Albert COHEN
Lettre autographe signée
Saint-Jean d'Aulps, s.d. [circa 1937].
Saint-Jean d'Aulps, s.d. [circa 1937].
2 p. et 2 f. Sous étui et emboîtage.
En 1922, à la réception d’un texte, la NRF en la personne de Jacques Rivière propose à Cohen un contrat pour cinq livres à venir… et l’aide à trouver un poste au sein de la Division diplomatique du Bureau International du Travail. Ils le soutiennent également dans le lancement, début 1925, de sa Revue Juive qui ne vivra que six numéros.
En 1930, Cohen obtient un congé "pour raisons littéraires" au BIT ; c’est aussi le début du succès de Solal, et Cohen navigue alors entre son appartement de Neuilly-sur-Seine, puis de celui de la rue du Cherche-midi, et Genève.
Mais le vrai refuge, c'est à Saint-Jean d’Aulps en Haute-Savoie, au pied du Roc d'enfer. C'est là qu'il entame le manuscrit de Belle du seigneur, au hameau du Pro d'Aulph, un des "hauts lieux de la mythologie cohénienne" (Valbert, Albert Cohen, le seigneur, p. 43). C'est là qu'il écrit ses lignes, construit son plan, puis qu'il dicte ses phrases à Anne-Marie Boissonas, entre 1935 et 1939. Entretemps, il y aura également écrit Mangeclous, publié en 1938.
En 1930, Cohen obtient un congé "pour raisons littéraires" au BIT ; c’est aussi le début du succès de Solal, et Cohen navigue alors entre son appartement de Neuilly-sur-Seine, puis de celui de la rue du Cherche-midi, et Genève.
Mais le vrai refuge, c'est à Saint-Jean d’Aulps en Haute-Savoie, au pied du Roc d'enfer. C'est là qu'il entame le manuscrit de Belle du seigneur, au hameau du Pro d'Aulph, un des "hauts lieux de la mythologie cohénienne" (Valbert, Albert Cohen, le seigneur, p. 43). C'est là qu'il écrit ses lignes, construit son plan, puis qu'il dicte ses phrases à Anne-Marie Boissonas, entre 1935 et 1939. Entretemps, il y aura également écrit Mangeclous, publié en 1938.
Magnifique lettre, redonnant force et courage à Albert Cohen
"Saint Jean d'Aulp,
Haute Savoie
Haute Savoie
Madame,
(…) Avant-hier je vous ai écrit immédiatement après avoir terminé un passage de Belle du Seigneur que j'ai aimé.
Et j'étais heureux. La joie incite à la confiance et à l'enthousiasme. Il est difficile de toujours se tenir sur la réserve (…).
Je crois que si j'ai repris le goût du travail c'est un peu à votre lettre que je le dois. Elle a été un sourire et un encouragement rencontrés sur une route difficile et longue. Souvent je pense que rien ne sert à rien et que quoi qu'on fasse et dise les hommes resteront ce qu'ils sont. Et que, entre autres, ils continueront à haïr stupidement ma belle et malheureuse race. C'est dans une période de sécheresse que votre lettre m'est parvenue. Et aussitôt j'ai eu envie de me remettre au travail. J'ai reçu d'autres lettres que la vôtre, touchantes, aussi pleines de sympathie. Elles n'ont pourtant pas fait jaillir la source. C'est que votre lettre contenait sans doute les mots qu'il fallait. Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que depuis que j'ai reçu votre message le désir du travail est revenu (…). Si ma lettre vous a étonnée, détruisez-la et considérez-la comme non avenue. Mais faites bon accueil, Madame, aux sentiments de respectueuse sympathie que je vous adresse (…)"
Et j'étais heureux. La joie incite à la confiance et à l'enthousiasme. Il est difficile de toujours se tenir sur la réserve (…).
Je crois que si j'ai repris le goût du travail c'est un peu à votre lettre que je le dois. Elle a été un sourire et un encouragement rencontrés sur une route difficile et longue. Souvent je pense que rien ne sert à rien et que quoi qu'on fasse et dise les hommes resteront ce qu'ils sont. Et que, entre autres, ils continueront à haïr stupidement ma belle et malheureuse race. C'est dans une période de sécheresse que votre lettre m'est parvenue. Et aussitôt j'ai eu envie de me remettre au travail. J'ai reçu d'autres lettres que la vôtre, touchantes, aussi pleines de sympathie. Elles n'ont pourtant pas fait jaillir la source. C'est que votre lettre contenait sans doute les mots qu'il fallait. Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que depuis que j'ai reçu votre message le désir du travail est revenu (…). Si ma lettre vous a étonnée, détruisez-la et considérez-la comme non avenue. Mais faites bon accueil, Madame, aux sentiments de respectueuse sympathie que je vous adresse (…)"
© librairie Walden, 2021
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