "Rose Adler, 15 Quai de Bourbon, Paris IVe",
C'est par l'intermédiaire de Pierre-André Benoit (PAB) que Rose Adler fit la connaissance de René Char, en 1951. Une riche et intense amitié les unira, et une magnifique correspondance subsiste entre les deux; dans laquelle Rose Adler ne cesse de lui exprimer son admiration, et sa reconnaissance pour ses poèmes qui l'aide à vivre et à sortir de ces moments cafardeux. Dès juin 52, elle l'informe qu'elle a déjà relié trois de ses livres, pour la bibliothèque Rodocanachi et qu'elle a été " très frappée par la lecture des Feuillets d'Hypnos " dont elle vient de terminer la reliure. Elle souhaite en relier un autre exemplaire pour la bibliothèque Jacques Doucet. Char lui enverra dès lors, et régulièrement, ses poèmes dédicacés édités par Guy Levis Mano (GLM) ou PAB. En 1954, Char lui fait faire la connaissance de Jean Hugues; dont l'amitié lui deviendra précieuse.
26119

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