Paris, Gallimard, (6 février) 1958
1 vol. (120 x 190 mm) de 69 p. et [3] f. Maroquin noir, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée d'Alix).
1 vol. (120 x 190 mm) de 69 p. et [3] f. Maroquin noir, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée d'Alix).
Édition originale.
Un des 56 exemplaires sur vélin de Hollande Van Gelder (n° 20).
Un des 56 exemplaires sur vélin de Hollande Van Gelder (n° 20).
Montés en tête :
* lettre autographe signée du 4 novembre 1957 [le prix Nobel lui a été attribué le 16 octobre], à Pierre Béarn : "c’est la fidélité de quelques-uns qui compte pour moi, aux heures de doute. Pour le reste, on ne peut être aimé de tout le monde. […] A mon retour d’Algérie (je pars samedi), j’aimerais vous faire une petite visite".
* photographie de Camus (contretype), félicité par le roi de Suède Gustav VI Adolph, au dîner du gala du 10 décembre 1957 à Stockholm ;
* lettre autographe signée du 4 novembre 1957 [le prix Nobel lui a été attribué le 16 octobre], à Pierre Béarn : "c’est la fidélité de quelques-uns qui compte pour moi, aux heures de doute. Pour le reste, on ne peut être aimé de tout le monde. […] A mon retour d’Algérie (je pars samedi), j’aimerais vous faire une petite visite".
* photographie de Camus (contretype), félicité par le roi de Suède Gustav VI Adolph, au dîner du gala du 10 décembre 1957 à Stockholm ;
Les discours furent rédigés avec quelques conseils de Martin du Gard, pour qui Camus avait accepté de préfacer ses oeuvres complètes dans La Pléiade l'année précédente.
Martin du Gard recommande à son cadet d'y aller avec modestie : « Abdiquez toute volonté, toute préférence, pendant ces quelques jours [...], » lui donnant des conseils pratiques : comment se vêtir, se tenir, préparer de petits papiers pour «improviser» dans les toasts (« Les Suédois ont la manie de se lever, à toute occasion, un verre en main ») et, en point d'orgue, de rédiger un discours bref et important : « Un type comme vous, qui a cette occasion de s'adresser à un public international, se doit, à mon avis, de faire une déclaration importante, substantielle, significative, et qui fasse date » Ce sera le discours de Suède, ou « l'art de vivre par temps de catastrophe ». Camus suivra les conseils de son aîné : " Un sage oriental demandait toujours dans ses prières que la divinité voulût bien lui épargner de vivre une époque intéressante. Comme nous ne sommes pas sages, la divinité ne nous a pas épargnés, et nous vivons une époque intéressante. En tous cas, elle n'admet pas que nous puissions nous désintéresser d'elle (...) Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse."
" Ecrasé par ce prix alors qu'il sait son "oeuvre en chantier" [...] Jean Daniel tire la leçon " Ah ! Ce Nobel ! Bien sûr il lui a donné la possibilité d'acheter la proprieté de Lourmarin, de mieux assurer la sécurité des siens et d'avoir la conscience plus légère lors d'une croisière en Grèce. Mais lorsqu'il s'est abattu sur lui, tout le monde a pensé, nous avons tous pensé, que c'était bien trop tôt [...] Et puis, trois ans après, la mort est venue signifier que cela avait failli être presque trop tard, bref que la la consécration était intégrée dans ce parcours d'exception" (in Dictionnaire Camus, article Nobel, pp. 613 et sq.).
Albert Camus arrive à Stockholm le 9 décembre, où il reste presque dix jours. Il regagne Paris quelques jours avant Noël et fais parvenir les dactylogrammes à Gallimard à cette période, qui s'empresse de mettre à la composition le texte. Le premier jeu de placards sort, en trois exemplaires, le 9 janvier 1958. Un est destiné aux archives, un autre à Claude Dournon, correcteur chez Gallimard, le troisième pour Albert Camus, qui y porte ses corrections. Dans l'intervalle, et afin de profiter de l'effet Nobel, les éditions Gallimard vont convaincre Albert Camus d'accepter la réédition de L'Envers et l'endroit, augmentée de la préface - confidentielle - donnée pour l'édition Pauvert de 1954, imprimée à 100 exemplaires. Cette préface donne un écho particulier aux deux discours de Suède et forme avec eux un ensemble cohérent et passionnant sur la pensée critique de Camus après l'Homme révolté. Le texte sera imprimé sur le presses de l'Imprimerie Moderne à Montrouge, le 6 février 1958. Il est dédié à Louis Germain, à qui Camus avait écrit dès novembre : "Ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes forces. »
Ce sera le texte original publié aux éditions Gallimard. Camus, pendant l'année 1958 et 1959, ne travaillera qu'à l'adaptation des Possédés, d'après l'oeuvre de Dostoievski, et à la publication du troisième volume d'Actuelles.
Parfait état et très bien relié par Alix.
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