Paris, Nouvelle librairie A. Soirat, 1886
1 vol. (125 x 190 mm) de 430 p. et 1 f. Broché, sous chemise et étui.
Édition originale sans grand papier, la 1ère mise dans le commerce (le 15 janvier 1887). 
L’édition à l’adresse de Stock, achevée d’imprimé la première, sera sèchement désavouée par Bloy et ne sera commercialisée qu’en 1893. 
L’édition Soirat, la seule reconnue par l’auteur, fut la première mise en vente.
La couverture porte la date de 1887, le titre étant daté, comme il faut, de 1886.
Montés en tête :
- lettre autographe signée par Darzens datée du 17 avril 1890 ;
- 1 feuillet manuscrit intitulé "clef du Désespéré".
Rare exemplaire avant les corrections, comportant le passage litigieux du directeur du Figaro, censuré dans l'édition Stock qui suivra.
Ce précieux exemplaire contient la "clé" du Désespéré, écrite, revue et complétée (à l'encre mauve et au crayon) par une main anonyme, mais avertie : elle mentionne les noms réels des célébrités du monde des lettres et de la presse camouflées dans le texte par des pseudonymes. Aux cotés de Marchenoir | Bloy, et deux deux intimes, Anne-Marie Roulé (pour Véronique Claminot) et Georges Landry (pour Georges Leverdier), et "pas Louis de Montchal". Nous trouvons : 
"Le Révélateur du globe", (pour "Vie de Ste Radegonde"), 
"Procès d'un entrepreneur" (pour "Les Impuissants"),
"Le Figaro" (pour "Le Basile", remplacé en 1913 par "Le Pilate"),
"Le Pal" (pour "Le Carcan"), 
Paul Bourget (pour Alexis Dulaurier),
Dr. Albert Robin (pour le Dr. Chérubin des Bois),
Arthur Meyer (pour Judas Nahtan),
Catulle Mendès (pour Properce Beauvivier), 

Fancis Magnard (pour Magnus Conrart), 
Alphonse Daudet (pour Gaston Chaudesaigues), 
Léon Cladel (pour Léonidas Rieupeyroux),
Paul Arène (pour le vomitif Denisme), 
 Jean Richepin (pour Lécuyer), 
Armand Sylvestre (pour Andoch Sylvain), 
Guy de Maupassant (pour Vaudoré), 
Henri Fouquier (pour le vicomte Nestor de Tinville), 
Albert Delpit (pour Octave Loriot), 
Aurélien Scholl (pour Valérien Denizot), 
Auguste Vitu (pour Adolphe Busar), 
Philippe Gille (pour Germain Gâteau), 
Paul Bonnetain (pour Hilaire Dupoignet),
Edmond Deschaumes (pour Jules Dutron),
Edmond Deschaumes (pour Jules Dutrou), 
Elémir Bouge (pour Chlodomir Desneux), 
Félicien Champsaur (pour Félix Champignolle), 
Mermeix (pour Hippolyte Maubec), 
et Villiers de l'Isle-Adam (pour "l'un des plus rares écrivains de la langue française, p.31")
Soit la clé la plus complète parmi les quelques autres exemplaires que nous ayons pu consulter, soit par des notes dans le volume, soit, comme ici, sur feuillet séparé
Cette rare édition du Désespéré connut bien des péripéties : ce premier roman de Léon Bloy, largement autobiographique, transpose dans la fiction le drame vécu entre l'écrivain et Anne-Marie Roulé, une relation qui s'enfonce lentement dans le mysticisme. 
L'édition en avait été confiée à la maison Tresse et Stock mais, au fur et à mesure que Bloy fournissait ses feuillets à l'imprimeur Darantière, Stock y découvrit un violent passage à l'encontre de Francis Magnard, directeur du Figaro. Pour l'éditeur, il était hors de question de publier une telle charge. Refus évidemment total de Bloy, alors que les ouvrages n'attendaient plus que le brochage. Tous les exemplaires imprimés furent donc remisés et Bloy, qui tenait à la parution de son livre, se mit en rapport avec l'éditeur Soirat, qui fit à nouveau imprimer Le Désespéré. 
Fort de l'accalmie, Stock se décida - sept ans plus tard ! - à mettre en vente son édition princeps, amendée du passage contre Francis Magnard conformément à l'édition Soirat en faisant cartonner le cahier qui le contenait. Ils furent diffuser sous une nouvelle couverture, au printemps 1893. Ce que Bloy n'apprécia guère ; il ne considéra toujours que l'édition Soirat comme la seule et unique, en témoigne cette note autographe portée dans  l'exemplaire offert à Paul Fermiot : " Ceci est un des derniers exemplaires de l'édition Soirat, la seule autorisée par l'auteur & qui devient rarissime. La prétendue édition Tresse & Stock, très défectueuse, a été odieusement carottée. Octobre 1900. L.B.".  (in Eric Grangeon, Catalogue n° 7, n°1).
Une lettre à Rodolphe Darzens est montée en tête du volume (datée du 17 avril 1890 (1 p. in-12° sur feuille quadrillée) : Bloy interpelle le rédacteur en chef de "La Revue d'aujourd'hui", à propos d'un texte qu'il prie de faire passer sans coupures ; il s'agit de son article intitulé Le Cabanon de Prométhée, consacré à Lautréamont et ses Chants de Maldoror : "j'ai tout lieu de supposer que vous n'appartenez pas au délicieux escadron de mes bons ennemis de le presse qui m'exècrent & me nuisent (...) D'ailleurs, je suis très poli, très aimable. Je me mets tout nu. C'est un peu long - 400 lignes - mais c'est une curiosité, une chose tout à fait extraordinaire (...) ". 
Bloy avait d'abord proposé ce texte comme préface à la nouvelle édition de Maldoror que l'éditeur Léon Genonceaux s'apprêtait à publier mais, devant le refus absolu de ce dernier (notamment à cause de la très mauvaise réputation de l'auteur du Désespéré), Bloy mena campagne auprès de Darzens afin que son texte soit publié au plus vite dans La Revue d'aujourd'hui afin de couper l'herbe sous le pied de Genonceaux. L'affaire sera retardée de mois en mois par Darzens qui freinait des quatre fers, mais la publication du Cabanon de Prométhée se fit finalement : non dans La Revue d'aujourd'hui, mais dans La Plume du 1er septembre 1890, à peine quelques semaines avant la mise en librairie de l'édition Genonceaux des Chants de Maldoror.
Très intéressant exemplaire, dans une rare condition brochée, telle que parue. 
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